mercredi 30 mai 2012

Christine Lagarde ne paie pas d'impôts sur ses généreux revenus du FMI


Voilà une information qui devrait alimenter encore la polémique sur les récents propos de Christine Lagarde. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui a exhorté les Grecs à s'acquitter de leurs impôts, ne paie, elle, aucune taxe sur sa rémunération.

Pour rappel, l'ancienne ministre de l'économie touche un salaire annuel de 467.400 dollars (environ 373.000 euros), plus une prime de 83.760 dollars (67.000 euros). De quoi lui permettre de "maintenir un niveau de vie compatible avec sa fonction", avait précisé le FMI lors de sa prise de fonctions.

Or, ces montants sont nets d'impôts, grâce au statut de fonctionnaire international, qui est soumis à un régime fiscal spécifique, dont les principes sont énoncés dans la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 . Celle-ci précise que "l'agent diplomatique est exempt de tous impôts et taxes, personnels ou réels, nationaux, régionaux ou communaux".

Il existe tout de même quelques exceptions à cette règle. Christine Lagarde doit notamment régler les taxes sur "les biens immeubles privés situés sur le territoire de l’État accréditaire". Elle pourrait aussi avoir à payer des impôts en France sur ses revenus fonciers, sur d'éventuels dividendes ou droits d'auteurs, selon un avocat fiscaliste interrogé par le site toutsurlesimpots.com .

mercredi 23 mai 2012

Nouvelle manifestation monstre à Montréal


Nouvelle manifestation monstre à Montréal










Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue au centième 
jour du conflit entre les étudiants et le gouvernement autour des droits de scolarité. 
La police a dispersé certains manifestants à coup de matraques après des jets de 
projectiles.
Le mouvement de protestation prend une tournure plus violente et plus politique 
depuis le vote, vendredi par le gouvernement, d'une "loi spéciale". Retour sur le 
conflit étudiant le plus long de l'histoire du Canada.

mardi 22 mai 2012

Mieux négocier : utiliser l’écoute active pour arriver à ses fins

Lorsqu'on veut faire passer un message, il faut d'abord comprendre ce que nous dit réellement notre interlocuteur. Une attitude qui exige un certain savoir-faire.

