samedi 21 décembre 2013

Crime écologique contre l’humanité

FOTFC3D
En plein coeur de la forêt amazonienne, la multinationale Chevron a créé mille piscines dans lesquelles elle a déversé du pétrole résiduel, de l'eau polluée aux métaux lourds et les produits chimiques de son exploitation. Ces piscines sont censées avoir été nettoyées. Il n'en est rien. Une mince couche de terre jetée a servi à masquer la situation. De plus, la plupart des piscines n'ont pas été déclarées et elles ont contaminé tout l'environnement proche et lointain par ruissellement.
Cette pollution a duré trente ans. Ce n'est donc pas un accident. Par conséquent, puisque cela a été fait en toute connaissance de cause, c'est un crime.
Pour rassurer les gens, les colons et les indiens, les responsables disaient que le pétrole était bon pour la peau, et ils recommandaient de se soigner avec. Ils disaient : « Vous pouvez laisser vos enfants se baigner dans les piscines »…
A présent, 30 000 personnes sont en action contre la multinationale. Chevron les poursuit pour association de malfaiteurs.
De leur côté, les victimes ont obtenu la condamnation de Chevron à 9,5 milliards de dollars de réparation. Et ils viennent d'obtenir d'un tribunal canadien le droit de poursuivre la multinationale sur ses biens au Canada ! Le même type de procès est engagé dans quatorze pays.
Du coup, la multinationale se retourne contre l'Etat équatorien et le cite devant un tribunal d'arbitrage. Son argument : le gouvernement de l'époque avait fait une lettre reconnaissant que tout avait été nettoyé correctement. La  compagnie Chevron demande sur cette base 13 milliards de dollars à l'Equateur.
Le gouvernement équatorien organise donc une action internationale pour contrer Chevron. Cette bataille nous implique de trois façons. D'abord, c'est la lutte pour le principe pollueur-payeur. Ensuite, c'est la lutte contre le droit des firmes d'en appeler à des tribunaux d'arbitrage contre les Etats. Enfin, c'est la lutte pour l'incrimination pour crime écologique contre l'humanité. Car c'est par milliers que se comptent les humains et les animaux morts, rendus malades, ou malformés par cette pollution de Chevron.

Qui a encore besoin des banques?

Qui a encore besoin des banques?
Tribune
Michel Santi* | Lundi 9 Décembre 2013

N’est-il pas étrange et contradictoire de constater que les investissements dans l’outil de production (quel qu’il soit) se maintient à des niveaux anémiques, alors même que les profits atteignent des records?

Ben Bernanke - Président de la FED
Ben Bernanke - Président de la FED
Les déboires de nos économies n’ont pas commencé avec la crise financière des années 2007 et 2008. Loin de là puisque, en réalité, une redistribution substantielle des richesses et des revenus s’est opérée depuis le début des années 2000. Au détriment des salaires et en faveur des profits enregistrés par les entreprises, par le secteur financier et par leurs actionnaires. Pour autant, n’est-il pas étrange et contradictoire de constater que les investissements dans l’outil de production (quel qu’il soit) se maintient à des niveaux anémiques, alors même que les profits atteignent des records et, ce, dans une conjoncture où les coûts de financement sont à leur plus bas historique ? 

A cet égard, l’exemple d’Apple assis sur des centaines de milliards de dollars est révélateur de ces entreprises peu soucieuses de s’impliquer dans l’économie réelle dès lors qu’elles n’en tirent pas un bénéfice direct et immédiat. Ne nous étonnons donc pas si nos économies subissent une déprime quasi-chronique, si la consommation est en berne et si les revenus des ménages se dégradent. 

En effet, la proportion de la rémunération allouée au travail dans le revenu national est graduellement réduite, tandis que les profits des entreprises (financières et non financières) atteignent des sommets. Sans pour autant que celles-ci soient motivées à investir davantage dans l’économie. Bien au contraire en fait, puisque ces investissements à destination des appareils de production sont aujourd’hui à leurs plus bas niveaux historiques. 
  
Sinon, comment expliquer la somme phénoménale de 1.8 trillions de dollars détenue par les banques américaines auprès de leur Réserve fédérale ? Auprès de cette Fed – qui rémunère ses établissements financiers y conservant leurs dépôts – et qui s’est lancée dans des programmes massifs de création monétaire censés soulager l’économie. Pour créer en fait un monstre puisque les réserves bancaires stockées auprès d’elle ont été multipliées … par 1000, pour atteindre aujourd’hui environ 1.8 trillions de dollars contre moins de 2 milliards en 2008 ! 

