mercredi 29 juin 2011

Lutter contre le néo-libéralisme, les dettes illégitimes



Les Dettes illégitimes  
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L'économiste français, François Chesnais, traite dans son ouvrage, les Dettes illégitimes1 : quand les banques font main basse sur les politiques publiques, du thème des dettes publiques des pays européens de la zone euro, et de la nécessité de leur annulation. Et pour cause ! Ces dettes ont souvent été contractées à des fins ou dans des conditions fort douteuses. Elles ont pour cette raison acquis les surnoms peu glorieux de « dettes odieuses » ou de « dettes illégitimes ». Les pays du Sud sont eux aussi confrontés, depuis les années 1980 et 1990, à ce type de dettes.
Conséquences du remboursement de la dette
Ces dettes constituent un transfèrement à grande échelle vers les marchés financiers, d'une part importante des richesses produites par les nations et les peuples, au détriment de la satisfaction de leurs besoins économiques et sociaux.
Pour un pays comme France, qui n'est pourtant pas le plus endetté de la zone euro, le premier poste budgétaire de l'État est représenté par le paiement annuel des intérêts de la seule dette publique ou souveraine, et le remboursement d'une fraction du capital de cette dernière.
Tous les pays de la zone euro ont vu également leurs dettes publiques et privées s'aggraver du fait des crises économique et financière, entraînant la fermeture d'entreprises, et donc de nouvelles baisses des recettes fiscales.
Pour pouvoir rembourser ces dettes, les soutiers des marchés financiers à la tête des États européens et de l'Union européenne n'hésitent pas à saigner leurs peuples. Ils accentuent pour cela leurs agissements politico-maffieux entamés, depuis le début des années 1980, de libéralisation et de dérèglementation des économies et des finances aussi bien de leurs pays que du reste de la planète : privatisation des entreprises publiques et « rigueur » budgétaire se soldant par des licenciements massifs, l'accès de plus en plus difficile à l'enseignement, à la santé… les baisses des salaires et du pouvoir d'achat, l'affaiblissement de la protection sociale, les attaques contre les retraites, etc.
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11) François Chesnais : Les Dettes illégitimes, quand les banques font main basse sur les politiques publiques, éditions Raisons d’agir, Paris, 2011

Grève générale contre le plan d’austérité - Grèce

Vidéo de France2 ici

Manif à Athènes devant le Parlement
grenades lacrymogènes tirés par la police à Athènes devant le parlement mercredi pour dégager des manifestants
alors que les députés s'apprêtaient à voter un plan d'austérité contesté dans la rue grecque et attendu dans toute l'Europe

mardi 28 juin 2011

LES LOURDS DOSSIERS DU LIGHT

LES LOURDS DOSSIERS DU LIGHT - Documentaires - France5

Le light est devenu un poids lourd de l'agro-alimentaire en France. Le chiffre d'affaire des produits allégés se compte maintenant en dizaines de milliards d'euros. 

Pour certains produits, il ne reste plus que du light. 97% des chewing-gums vendus en France sont "sans sucre". Un Français sur quatre consomme ces produits allégés dont le succès ne se dément pas. 

L'allégé envahit tous les rayons des supermarchés : la confiserie, mais aussi la charcuterie, les chips, jusqu'au champagne. Ces produits font néanmoins monter la facture. 

Mais, sans sucre, sans gras, que contiennent vraiment les produits light ? La surprise est souvent de taille. 

Le yaourt 0% retrouve de la texture grâce à l'ajout de gélatine de porc, un véritable problème pour certains consommateurs. 

Les producteurs de lait light ont remplacé, eux, le gras du lait par les huiles végétales, un peu moins grasses, mais bien moins digestes. L'AFSSA a bien émis deux recommandations négatives, mais cette boisson parée des meilleures intentions, est toujours en vente... 