Entendre ne nécessite aucun effort d'attention particulier : c'est simplement le sens de l'audition qui fonctionne. «Ecouter, en revanche, est un acte volontaire. Vous décidez de vous concentrer pour mieux connaître votre interlocuteur et vous assurer que vous comprenez bien le message qu'il vous transmet», explique Patrick David, consultant et auteur de «La Négociation commerciale en pratique» (Editions d'Organisation). Cette attitude, appelée écoute «active», s'applique évidemment quel que soit l'objectif à atteindre : vendre un produit, désamorcer un conflit au sein d'une équipe, obtenir le soutien d'un patron pour un projet…
Lors d'un entretien de recrutement, par exemple, cet état d'esprit permet de mieux cerner la personnalité d'un candidat ou, à l'inverse, de bien comprendre les attentes d'un employeur. Autre cas de figure, dans le cadre de la négociation commerciale, il est essentiel d'être sur la même longueur d'ondes qu'un client pour identifier clairement ses besoins. Une étape indispensable si l'on veut lui proposer la solution qui lui convient… et donc réussir à faire affaire avec lui. Plusieurs techniques de communication améliorent notre capacité d'écoute et facilitent le dialogue.
Reformulez habilement pour éviter les interprétations abusives
«Certaines personnes pensent que l'écoute active signifie se mettre à la place de l'autre et être forcément d'accord avec lui», commente Patrick David. Il n'en est rien : il s'agit en réalité de comprendre les arguments avancés par l'interlocuteur et de montrer qu'on a bien compris ce qu'il a voulu dire. L'une des grandes techniques permettant d'obtenir ce résultat consiste à reformuler, c'est-à-dire à exprimer avec vos propres mots ce que vous avez perçu du message. D'ailleurs, il est nécessaire de commencer le dialogue par des expressions du type : «Si je vous suis bien, vous voulez dire que…», «Si je vous résume…», «Si je vous ai bien compris…»
La reformulation permet donc de clarifier l'échange et d'éviter les erreurs d'interprétation. Imaginons que, lors de la présentation d'une nouvelle offre de service, un client vous dise avoir bien pris connaissance de votre proposition mais qu'il ne sera susceptible de l'accepter que si vous l'«optimisez». Que devez-vous comprendre ? Qu'il faut ajouter des services ou au contraire réduire le prix ? Il est dans ce cas nécessaire de demander des précisions afin de savoir exactement ce que votre interlocuteur souhaite.
«Une reformulation réussie exclut tout conseil, tout jugement et toute inférence de votre part, c'est-à-dire que vous ne devez rien déduire, a priori, de ce que la personne est en train de vous dire», avertit Emilie Devienne, coach et auteur de «Savoir écouter» (Eyrolles). Lors de l'entretien annuel d'évaluation, si un collaborateur vous confie : «La prochaine restructuration des services m'inquiète», ne reformulez pas en disant : «Ah bon ? Qu'est-ce qui te fait peur ?» D'une part, le «Ah bon ?» marque un étonnement qui peut être perçu comme une critique. D'autre part, le mot «peur» est d'une intensité supérieure à l'inquiétude exprimée à l'origine. Vous pouvez en revanche répondre : «Si je te comprends bien, tu éprouves une certaine appréhension due à cette restructuration ?» L'échange pourra alors se poursuivre, enrichi d'autres explications qui vous permettront de comprendre ce qui soucie effectivement la personne…
Observez l'attitude corporelle afin d'affiner votre compréhension
La communication verbale n'est pas le seul moyen de comprendre ce que dit quelqu'un : il est également indispensable de tenir compte du langage non verbal. «Les postures, les mimiques, les regards… constituent autant d'indicateurs sur ce que pense et ressent véritablement votre interlocuteur, explique Louis Bernard, fondateur du cabinet Layer Cake. Le langage corporel exprime tout ce qui est non dit : quelqu'un peut affirmer quelque chose et son corps dire le contraire.» Il est donc nécessaire d'apprendre à décoder les attitudes de vos interlocuteurs. Pour vous entraîner, Didier Kahn, créateur du cabinet de conseil en management DK Consulting, recommande cet exercice : «Lors d'un débat télévisé, supprimez le son pour vous concentrer sur les postures, la gestuelle, le visage des personnes qui dialoguent, et essayez de deviner la teneur des échanges et les avis de chacun.»
Soyez aussi attentif à ce que vous-même exprimez avec votre corps. «En général, les bras croisés, le visage fermé ou impassible, le regard distrait, traduisent un manque de réceptivité, précise Didier Kahn. Privilégiez les hochements de tête, les murmures d'assentiment : ils assurent de votre écoute et de votre compréhension.» Enfin, la prise de notes, à condition de ne pas rester le nez plongé dans son bloc, constitue un moyen de montrer que vous prenez en considération ce que l'on vous dit. Autre avantage : elle permet de rester concentré pendant toute la durée de l'échange. «L'écoute active suppose une attention constante, insiste Louis Bernard. Ce qui implique d'oublier ses soucis, de ne pas penser à la réunion à laquelle on doit assister après, ni d'anticiper la réponse alors que l'autre parle.»
Sachez utiliser les temps de silence pour renforcer votre propos
Dans un échange, les non-dits se révèlent souvent aussi importants que ce qui est exprimé verbalement, d'où l'attention à accorder aux silences. «En communication, ces temps morts sont peu appréciés parce qu'ils peuvent trahir une gêne et entraîner un moment d'inconfort», constate Patrick David. Or, si vous l'utilisez à bon escient, le silence peut devenir un atout dans votre stratégie de communication. Il s'agit de marquer une pause, de laisser dire plutôt que dire. Un temps de silence qui fait suite à un argument majeur renforce l'impact de ce dernier. Laisser s'écouler une fraction de seconde avant de poursuivre son discours crée aussi un effet de suspense et attire l'attention. Les commerciaux usent souvent de cette technique lorsqu'ils sont sur le point d'annoncer un rabais supplémentaire : ils soulignent ainsi leur effort et créent l'attente chez l'acheteur. Il peut aussi arriver que le silence vous desserve quand vous restez sans voix face à une remarque déstabilisante. L'astuce consiste à gagner du temps en répliquant : «J'entends votre observation, mais pouvez-vous m'en dire plus ?»
Posez les questions qui permettent de faire avancer l'échange
L'écoute active passe par un questionnement pertinent. «Le type de questions va dépendre de votre intention : encourager l'autre à développer son propos, obtenir une précision, relancer le débat…», précise Emilie Devienne. Pour faciliter le dialogue, privilégiez les questions ouvertes : «Pouvez-vous m'en dire plus… ? «Quel objectif souhaitez-vous atteindre avec ce projet ?» Vous invitez ainsi votre interlocuteur à développer ses arguments. «Attention, toutefois, à ne pas refermer trop rapidement la question ou à induire la réponse», prévient Patrick David. C'est par exemple le cas si vous demandez à un client : «Comment procédez-vous pour vos achats et votre approvisionnement ? Effectuez-vous des appels d'offres ?» Vous empêchez alors votre interlocuteur de développer ses propres idées.
Les questions fermées, quant à elles, attendent un simple «oui» ou «non». Vous pouvez notamment y recourir pour contenir le flux de paroles d'une personne loquace. Dans un débat, les questions dites «miroir», qui reprennent le dernier mot d'un participant suivi d'un «Est-ce aussi votre avis ?», relancent l'échange d'idées et permettent de rebondir sur un propos. «Enfin, les questions orientées comme "Ne pensez-vous pas que le chantier est déjà sur la bonne voie ?" influencent la réponse de l'interlocuteur», explique la coach Emilie Devienne. Un bon moyen de conclure en obtenant l'adhésion.
Céline Deval

lundi 21 mai 2012

La « faute à la crise »


Tu l'as voulu, George Dandin : c'est un économiste, Christian Arnsberger, qui le dit (Libération 19-03-2012 p. 24) . « L'actuelle architecture monétaire et financière […] est en tout point responsable de la crise qui nous frappe » et il précise que « les excès de l'obligation de croissance », inscrits dans cette organisation ont suscité de tels effondrements que la seule issue pour faire revenir la croissance paraît consister en une « brutale décroissance maquillée en cure d'austérité ».
On voit bien que le remède, s'il ne tue pas le malade, s'efforce de réitérer ce qui, justement, a fini par provoquer la dénommée « crise ». Or, cet économiste, bienheureusement critique, pense que la crise financière présente masque la vraie crise, qui serait en vérité une « crise du sens », dont « souffrirait depuis longtemps notre système économique ».
Il y aurait donc « crise » et « crise », et celle que tous évoquent ne serait pas celle qu'on croit. Il n'est dès lors peut-être pas inutile de rappeler de quoi on parle quand on parle de « crise » et comment on en parle.


Le terme de crise est censé détenir une aveuglante évidence, alors que, loin de désigner une notion simple, il ne cesse de faire jouer, dans ses usages récents, une analogie médicale. De même que, par exemple, la crise d'asthme requiert une urgente intervention, puis ensuite surveillance et traitement dit « de fond », de même ladite « crise financière » appelle deux types de remède : une mise à disposition immédiate de liquidités pour que soit honoré l'échéancier du remboursement des emprunts, puis le long terme de l' « austérité » exigée par les prêteurs. Au traitement de fond des médecins fait écho la prise en compte par les politiques des défaillances dites « systémiques ».
L'analogie du remède à la maladie se trouve confortée et relayée par une autre qui, cette fois, emprunte à la vie spirituelle : « la » crise dont les politiques parlent avec le souci « responsable » de s'y attaquer, évoque une crise spirituelle, comme on parle par exemple d'une crise de la foi, et cette crise que la cure d'austérité doit surmonter permettra aussi, et par là même, une régénération générale.
Voilà donc ressuscité le parallélisme de la médecine avec la politique : économie et finance auraient plongé les sociétés dans la crise-de-la-dette ; la politique, quant à elle, serait chargée du remède.
Si l'analogie médicale joue pleinement dans les usages récents du terme de crise, ne faut-il pas souligner combien la représentation implicite de l'art médical qui y œuvre en sous- main relève d'un objectivisme fort rudimentaire ?