Loin d’accomplir leur mission d’intermédiation et de pourvoyeuses de liquidités en faveur de l’économie réelle, les banques ont opté de conserver les liquidités généreusement allouées par les baisses de taux quantitatives au sein de leur banque centrale, tout en récoltant au passage une rémunération - certes faible- mais garantie. En finalité, comme c’est une proportion infime des ces liquidités fraichement imprimées par les banques centrales qui trouvent le chemin du système productif, on comprend mieux pourquoi cette création monétaire intense et sans précédent n’a pas dégénéré en hyper inflation. 
  
Si d’une part l’économie est donc quasiment privée des liquidités mises par les banques centrales à disposition du secteur financier, et si elle doit faire face d’autre part à des entreprises qui ne réinvestissent pas leurs profits : il est impératif de trouver un autre mécanisme de transmission. Pourquoi nos banques centrales ne feraient-elles pas de leurs propres citoyens les ultimes bénéficiaires de sa politique monétaire ? Ne serait-il pas nettement plus productif (et autrement plus moral) pour les banques centrales qu’elles augmentent leur base monétaire en arrosant de liquidités - non les banques - mais la population ? 

Chaque citoyen – riche ou pauvre, avec ou sans emploi- recevrait donc une certaine somme à dépenser, à investir, pour rembourser sa dette, ou tout simplement à déposer dans sa banque, qui l’utiliserait dès lors pour prêter. L’argent et le crédit étant à l’évidence des instruments et des leviers à connotation sociale aigüe, nos responsables (économiques, politiques, financiers) n’ont-ils pas l’obligation morale de procéder à une redistribution des ressources par temps de forte crise, au détriment du créancier et en faveur du débiteur, en faveur du chômeur et des bas revenus en général ? Moduler la valeur conférée à l’argent est de salut public – et d’une incontestable efficacité économique – dans un contexte chargé de déficits comme le nôtre. 
  
Alors que la Fed est sur le point de ralentir, voire d’arrêter, sa création monétaire, la Banque centrale européenne n’aura pas d’autre choix que de lancer un programme similaire. En effet, dans notre monde globalisé, il importe peu quelle banque centrale imprime de la monnaie, pour peu que ce soit une institution majeure comme la BCE. Et l’opposition féroce de la Bundesbank ou du gouvernement allemand n’y changera rien car seule cette création monétaire empêchera l’escalade mortifère des frais de financement des dettes périphériques et relancera ces économies. 

C’est la Réserve fédérale US qui a poussé cette logique de création monétaire vers des degrés inégalés. C’est également elle qui a délibérément augmenté de manière hyperbolique la taille de son bilan, dans le but avoué de promouvoir l’inflation. En réalité, les baisses de taux quantitatives furent un message subliminal adressé à l’économie : une sorte d’engagement de la part de la banque centrale qui promettait dorénavant d’être « irresponsable ». Quel cran, en effet, pour une banque centrale – dont la mission est la stabilité des prix – que de poursuivre ouvertement l’objectif de relancer l’inflation afin de redémarrer son activité économique ! 
  
Alors que les « baisses de taux quantitatives européennes » semblent désormais d’actualité, la BCE osera-t-elle en faire bénéficier – non le système financier – mais d’abord les citoyens européens ? 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique »« Capitalism without conscience »  Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan) 

vendredi 13 décembre 2013

Sortons le délinquant luxembourgeois de l'Europe !

La dimension de la fraude fiscale couverte par le Luxembourg fait froid dans le dos. Cette fois, il n'y a plus aucun doute : l'Union européenne abrite bien un des plus importants paradis fiscaux de la planète.

Strasbourg, Parlement européen -  SAUTIER PHILIPPE/SIPA
Strasbourg, Parlement européen - SAUTIER PHILIPPE/SIPA
Cette fois, il n'y a plus aucun doute : l'Union européenne abrite bien un des plus importants paradis fiscaux de la planète : le grand-duché du Luxembourg. Ce n'est pas une ONG écolo-gauchiste qui le prétend, mais les membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), c'est-à-dire les gouvernements des pays les plus avancés. 

Après des années de tests, le Luxembourg apparaît comme refusant de fait la coopération fiscale en s'abritant derrière son sacro-saint secret bancaire. De plus, dès lors qu'elles s'installent sur place, les grandes entreprises peuvent carrément y négocier leurs impôts. 