Lancement du livre "Comprendre les femmes" - Tome 1

                                   Prix « Fémina ou Renaudot ??? »


Lancement du livre "Comprendre les femmes" - Tome 1

 

dimanche 26 juin 2011

Non à la délocalisation du Thé Eléphant


Thé Eléphant : une grande marque française prise dans l'empire Unilever

La marque Thé Eléphant, un des fleurons actuels du groupe britannique Unilever, est le résultat de plus d'un siècle de développement industriel et de travail dans la région marseillaise. Grâce à Thé Eléphant et à son autre marque Lipton, Unilever contrôle 65 % du marché mondial du thé.
Créé à Marseille en 1892 de manière d'abord artisanale, Thé Eléphant industrialise rapidement sa production et ouvre en 1927 sa grande usine historique à Marseille, avenue Camille Flammarion dans le 4ème arrondissement. Cette usine emploiera jusqu'à 400 personnes dans les années 1960.
Afin de poursuivre son développement, Thé Eléphant s'ouvre à des investisseurs, avec la prise de contrôle par le groupe Ricard en 1969.
En 1972, Thé Eléphant est racheté par le groupe anglo-saxon Unilever. Celui-ci crée une filiale, Fralib, dédiée à la production de thé qui comptera jusqu'à 3 sites de production en France : Poitiers, le Havre et Gémenos.
Afin de moderniser et développer la production, Unilever transfère en 1989 la production de Marseille (fermeture de la vieille usine) à la zone de Gémenos. Ce transfert s'effectue avec d'importantes aides publiques locales, dans le cadre de la reconversion des chantiers navals de la Ciotat qui étaient implantés à Gémenos. L'usine de Gémenos produira ainsi jusqu'à 2 milliards de sachets de thé par an.
Unilever : l'empire des produits de grande distribution
Unilever est le 3ème groupe mondial de produits de consommation courante. 150 millions de personnes consomment chaque jour des produits Unilever.
La firme possède un immense portefeuille de marques : glaces (carte d'Or, Miko, Magnum, Ben and Jerrys), lessives (skip, omo, CIF etc), hygiène (Dove, Axe, Signal etc), alimentaire (Knorr, Amora, Alsa, Lipton, Thé éléphant) etc
La firme connait une croissance soutenue depuis 10 ans et une rentabilité éclatante :
- 44 milliards d'euros de chiffre d'affaires 2010
- 4,6 milliards d'euros de bénéfices 2010
Unilever, roi du dumping et des licenciements boursiers
Afin d'accroitre sa rentabilité, Unilever est lancé depuis 2000 dans une course à la réduction des coûts, grâce à des plans de délocalisation et d'externalisation.
Unilever est aussi expert en dumping fiscal : il utilise en France le système des "prix de cession" qui permet, via d'habiles facturations entre filiales, de dégonfler artificiellement le bénéfice imposable d'un groupe. Via une structure suisse, Unilever économise ainsi 60 millions d'euros par an en impôts français.
247 000 salariés en 2000 -> 167 000 en 2010
= soit une baisse de 33 % des effectifs en 10 ans
Un premier plan de restructuration 2000-2007 a supprimé 53 000 emplois dont 4 500 en France.
Un second plan lancé en 2007 prévoit la suppression de 20 000 emplois supplémentaires.
Plusieurs sites de production rentables sont touchés en France :
- 2008 : 250 salariés licenciés à l'usine Miko de Saint-Dizier (Haute Marne). Alors que l'usine était bénéficiaire.