En effet, si on raisonne comme si l' « architecture économique et financière » relevait d'un état de fait quasi naturel, n'est- ce pas parce qu'on imagine que l'organisme, sa complexion, sa situation seraient à envisager comme autant de données de fait ? De même que la médecine chercherait à modifier un « état de choses » connaissable scientifiquement - de même la politique de son côté, tenterait de porter secours à un « effondrement », une « épidémie », un « choc » économico-financier présent, connaissable objectivement. Or, en quoi consiste, croit-on, l'objectivité ? en la capacité d'évaluation chiffrée ! Il serait admirablement sérieux de produire statistiques, courbes et graphiques divers, en s'abstenant le plus souvent,de préciser en vue de quoi, par quelle méthode et quels présupposés de cette méthode, par quel calcul d'erreurs enfin, tout cela est établi.
En d'autres termes, ne peut-on déceler dans la présente litanie de la « crise » un tour de prestidigitateur qui entrecroise plusieurs types de croyances ?

Au premier rang semble-t-il, se trouve la croyance que « la » dette, brusquement, serait devenue une plaie brûlante.
Faut-il rappeler que Kant par exemple, évoque l'endettement sans fin des Etats, non au juste pour s'en effrayer, mais parce que cet endettement est dû aux dépenses militaires, lesquelles se font au détriment de ce qu'il conviendrait de consacrer à l'instruction et à la lente formation des populations ?
Faut-il souligner que le montant de l'endettement est régulièrement jeté à la tête comme un absolu, sans que soient évoquées, en regard, les richesses publiques disponibles, ni celles qu'on peut raisonnablement prévoir ?
« La » dette s'offrirait ainsi à notre entendement avec l'évidence du Mont Blanc à Monsieur Perrichon. N'a-t-on pas entendu, récemment, un responsable de l'administration scolaire renvoyer chez eux les parents d'enfants d'une école maternelle, vouée à la fermeture, en leur disant que leurs enfants devaient bien commencer à payer la dette ? Qu'une telle extravagance soit proférée par immoralité ou par sotte conviction, les deux cas supposent installée l'évidence qu'il y a une dette terrible, de sorte qu'il incomberait à chacun de « faire des sacrifices », comme on dit.

Outre que « la » dette serait une donnée de fait, à saisir sur le mode du « il y a », joue encore, nous l'avons suggéré, la croyance que les évaluations chiffrées de celle-ci, seraient, à elles seules, parole d'Evangile. En ce point, il suffit de rappeler les mises en garde de Bachelard,  autant que les analyses de Husserl. Le naturalisme objectiviste que Husserl dénonce, par exemple dans la Conférence de 1935, n'est-il pas toujours de nouveau le terreau dont se nourrit l'illusion que la configuration économique et financière constitue un donné de fait, sans résulter de décisions et de pratiques multiples ? A ce titre serait profondément fautive la philosophie spontanée de la majorité d'entre nous, comme celle de la majorité des économistes qui exposent publiquement leur diagnostic, soit qu'ils croient au caractère scientifique de leur objectivisme, soit que, n'y croyant pas, ils imaginent que la popularisation d'une connaissance exige qu'elle soit défigurée dans le sens des préjugés qu'on suppose être ceux de la plupart des contemporains.

Enfin, la prétendue scission entre économie et finance d'un côté, politique de l'autre, revient vraiment à faire prendre les vessies pour des lanternes. Car enfin, la spéculation financière « mondialisée », et ce qu'on baptise si exquisement « économie virtuelle », ne furent-elles pas autorisées, encouragées et choyées par des politiques délibérées, et fières d'entrer ainsi dans la pleine modernité ? Inversement, « le » marché global, et les politiques bancaires ne pèsent-ils pas sur les politiques nationales et les relations de compétition générale qu'ils entretiennent ? Si le terme d'économie politique a disparu des vocables publics, c'est que cette éclipse permet de faire avaler la conviction qu'à l'économie et la finance toutes puissantes ferait face l'impuissance de la politique, comme si les politiques n'étaient pas nommément les architectes de l' « architecture économique et financière » évoquée par l'économiste « critique » cité ci-dessus, et comme si, inversement, entrepreneurs et banquiers en tout genre ne pesaient pas sur les orientations et décisions politiques .

Tu l'as voulu, George Dandin ! la situation que tu as lentement façonnée, tu l'appelles à tout bout de champ une « crise » pour faire peur et insuffler à ceux que tu baptises « chacun » la croyance coupable qu'il devra désormais « payer ». Les dirigeants politiques revêtent la sévérité de la fourmi, pour nous enjoindre de « danser » sans vivres, maintenant que la bise est venue…

Retour sur l’élection présidentielle et enseignements pour l’avenir

Par Évariste


Pour la deuxième fois de la Ve République, un socialiste est élu président. Mais avec un total des voix de gauche de 43,76 %, alors qu'en 1988 cette même gauche faisait 49,12 %. L'écart n'est pas anodin.
L'abstention au premier tour est de 20,5 % alors qu'elle a été de 15,8 % en 1974, 18,9 % en 1981 et 18,6 % en 1988. De ce point de vue encore, l'écart n'est pas anodin. Pire encore, ce pourcentage monte à plus de 30 % dans la classe des employés et des ouvriers.
La classe des ouvriers et employés est totalement dispersée sur l'échiquier politique. Le premier contingent se réfugie dans l'abstention (plus de 30 %), le second vote extrême droite (moins de 30 %).