La dimension de la fraude fiscale couverte par le Luxembourg fait froid dans le dos. Selon l'excellent livre de Gabriel Zucman la Richesse cachée des nations*, les deux tiers des 1 800 milliards d'euros déposés en Suisse passent dans les fonds luxembourgeois sans jamais acquitter d'impôts. La prédation fiscale de ce monstrueux duopole helvético-luxembourgeois au détriment des autres Etats membres de l'Union européenne est énorme. 

Gabriel Zucman estime ainsi que le secret fiscal a coûté 480 milliards d'euros pour la seule France en vingt ans. Le Luxembourg a pu mener son entreprise de pique-assiette grâce à la complicité des gouvernements qui ont maintenu pendant huit ans le Premier ministre Jean-Claude Juncker à la présidence de l'Eurogroupe. Dans cette instance qui règle les questions budgétaires et fiscales de la zone euro, il opposait son veto à toute levée du secret - qui n'arrivera pas, au mieux, avant 2015. 

Selon les traités européens, il n'existerait aucune sanction contre un tel comportement. Cela n'a pas empêché Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de menacer la Grèce en 2011 d'une exclusion de la zone euro. Il aurait été bien plus légitime et urgent de virer ce passager clandestin et délinquant patenté que constitue le Luxembourg au beau milieu de l'Europe. 

mardi 3 décembre 2013

Magasins ouverts le dimanche: un débat imposé depuis plus de 20 ans

C'est un débat qui date de la fin des années 80. Les partisans de ce débat ont cette constance. Çà prouve que le combat n'est pas gagné pour eux.
Une grande enseigne ouvre illégalement le dimanche, la loi les fait fermer, mais qu'importe ils ont mis en marche la machine médiatique. Avec cette méthode ils imposent un débat qui n'est pas forcément celui du moment, mais les médias entrent en scène.
Face à ce battage on pousse le lobbying politique et des lois sont faites pour détricoter un peu plus celles qui concernent le travail du dimanche.
C'est le combat du droit individuel et contractuel contre la loi. Ça intéresse les patrons qu'une poignée de gens, pour des raisons non exprimées (manque de gain la semaine, pressions etc.), aient envie de travailler pendant ce repos dominical, comme si l'intérêt individuel pouvait l'emporter sur la majorité. Ce n'est pas parce qu'un individu a envie de travailler le dimanche pour des raisons personnelles qu'il doit inciter à ce que cela puisse être imposé aux autres.
Mais je n'ai rien compris, il s'agit par les temps qui courent de créer des emplois.
Il n'y a aucune étude qui ai pu démontrer que travailler la nuit ou le dimanche favoriserait l'emploi au contraire les chiffres: 20 ou 30% de C.A. faits le dimanche ou la nuit sont des chiffres invérifiables.
Au sondage: "Si votre salaire est doublé et si il y a mise en place de repos compensateur" les réponses sont favorables à 63% contre 37% non. Mais cette promesse n'engage que ceux qui y croient.
Bien souvent on impose ce travail sans repos compensateur et sans doublement de salaire. Pour preuve, à Auchan City de Tourcoing (dans le Nord) où c'est déjà le cas.
En Grande Bretagne où le travail le dimanche est admis, il n'y a plus de compensation, c'est devenu un jour comme les autres.
Dans ces mauvaises conditions, un autre sondage récolte 57% de non contre seulement 43% pour.
Quand on sonde les Français, c'est non à 56%.
"Yes weekend " ce sont des "mots" de communications payées par Leroy Merlin.
Castorama qui a divisé les salariées qui ne voulaient pas travailler le dimanche.
Les journalistes devant rendre en une heure ou deux leur reportage ont plus de facilité à interviewer les salariés qui sont offerts par le patron; c'est plus facile que de trouver une caissière qui n'a pas envie de travailler ce jour là mais qui y est forcée et qui ne veut pas parler; il faudrait plusieurs jours pour la trouver. Un porte parole des évêques français dans une matinale sur Europe 1 indiquant que la majorité des catholiques ne voulent pas du travail dominical, que ce n'est pas prouvé que ça crée de l'emploi et l'évêque de poser à Thomas Auto : "Mais les gens se rencontreront où le dimanche?"
- réponse du journaliste: "mais, à Castorama!". Une religion en remplace une autre, la religion aujourd'hui, c'est la marchandise.
Le gouvernement va encore céder aux lobbys en augmentant de façon sensible le nombre de dimanche dans l'année où ils pourront ouvrir.
Le doigt dans l'engrenage est bien engagé!
Luttons contre cette violence.

Didier