- 2008 : fermeture d'une usine Amora à Dijon, 300 salariés licenciés (usine bénéficiaire de 25 millions d'euros en 2007)
- 2010 : annonce par Unilever de la fermeture de Fralib Gémenos et de la délocalisation de la production en Belgique et en Pologne
La liquidation de Fralib à Gémenos
Fralib, la filiale Thé d'Unilever, comptait 650 salariés en 1997 sur 3 sites de production en France à Gémenos, Poitiers et au Havre. En 2010 seul le site de Gémenos subsistait avec 182 salariés. L'usine du Havre a fermé en 1998 (150 emplois supprimés) et une cinquantaine de ses salariés ont alors accepté de venir travailler à Gémenos en abandonnant leur vie au Havre. Pour eux, la fermeture de Gémenos sonne comme un cauchemar à répétition.
La direction d'Unilever a annoncé en septembre 2010 la fermeture de l'usine de Gémenos et la suppression des 182 emplois.
Cette décision de fermeture a été suspendue en février 2011 par la justice pour justification insuffisante et défaut d'information du Comité d'entreprise : le motif économique de la fermeture est en effet douteux puisque l'usine est rentable. Le plan social proposé par Unilever a aussi été annulé par la justice pour insuffisance compte tenu de la taille du groupe et de ses moyens financiers. Les reclassements proposés sont en effet très limités (par exemple seulement 2 postes de techniciens de maintenance proposés pour 46 suppressions).
Faute de nouvelle information plus significative et d'amélioration réelle du plan social, les syndicats ont à nouveau saisi la justice en référé. La décision est attendue le 29 juin.
Le projet de reprise par les salariés en coopérative se heurte à Unilever
L'usine est rentable et dispose de son propre marché en France puisque 70 % de la production est vendue en France (les 30 % restants en Europe).
Les salariés de l'usine de Gémenos ont une forte productivité : leurs salaires ne représentent que 15 centimes d'euros sur une boite de thé vendue autour de 2 euros, soit à peine 7,5 %.
Le PDG mondial d'Unilever a un salaire annuel qui représente la moitié de la masse salariale totale des 182 salariés de Géménos.
Avec le soutien de la région, les salariés, encadrement compris, ont proposé de reprendre l'activité en coopérative. Unilever s'y oppose catégoriquement et refuse de céder la marque Thé Eléphant.
Des propositions pour répondre à la situation :
  • Interdire les licenciements boursiers et empêcher les délocalisations :
    • - interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiaires
    • - droit de véto suspensif des représentants du personnel en cas de fermeture/délocalisation
    • - droit de reprise de l'activité par les salariés en coopérative, avec soutien juridique et financier public
    • - mise sous séquestre des savoirs faires ou outils de travail stratégiques, dont la délocalisation ferait perdre son autonomie de production à la France / l'Europe
  • Taxer les importations pour relocaliser l'activité :
    • - taxation dissuasive en France des importations réalisées par des entreprises délocalisatrices (annuler l'avantage de coût lié à la délocalisation)
    • - taxation européenne des importations en fonction des distances parcourues (taxe kilométrique pour inciter à la relocalisation)
    • - bouclier douanier selon le contenu écologique et social des produits