Géosociologie des territoires et sociologie du vote

Parce que les partis de gauche n'ont pas pris la mesure de la nouvelle géosociologie des territoires qui voit la classe des ouvriers et des employés en forte augmentation dans les zones rurales et périurbaines, en faible diminution dans les banlieues et en forte diminution dans les villes centres, le FN a surtout progressé dans les zones rurales et périurbaines. La faiblesse du discours républicain laïque et social de la gauche en général en est la cause. Pourtant, la lutte contre la fermeture des hôpitaux et maternités de proximité et des bureaux de poste a montré la voie. Il convient pour la gauche et particulièrement le Front de gauche d'être le fer de lance de la lutte contre la désertification en matière de services publics dans les zones rurales et périurbaines.
Le vote en faveur du FN est un vote de classe (d'un point de vue sociologique) sans conscience de classe. Ce sont les prolétaires les plus atomisés et les plus isolés (y compris d'un point de vue géographique en zones périurbaines et rurales) qui ont voté massivement pour Le Pen. On peut faire un parallèle entre l'analyse que faisait Marx de la classe paysanne et cette partie du prolétariat. Marx, dans Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, décrivait les paysans comme « une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés », incapable d'agir collectivement comme une classe consciente de ses intérêts, donc impuissante et réduite à s'en remettre à un homme providentiel. C'est un peu l'état dans lequel se trouvent ces prolétaires, isolés face à leur patron, pris à la gorge par des crédits, relégués loin des centre villes, et dont l'abrutissement télévisuel fait souvent office de seul lien social avec l'extérieur.
Pour qui votent les sympathisants des syndicats ? Malgré une percée chez les salariés proches des syndicats, le FN séduit essentiellement des travailleurs hostiles ou indifférents aux syndicats. Le FN fait 12 % auprès des sympathisants des syndicats : 9 % parmi les proches de la CGT, mais 25 % parmi les proches de FO (qui regroupe essentiellement des ouvriers et employés, notamment des fonctionnaires de catégorie C).
Ce sont Hollande et Mélenchon qui font les meilleurs scores chez les travailleurs proches des syndicats : 43 % pour Hollande et 19 % pour Mélenchon. Sans surprise, Mélenchon fait ses meilleurs score chez les sympathisants de la CGT (39 %), de Solidaires (39 %) – où il fait presque jeu égal avec Hollande – et de la FSU (31 %), alors que Hollande fait ses meilleurs scores chez les sympathisants de la CFDT (56 %) et de l'UNSA (49 %).
Il est difficile de tirer des conclusions sur le vote Poutou, compte tenu du faible score et de la taille limitée des échantillons. Néanmoins, Poutou semble réaliser des scores nettement supérieurs à sa moyenne chez les proches de Solidaires (8 % ) et de FO (6 % ).

Le cœur de l'électorat de Hollande : les couches supérieures du salariat.

L'évolution de l'électorat du PS est très nette : en 1988, Mitterrand faisait un score supérieur à sa moyenne chez les ouvriers et employés. En 1995, Jospin faisait son score moyen chez les ouvriers et employés. Depuis, l'électorat ouvrier a décroché du vote PS :11 % en 2002 (merci Jospin, Aubry, Strauss-Kahn…), 21 % en 2007 et 2012, soit nettement moins que le score moyen du PS. En revanche, le PS réalise depuis 2002 ses meilleures performances chez les cadres (34 %) et les couches moyennes intermédiaires (35 %).
Il est donc totalement erroné d'affirmer, comme le fait le démographe Emmanuel Todd, que le PS a reconquis ou est en voie de reconquérir l'électorat populaire. Il est même frappant de constater à quel point l'immense rejet de Sarkozy dans les classes populaires n'a pas du tout profité au PS. Mais Todd, qui soutient Hollande tout en pourfendant l'euro et le libre-échange (comprenne qui pourra !), s'illusionne complètement en prédisant un « tournant de 1983 à l'envers », c'est-à-dire une rupture de Hollande avec l'Europe libérale pour pouvoir mettre en œuvre une véritable politique sociale au service des classes populaires.
Le cœur de l'électorat de Sarkozy : les vieux et les patrons. En 2007, le coeur de l'électorat de Sarkozy était déjà les patrons (grands et petits) et les retraités. Contrairement à une légende, la majorité des ouvriers (54 %) et des employés (51 %) avaient déjà voté contre Sarkozy au 2e tour de l'élection. Néanmoins, en 2012, si Sarkozy conserve un soutien important chez les patrons (74 % chez les patrons proches du Medef ou de la CGPME), les retraités, et les cadres, il baisse fortement chez les employés et ouvriers(18,5 %). Globalement, seuls 20 % des salariés actifs ont voté pour Sarkozy.
Vote Mélenchon : petite percée dans les classes populaires. Mélenchon a su percer dans les classes populaires (renouant en partie avec l'ancien électorat du PC) mais son électorat reste globalement assez bien réparti entre les différentes catégories sociales. Chez les ouvriers et employés, il mobilise environ 13,5 % de la classe votante.

Les couches populaires: leur dispersion

Comme le montre le livre de Patrick Lehingue1, alors que les employés constituent près de 30  % de la population active, ils ne sont que 1,3  % des députés. Les ouvriers qui comptent près de 25  % des actifs ne sont que 0,5 % des députés. A contrario, les couches moyennes supérieures représentent 15 % dans le pays et 83 % des députés (96 % pour l'UMP).
Et pendant ce temps-là, nos moralistes à la petite semaine ne voient que les discriminations que pour les ethnies, les religions et les femmes. Mais combien de fois la «  gauche sociétale » s'est-elle émue de la représentation des ouvriers et des employés alors qu'ils sont plus de 53 % de la population ?
Patrick Lehingue ajoute que «  pour la représentation des classes populaires, la France est revenue au niveau de 1885 »… A fortiori, bravo la gauche depuis 19812 !
Cet affaiblissement de la représentation populaire a été de pair avec la montée des professionnels de la politique. Les attachés parlementaires, les chefs de cabinet, les conseillers en communication, etc. représentent 14  % des députés – alors qu'ils sont évidemment 0,0001 % dans la population.
Patrick Lehingue précise auprès du journal Fakir : « D'autant que les instruments qui permettaient ces trajectoires ont été supprimés. Pour moi, le PC a perdu sa spécificité – et a accéléré son déclin – avec la fermeture des écoles du Parti, à l'époque de Robert Hue. C'était quoi, ces écoles ? C'était la possibilité, pour des ouvriers ayant arrêté leurs études, pour cause d'échec scolaire ou plus souvent parce que leurs parents ne pouvaient pas suivre financièrement, d'avoir une seconde chance, d'acquérir une culture politique, de manier l'argumentation, bref, de lutter à armes égales avec leurs adversaires, les classes dominantes. »

Voter, ça ne sert à rien ?

Là, vient se surimposer l'impact des médias et la nature de la démocratie.
Les couches populaires souffrent du fait que nous sommes de moins en moins en démocratie et de plus en plus dans un régime représentatif. Le débat qui faisait rage lors de la Révolution française est comme assoupi aujourd'hui. Sieyès déclarait qu'il fallait un gouvernement représentatif tout en combattant la démocratie. Aujourd'hui, c'est Sieyès qui a gagné. Une fois élus, les représentants n'ont que faire de ce que pense le peuple. C'est bien pourquoi la plupart des hommes et femmes politiques se moquent de la sous-représentation des couches populaires. Ce qui leur importe est le gouvernement représentatif à la Sieyès et l'alternance vers un autre gouvernement représentatif. C'est pourquoi, si la gauche veut reconquérir les couches populaires, il importe de remplacer le gouvernement représentatif par la démocratie. Pas la démocratie directe de Rousseau, dont lui-même admettait l'impossibilité sur de grandes entités, mais la démocratie du peuple où celui-ci peut intervenir, y compris après l'élection des élus (c'est ce qu'esquissait Condorcet). Pourquoi pas le référendum d'initiative populaire ou la possibilité de révoquer les élus à mi-mandat comme au Venezuela ?
Ecoutons encore Patrick Lehingue dans son interview à Fakir « Quant aux médias, la seule question qui vaille pour eux, c'est « qui va gagner ? », « qui sera en tête à l'issue du premier tour ? », « qui sera le troisième homme » (ou femme…) ? La véritable politique (la discussion sur les bilans, les promesses – tenues ou pas – , la vision du monde que l'on désire, les programmes et propositions pour s'en approcher, la hiérarchie des questions les plus importants à résoudre…) cède le pas au spectacle d'une course de chevaux. Le jeu l'emporte sur les enjeux. »
N'oublions pas aussi qu'il y a d'après l'INSEE 10 % de la population non inscrite sur les listes :16 % des chômeurs, 16 % des emplois précaires font partie de cette catégorie. Autant nous sommes contre le vote obligatoire, autant nous pouvons estimer que tout le monde devrait être sur les listes. Ne serait-ce que pour avoir le vrai chiffre de l'abstention.

À gauche : comment retrouver le peuple ?

D'abord, « ça n'a jamais été naturel et acquis que les ouvriers votent pour des représentants du mouvement ouvrier. Ça supposait tout un travail syndical, politique, de mobilisation de l'usine jusqu'au domicile. Or, on a assisté, non pas à une disparition, mais à une dispersion des classes populaires. Une dispersion du travail, avec la casse des grandes entreprises, mais aussi une dispersion géographique ». Dans « les corons miniers de ma petite enfance, les gens vivent là où ils travaillent. Il y a une continuité de l'existence, qui rend le travail politique plus simple : pour les mineurs, ne pas voter pour ces gens-là, qui sont au milieu d'eux, qu'ils fréquentent au bistro, à la ducasse, c'est trahir le groupe auquel ils appartiennent tous les jours avec quand même un travail d'encadrement sur le terrain qui, de fait, n'existe plus… Combien reste-t-il de sections locales ? dans les entreprises ? travaillant dans des quartiers populaires ? » (Aujourd'hui, en France, le taux de syndicalisation avoisine les 6 % . Dans le privé, pour les deux tiers des entreprises, il n'y a rien du tout…)

Le procès du Mediator reporté pour une question de procédure


Les laboratoires Servier contestent la possibilité d'être jugés à Nanterre, alors qu'ils sont mis en examen pour les mêmes faits à Paris.
Jacques Servier, fondateur des Laboratoires Servier.

Décidément ils ne veulent pas de ce procès et sont prêts à trouver 
la moindre faille pour s'en soustraire.
Honte à ces puissants par le fric!
Le tribunal correctionnel de Nanterre a reporté lundi le premier procès 
pénal du Mediator, un médicament accusé d'avoir causé au moins 500 
morts, après avoir accepté de transmettre à la Cour de cassation une 
question prioritaire de constitutionnalité (QPC). La date d'une reprise 
de ce procès pourrait être fixée lors d'une audience de procédure prévue 
le 14 décembre. La présidente de la 15e chambre du tribunal, Isabelle 
Prévost-Desprez, a jugé "sérieuse" la question de droit soulevée par la 
défense des laboratoiresServier, qui conteste la possibilité de les juger, 
ainsi que leur fondateur Jacques Servier, à Nanterre, alors qu'ils sont 
parallèlement mis en examen pour les mêmes faits de tromperie aggravée 
à Paris.
La Cour de cassation a désormais trois mois pour décider de saisir ou non 
le Conseil constitutionnel de cette question. Situation singulière dans les 
annales judiciaires : quelque 600 parties civiles ont misé sur une citation 
directe pour tromperie aggravée afin d'obtenir rapidement réparation, sans 
attendre la fin de l'instruction menée, notamment pour ces faits de tromperie 
aggravée, au pôle Santé de Paris. Jacques Servier, 90 ans, et six sociétés 
du groupe ont été mis en examen en septembre notamment pour tromperie 
et escroquerie par les juges parisiens. Or on ne peut pas être jugé deux fois 
pour les mêmes faits.
Les plaignants, qui estiment disposer des éléments de preuve nécessaires 
pour prouver le délit, reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés 
sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" 
de son principe actif, le benfluorex. Or ce dernier diffuserait dans l'organisme une 
substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. 
Le Mediator, largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation 
de 1976 à 2009, est soupçonné d'avoir provoqué, en 30 ans, le décès de 500 
personnes au moins, voire de 1 320 à 2 000 personnes, selon d'autres estimations. 
À l'ouverture du procès, lundi dernier, les laboratoires Servier avaient engagé une 
bataille procédurale pour faire reporter, voire annuler, le premier procès pénal du 
Mediator, forçant le tribunal à interrompre le procès