mercredi 22 juin 2011

Le peuple peut reprendre le pouvoir

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Jean-Luc Mélenchon, investi candidat du Front de gauche, estime qu'en prenant une décision exceptionnelle, le PCF est « fidèle aux seuls intérêts du peuple ».
Vous souhaitiez un vote « franc » 
en votre faveur. Avec près de 60 % des voix, êtes-vous satisfait ?
Jean-Luc Mélenchon. Je vis pleinement l'honneur qui m'est fait et le poids de la tâche qui 
est dorénavant la mienne. 
Je mesure surtout l'importance du moment. Les communistes viennent de prendre une décision exceptionnelle. Elle répond à la situation exceptionnelle que nous vivons. À gauche, nous avons le devoir de sortir de nos routines pour ouvrir au plus vite un chemin progressiste dans la catastrophe que répand le capitalisme. 
Les communistes ont su le faire. Cela démontre au passage à tous les sceptiques qu'un parti politique peut être fidèle aux seuls intérêts du peuple.
Comment, avec votre candidature, l'ensemble des partenaires, actuels et à venir, du Front de gauche vont-ils s'inscrire dans la campagne présidentielle et législative ?
Jean-Luc Mélenchon. Comme ils 
le souhaitent ! Nous sommes 
à la fois unis et divers. Dans notre rassemblement, chacun reste lui-même et apporte ce qu'il a de meilleur. Mon modèle est la campagne de 2005 (sur le traité constitutionnel européen – NDLR). Pas seulement parce que nous avons gagné. Mais aussi parce que, cette année-là, nous avons inventé un type de campagne radicalement collectif, fondé sur l'implication du peuple et l'imagination de chacun.
Vous vous référez volontiers 
à votre livre et ses cinq chapitres programmatiques. Le « programme partagé » du Front de gauche, 
qui vient d'être élaboré, sera-t-il celui du candidat que vous êtes devenu ?
Jean-Luc Mélenchon. Je suis le candidat du Front de gauche, de ses militants et de son programme. Ce n'est pas difficile car nous l'avons écrit ensemble ! Je m'y suis personnellement beaucoup impliqué. Mes convictions s'y retrouvent assez largement pour que je ne sois jamais embarrassé et plutôt enthousiaste. Et pour le reste, je suis comme tout le monde, j'ajouterais et je retrancherais volontiers ici ou là.
À la veille des congés d'été, quelle sera votre campagne sur le terrain ?
Jean-Luc Mélenchon. Mon premier déplacement sera dans les Bouches-du-Rhône, auprès de travailleurs de Fralib, qui veulent reprendre en coopérative leur usine menacée de délocalisation. Leur action résume bien ce que porte le Front de gauche. En se mobilisant et en dépassant les limites étroites de la propriété capitaliste, ces salariés défendent l'intérêt général contre les logiques financières. Ensuite, le 29 juin, à Paris, place Stalingrad, ce sera notre premier meeting de campagne et d'appel au rassemblement. Tous ceux qui le souhaitent pourront investir ce soir-là une place publique, comme le font les peuples arabes ou les Indignés en Espagne et en Grèce. C'est un symbole car nous pensons qu'en France aussi il nous faut une révolution citoyenne.
Face à Sarkozy, que porte d'original 
à gauche le Front de gauche ?
Jean-Luc Mélenchon. Il est le seul 
à porter l'ambition de regrouper une majorité pour gouverner la France sur un programme de radicalité concrète, sociale, écologique et républicaine. Il est le seul à appeler à une implication populaire forte à travers des assemblées citoyennes. Et il s'en donne les moyens : le Front de gauche incarne l'unité, comme va le confirmer dans les jours 
à venir son élargissement à plusieurs mouvements politiques.
Le Front de gauche peut-il forcer 
le passage face au vote utile qui 
se profile ?
Jean-Luc Mélenchon. C'est tout l'enjeu de la bataille. Personne ne peut en prédire l'issue. Nos idées sont en phase avec l'exaspération sans précédent que provoque 
la mise en coupe réglée des sociétés par les intérêts financiers. Dans la campagne, notre objectif sera de montrer que le peuple peut reprendre le pouvoir que l'oligarchie lui a confisqué. Si nous y parvenons, tout est possible. Nous sommes le vote utile pour le grand nombre. Les autres votes sont des votes de résignation 
ou d'accompagnement de
la crise en cours.
Le débat est ouvert au sein du Front de gauche pour qu'il trouve sa voie dans son élargissement. 
Quelle est votre opinion ?
Jean-Luc Mélenchon. Cet élargissement est en train de se réaliser avec l'entrée de nouvelles organisations. J'invite maintenant tous ceux qui nous regardaient avec intérêt, mais hésitaient en se demandant si nous étions capables de continuer ensemble 
à franchir le pas, à venir participer à notre campagne. Surtout, j'appelle chaque personne 
qui se sent concernée par notre action à s'y impliquer elle-même 
à son rythme et avec ses méthodes. 
Face aux millions d'euros que 
les autres vont mobiliser pour
faire campagne, notre grande force est celle qui vient du terrain, 
c'est notre nombre, notre 
savoir-faire, notre intimité 
avec notre peuple.
Entretien réalisé par Mina Kaci

          

Christine Boutin se déclare candidate

Bien bien
On savait déjà que les cathos étaient à droite, mais on apprend en plus qu'elle veut se distinguer de L'UMP dont elle fait portant partie. Ça promet de la dispersion de voix pour Sarko. Tant mieux. On va peut-être avoir des surprises pour le second tour, allez savoir ...

La Grèce à Vendre

Je suis indigné qu'on puisse brader un pays pour éponger ses dettes envers l'Europe dont certains groupes ont des contrats liant la Grèce pour le plus grand profit de ceux-cis.
En somme, ce sont les fournisseurs endetteurs qui réclament la moelle qu'ils ont déjà sucé.
Et c'est toujours le peuple qui devrait en faire les frais en voyant démanteler son patrimoine public?

samedi 18 juin 2011

Un monde sans Wall Street?


Les marchés financiers ont beau déclencher des crises à répétition, peu d’experts et encore moins de gouvernants osent imaginer un monde sans la liberté et sans le pouvoir de ces marchés, un monde « sans Wall Street » ! Pourtant, comme l’explique ici l’un des meilleurs experts français des systèmes financiers, c’est le pas décisif qu’il faut franchir au plus vite pour éviter une nouvelle catastrophe. L’auteur pose d’abord un diagnostic précis sur les impasses d’un monde « avec Wall Street » : les normes exorbitantes de rentabilité imposées par les gestionnaires de capitaux entrainent tout à la fois, la déshumanisation des conditions de travail, le saccage des écosystèmes et la soumission des politiques publiques à des intérêts privés plutôt qu’à la volonté des citoyens. Mais peut-on, dans un monde ouvert, se passer de la puissance des marchés financiers ? Oui, car du fait même de leur puissance, ces marchés ne servent plus à financer l’économie réelle et pénalisent même celle-ci au profit des jeux purement financiers spéculatifs. Toutefois, pour se passer des instruments de spéculation sur les taux d’intérêt ou les taux de change, il faut reconstruire un système monétaire international qui permette de gérer la monnaie comme un bien commun de l’humanité. Et pour échapper au pouvoir exorbitant des gestionnaires de capitaux, il faudra reformer le droit des sociétés pour partager le pouvoir de gestion entre tous les acteurs prenant part à la production.
François Morin, professeur émérite de sciences économiques à l’Université de Toulouse I, a été membre du Conseil Général de la Banque de France et du Conseil d’Analyse Economique. Il a notamment publié Le Nouveau mur de l’argent : essai sur la finance globalisée (Seuil, 2006).

François Morin, né en 1945, est professeur de sciences économiques à l'Université Toulouse I. Il a été membre du Conseil général de la Banque de France et du Conseil d'analyse économique.

Interviewé par un journaliste Belge:   Dominique Berns:

Pour l’économiste François Morin, la prochaine crise s’annonce déjà. Selon lui, il n’est de solution que radicale.

François Morin : « Il faut fermer Wall Street »
C’est lui-même qui a choisi le titre de son essai : Un monde sans Wall Street ? (Seuil). Pas l’éditeur. François Morin, professeur émérite d’économie à l’Université de Toulouse-I, n’a pas eu besoin qu’on lui dicte une bonne idée marketing. Car il sait ce qu’il veut : un monde sans Wall Street – et on peut se demander pourquoi il a tout de même ajouté un point d’interrogation, tant son propos est clair.