vendredi 18 mai 2012

Encore une attaque envers la Grèce


Fitch Ratings a abaissé jeudi la note souveraine de la Grèce de "B-" à "CCC", évoquant le risque croissant de voir le pays sortir de la zone euro.


Décidément c'est ces putains d'agences qu'il faut abattre!

samedi 12 mai 2012

Mélenchon : la politique comme un acte héroïque


A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! (Corneille)
De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace (Danton)

Ce sont ces belles phrases qui viennent à l'esprit quand on apprend la décision de Jean-Luc Mélenchon de se présenter contre Marine Le Pen.
Henin-Beaumont. Tel est le lieu de la bataille.
Oui, pour être député, il aurait pu se contenter d'être « parachuté ». (Expression que reprend à tort « Libération », qui est pourtant un journal de gauche, non ?) On ne parachute pas sur un champ de mines. On parachute Guaino, par exemple, à Boulogne-Billancourt, que la droite tient depuis quarante ans. Ca, c'est un « parachutage » : un député qui ne prend aucun risque et se pose en terrain conquis.
Pas le genre de Mélenchon.
Mélenchon, à Henin-Beaumont, s'engage non pas dans un petit duel d'ego, une petite rixe régionale où il veut se venger d'un scrutin qui a été plus favorable à elle qu'à lui. Non. Il se lance dans la mère des batailles, l'indispensable combat qui l'oppose non seulement au FN mais aussi à l'UMP, qui la courtise, mais aussi au PS, qui a accepte des représentants qui rendent des comptes à la justice. Tous ses ennemis sont là qu'il peut mettre en échec d'un seul geste. Belle stratégie. Il avait commencé cette partie lors des présidentielles. Elle avait été interrompue sans qu'il puisse l'emporter d'une manière nette. Indiscutable. Il se représente, la traquant elle, ce symbole de notre politique en déroute, sur cette terre ouvrière qu'elle appelle « sa terre », elle qui est l'alliée du Capital.
Mais la meilleure façon d'expliquer cette décision est de donner la parole à Jean-Luc Mélenchon.
Comme toujours, dans ce qu'il écrit, l'énergie de la passion et la justesse de l'analyse garantissent la qualité de la forme et du fond.

Vient la question du Front National.
 Elle est évoquée à propos de plusieurs des circonscriptions concernées par notre tour d'horizon. Elle est traitée dans les commentaires de ce blog parfois pour regretter que je donne l'impression d'une « fixation » sur le sujet !
 On croit rêver !
 C'est l'argument de la Le Pen elle-même !
 Quoi ? L'extrême-droite est en progrès partout en Europe et la bonne réponse au problème posé serait de parler d'autres choses, et si possible ailleurs que là où la bête veut faire son nid ! Et ce serait ainsi qu'on ménagerait « l'autorité » des porte-paroles de notre cause ? Quand on n'ajoute pas en plus cette injonction que je ne dois pas être battu !
 Les chefs dans les circonscriptions gagnées d'avance, ce n'est pas notre culture. Je suis allé mener combat avec les camarades du grand sud-ouest dans une circonscription européenne où nous n'avions pas d'élu. Si j'avais été battu c'est tout le pari du Front de Gauche naissant qui était atteint. Mais nous l'avons fait. Parce que nous faisons du suffrage universel l'arbitre de nos luttes et de nos choix. La planque et les « pousse-toi de là que je m'y mette » sur le mode de barons socialistes nous paralyseraient. Se ménager, ce n'est pas du tout notre façon d'aborder les problèmes qui s'annoncent. Pas du tout ! Et surtout pas la mienne.
 Il n'y a pas d'un côté la lutte contre le Front National et de l'autre la bataille pour le partage des richesses, la protection des travailleurs et la 6ème république. C'est la même affaire ! C'est exactement comme de dire que la lutte contre la droite et pour le partage des richesses c'est la même chose.
 Pourquoi ce qui est évident s'agissant de la droite devient moins certain quand il s'agit de l'extrême-droite ? La lutte contre l'extrême-droite serait seulement une lutte « morale » ? Une « fixation » particulière, comme on le dirait d'un thème trop étroit ? L'extrême-droite est le rempart du système quand celui-ci ne parvient plus à se maintenir avec ses forces et moyens traditionnels. L'extrême-droite est en train de fournir les thèmes qui restructurent idéologiquement la droite. Elle n'est donc pas à la marge de la bataille !
 La lutte contre le capitalisme et la lutte pour la représentation politique de cette lutte sont une seule et même chose !

Cette stratégie me paraît admirable pour plusieurs raisons.
La première, les joueurs d'échec la comprennent : c'est en son point fort qu'il faut menacer l'adversaire. Or attaquer le FN et sa plus médiatique représentante, c'est dénoncer et vaincre un mode de pensée fasciste qui se banalise. Oui. Fasciste. Même au niveau de l'Etat. Quand on voit en Europe, comment l'Eurogenford traite les manifestants, on sait vers où l'on glisse.
La seconde c'est que, se faisant, il court-circuite tous les medias qui lui auraient laissé la part congrue, donnant la vedette à la si gentille blondinette de service. Là, parlant d'elle, ils ne pourront parler que de lui. Très jouissif de les voir ainsi piégés. Nous n'avons pas fini d'en entendre parler et sur toutes les chaînes ! On ne saura même plus ce qu'Hollande préside ni qui demande à être député et où. C'est l'ère de la politique-spectacle ? Ils vont en avoir du spectacle ! Dès ce soir à 20 heures sur TF1. Non, on ne peut plus cacher Mélenchon à 7 heures du matin sur Itélé.
La troisième c'est de mettre en lumière les dérives du PS. On sait ce qu'il en est de cette circonscription du Nord. Le succès du Fn dans cette région ne vient-il pas du dégoût des électeurs pour une gauche affairiste aux mœurs douteuses ? Les élections présidentielles sont passées. Sarkozy a été éliminé. Une autre partie commence. Hollande n'est plus un concurrent. S'il s'éloigne de la droite-ligne de la morale de gauche, il est un adversaire. Henin-Beaumont, avec Marseille, est un des hauts-lieux de la pourriture dénoncée du parti.
La quatrième, c'est le risque pris. Car même si une étude rapide le donne favori dans cette région, il y a tout de même un risque de perdre. Sur ce risque il s'est expliqué. Il ne le craint pas. Et ce choix lui donne une stature qui dépasse une vie politique mesquine. Seul celui qui ne craint pas la défaite mérite la victoire.
Aurait-on encore des doutes sur l'excellence de cette décision, il suffirait de lire l'édito de « Libération » avec ses éternelles photos le représentant comme un monstre, terminant sur les propos gracieux de Mme Le Pen ou, plus encore, d'écouter Barbier qui regrette que Mélenchon s'attaque au FN négligeant le social ! La vérité qu'il faut répandre. Qu'il est gentil de donner de bons conseils ! Ah ! Barbier ! Ta pauvre mine nous renseigne. Là, il vous a roulés et de belle façon !

Il y aurait donc en politique dans ce monde de compromis et de crimes, une manière de se battre qui serait héroïque.
Car l'héroïsme, ce mode de pensée dont nous sommes si éloignés, ne craint ni la défaite, ni les reproches. Il est un acte solitaire dont dépendent de multiples destinées. Il a ce côté brillant, étonnant, unique qui invente une histoire que l'on se racontera ensuite.
Qui aurait pris cette décision dans ce monde pourrissant où les idées du FN commencent à paraître acceptables ?
A ce sujet, je voudrais dire ceci : certains qui votent le ¨Pen, s'affirment gens de bien, nullement racistes. Souhaitant simplement qu'il y ait moins d'étrangers.
 Tuez-les de vos mains, très chers frontistes innocents, ces étrangers. Ce sera le seul moyen de vous en débarrasser. Que vous raconte-t-on ?
 Le monde est tel que ces pauvre réfugiés de la misère, autrefois Européens, aujourd'hui arabes et africains, seront chez nous, pays central, de plus en plus nombreux. Qui accueillera tous les réfugiés Japonais, tous les réfugiés des Maldives, tous les réfugiés des catastrophes écologiques qui se préparent puisque seulement 11,11 % de Français veulent une planification dans ce domaine ? Qui créera un monde vivable pour eux, si nous n'avons pas su, dans notre pays même, créer pour nos enfants même, un monde d'équilibre et de respect face à la nature, si nous n'avons pas su chasser les malheurs des mafias qui nous rongent ?
Voilà nos devoirs et remerciez les mains étrangères qui peuvent nous aider à les accomplir. Et cessez de vouloir les couper quand vous embrassez les mains qui vous volent.
Mais qui sait d'où vient le vent du malheur ?
L'ignorance des peuples est bien la cause première de leur défaite. Et ceux qui ne comprennent pas les dangers qui approchent comment pourraient-ils s'en protéger ?
IL faut encore apprendre, expliquer et recommencer cette admirable leçon d'éducation citoyenne qui a été le fonds de la campagne présidentielle. Brillante campagne du Front de Gauche qui a réveillé le goût de l'action et de la justice. Le goût du combat et du don de soi.

Qu'aurait-il fallu faire ? La laisser gagner et parader à l'assemblée Nationale ?
Qu'aurait-il fallu faire ? Laisser l'UMP l'accueillir avec des fleurs ?
 Qu'aurait-il fallu faire ? Aller gagner on ne sait quelle circonscription facile ?
Passer deux ou trois fois sur quelque chaîne secondaire quand elle aurait eu tous les hommages d'une presse qui a intérêt à lui donner du poids ?
Baisser la tête ? Accepter l'extrême-droite comme une fatalité de ce temps ?
Non.
C'est peut-être cela être un héros.
Dire « non » quand la faiblesse commune a peur de l'affrontement et de la défaite.
Quand même doutent les alliés.
 Toutes les légendes nous les présentent dans des combats difficiles, quand la situation de leur patrie est telle qu'elle est bouleversée et perdue si rien ne se passe qui dépasse tout.
Oui, ils doivent prendre des risques
.
Jean-Luc Mélenchon, nous sommes honorés de votre décision. Elle nous met non pas, au front, le rouge de la honte mais, aux joues, le rouge du courage quand on s'élance sans rien craindre sur le champ de bataille.
Sabre au clair, général Mélenchon !

Et soudain, au sommet de la colline, l'armée que l'on croyait défaite parut dans l'élan de ses chars et de ses cris, un vent humain que l'injustice levait, balayant tout…

jeudi 10 mai 2012

Notre impératif catégorique : gérer, en même temps, le court et le long terme


Par Evariste


"Dégager Nicolas Sarkozy, le peuple français vient d'y parvenir. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce choix souverain tant la souffrance des citoyens, et en particulier des salariés ainsi que de leurs familles, a été forte dans la période de ce règne monarchique.
Mais nous ne pouvons pas rester l'arme au pied. Une nouvelle bataille nous attend dès le lundi 7 mai au matin. Une bataille complexe qui ne simplifie pas hâtivement.
Après ce dégagement tant souhaité, nous devons travailler aux conditions nécessaires et suffisantes de la transformation sociale et politique sans laquelle tout enthousiasme finit dans la déception voire la fatalité. Et pour cela, il nous faut démarrer en même temps la politique de temps court et celle du temps long. Faire l'un sans l'autre reviendrait à croire qu'il suffit de boire sans manger ou de manger sans boire pour assurer l'avenir.
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mardi 8 mai 2012

Hollande élu, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes

Billet de Nathalie Arthaud

lundi 7 mai 2012
Au len­de­main de l'élection de Hollande, je cons­tate qu'au-delà du sen­ti­ment de satis­fac­tion géné­rale de s'être débar­rassé de Sarkozy, il n'y a guère d'enthou­siasme ni beau­coup d'illu­sions.
Il faut dire que, dans cette cam­pa­gne, Hollande n'a guère cher­ché à faire rêver, c'est le moins que l'on puisse dire... Et sur­tout, il ne s'est engagé à rien vis-à-vis des tra­vailleurs. Pendant la cam­pa­gne, Hollande, a été inter­pellé sur les plans de licen­cie­ment qui ris­quent de tomber après les élections. Il a répondu « je ne lais­se­rai pas faire ». Mais il s'est bien gardé de dire ce qu'il fera, com­ment il s'y pren­dra. Lorsque Hollande a été inter­pellé par les Fralib, il a promis d'orga­ni­ser une table ronde. Lorsqu'il a été inter­pellé par les sidé­rur­gis­tes d'Arcelor Florange, il a promis de faire passer un projet de loi, for­çant le groupe licen­cieur à trou­ver un repre­neur… Lorsqu'il a été inter­pellé par les ouvriers de PSA-Aulnay mena­cés de licen­cie­ment, il leur a dit qu'il se pen­che­rait sur leur sort… Alors, ce ne sont pas ces décla­ra­tions et ces mesu­res sym­bo­li­ques qui empê­che­ront les grou­pes de licen­cier et le chô­mage de monter.
Ce qui est cer­tain, c'est que Hollande ne béné­fi­ciera pas de période de grâce de la part des mar­chés finan­ciers. Le capi­tal va, sans tarder, deman­der son dû et, dans cette période de vaches mai­gres, il ne peut être pris que sur les tra­vailleurs.
Non seu­le­ment Hollande n'empê­chera pas l'aggra­va­tion de l'exploi­ta­tion, mais il se mettra, comme tous les autres, au ser­vice des puis­san­ces de l'argent. Les diri­geants du PS, qui se bous­cu­lent main­te­nant pour être au gou­ver­ne­ment, ne sont pas plus capa­bles de jugu­ler la crise qu'ils ne sont déci­dés à défen­dre les sala­riés contre le grand capi­tal. Car pour cela, il fau­drait être prêt à pren­dre des mesu­res contrai­gnan­tes contre le grand patro­nat, ce que le Parti socia­liste ne veut ni ne peut faire.
Ce n'est pas par pes­si­misme que je dis cela, bien au contraire ! Je dis cela parce que je suis convain­cue que nous pou­vons, nous, les tra­vailleurs, impo­ser une autre poli­ti­que. Si, indi­vi­duel­le­ment, nous n'avons pas la force de nous défen­dre, col­lec­ti­ve­ment nous le pou­vons. C'est pour­quoi, Hollande ou pas, les tra­vailleurs doi­vent faire valoir leurs reven­di­ca­tions, ils doi­vent dire ce dont ils ont besoin. Et ils doi­vent se battre pour.

lundi 7 mai 2012

Le détail des résultats du second tour

François Hollande et Nicolas Sarkozy.
François Hollande a obtenu 51,62 % des suffrages exprimés, contre 48,38 % à Nicolas Sarkozy, selon la totalisation finale des résultats effectuée par le ministère de l'Intérieur, y compris les Français de l'étranger. Plus de 18 millions de suffrages se sont portés sur le président élu, 16,9 millions sur son prédécesseur et 2,1 millions d'électeurs ont voté blanc ou nul, selon cette totalisation portant sur plus de 46 millions d'inscrits et 37 millions de votants.
Le taux d'abstention est de 19,66 % (contre 20,7 % au premier tour cette année et 16,03 % au second tour de 2007), soit neuf millions de personnes. Les résultats relatifs aux Français de l'étranger, quelque un million d'électeurs, sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont été marqués par une forte abstention, 57,8 %. La proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel doit intervenir d'ici à jeudi.

Voici les chiffres définitifs fournis par le ministère de l'Intérieur sur le vote des Français au second tour :
• Inscrits : 46 073 165
• Votants : 37 016 982
• Suffrages exprimés : 34 869 809
• Abstention : 19,66%
• Voix pour Hollande : 18 000 438
• Voix pour Sarkozy : 16 869 371

Explosion de joie

Une nouvelle bataille nous attend

Dégager Nicolas Sarkozy, le peuple français vient d'y parvenir. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce choix souverain tant la souffrance des citoyens, et en particulier des salariés ainsi que de leurs familles, a été forte dans la période de ce règne monarchique.
Mais nous ne pouvons pas rester l'arme au pied. Une nouvelle bataille nous attend dès le lundi 7 mai au matin. Une bataille complexe qui ne simplifie pas hâtivement.
Après ce dégagement tant souhaité, nous devons travailler aux conditions nécessaires et suffisantes de la transformation sociale et politique sans laquelle tout enthousiasme finit dans la déception voire la fatalité. Et pour cela, il nous faut démarrer en même temps la politique de temps court et celle du temps long. Faire l'un sans l'autre reviendrait à croire qu'il suffit de boire sans manger ou de manger sans boire pour assurer l'avenir.
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