Entretien.
Pour vous, la solution, c’est de supprimer Wall Street. Un peu radical, non ?
Il faut changer le système de financement de l’économie mondial. Wall Street – je veux dire par là : les grandes places financières – ne remplit plus sa fonction de financement des entreprises, de l’économie réelle. Depuis le milieu des années 90, les émissions nettes d’actions sont nulles, voire négatives dans la plupart des pays développés. En revanche, les crises financières se succèdent. Les marchés sont instables, notamment à cause de la spéculation sur les produits dérivés – une véritable folie ! Et l’Europe, face à une crise des dettes souveraines, est entrée dans un cycle infernal. En Grèce, l’Union et le FMI réclament désormais 50 milliards d’euros de privatisations d’ici à 2015, au lieu des 7 milliards sur trois ans initialement annoncés. Au Portugal, les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi élevés. Et je n’imagine même pas les conséquences qu’aurait un défaut sur la dette espagnole… Je suis habité par un sentiment d’urgence. Je sens venir de nouvelles catastrophes, auxquelles les États ne pourront plus répondre comme ils l’ont fait.
Cela ne vous suffit-il pas d’avoir connu la pire crise depuis la Grande Dépression ?
Entre 2007 et 2010, la dette publique mondiale a augmenté de 45 %. Et l’on sait pourquoi : parce que les États ont sauvé les banques et relancé les économies. Il serait tout de même temps de s’interroger sur les causes profondes de la crise financière, au lieu de se contenter de mettre en évidence « la prise de risque excessive » de la part d’un certain nombre d’acteurs financiers, dont il faudrait, nous dit-on, mieux encadrer les activités à l’avenir.
Vous privilégiez une explication « réelle », basée sur la déformation du partage de la valeur ajoutée en défaveur des salariés, qui a poussé les ménages à s’endetter de plus en plus ?
La montée des inégalités n’est qu’une conséquence intermédiaire ; elle est elle-même la conséquence de la libéralisation de la sphère financière dans les années 70 et 80. Au début des années 70, on a abandonné les parités fixes. Puis, au début des années 80, on a libéralisé les taux d’intérêt – c’est-à-dire qu’on a laissé « le marché » fixer cette autre variable économique fondamentale, qui, auparavant, était fixée par la puissance publique, par ce que l’on appelle les autorités monétaires : la Banque centrale et le ministère de l’Économie et des Finances.
Y a-t-il eu une seule crise financière entre la fin de la guerre et le début des années 70 ? Non. Les crises financières sont venues après cette folie qui a consisté à libéraliser les deux prix fondamentaux que sont les taux d’intérêt et les taux de change…
Cette libéralisation a provoqué le développement des produits dérivés et des innovations financières, car il était devenu nécessaire de se couvrir contre les variations des parités et des taux. Mais elle a aussi provoqué l’émergence de très grands investisseurs institutionnels, qui ont pu exiger des entreprises des taux de rentabilité faramineux, dont on a vu les effets catastrophiques sur le monde du travail.
Si je vous comprends bien, la crise actuelle est celle du capitalisme patrimonial basé sur l’impératif unique de « création de valeur pour l’actionnaire ». Exact ?
À condition de remonter à l’origine : la libéralisation de la sphère financière.
Mais enfin ! c’est vous, les économistes, qui nous avez assuré que la libéralisation nous apporterait le paradis sur terre – je veux dire : l’optimum économique ou l’allocation optimale des ressources.
Pour ma part, je n’ai jamais prôné la libéralisation de la finance.
Vous accusez en effet vos collègues et leur théorie néoclassique, la vision dominante au sein de la profession, qui est – je vous cite – « la version académique du néolibéralisme ». Beaucoup d’économistes ne seront pas d’accord sur ce point…
À partir du moment où vous avez dans la tête un modèle d’équilibre général des marchés qui représente un optimum social et que vous êtes persuadé que tout écart par rapport à cette situation est source d’inefficacités, vous ne pouvez même plus concevoir qu’il est des domaines, comme les services publics et la sphère financière, où l’État doit absolument intervenir.
C’est en effet d’autant plus étonnant que les économistes n’ont jamais démontré que la main invisible conduisait à l’optimum – ou alors en posant des hypothèses qu’on qualifie d’« héroïques », ce qui est un euphémisme…
On peut le dire ainsi. Mais vous me paraissez encore plus radical que moi.
La solution serait-elle donc de revenir aux changes fixes et aux taux d’intérêt administrés ?
Oui. Par étapes. Il faut, à l’échelle internationale, une « monnaie commune », comme disait Keynes. Son idée est fondamentale pour l’économie mondiale : il faut une organisation monétaire internationale qui offre aux acteurs de l’économie réelle de la visibilité. Or, dire cela, c’est tuer dans l’œuf la spéculation telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Car quand on parle de monnaie, on parle en réalité de taux de change et de taux d’intérêt. Et dire qu’on veut aller vers une monnaie commune, c’est souhaiter forcément des taux de change fixes, mais ajustables.
Mais il faut aussi, écrivez-vous, un mécanisme qui permette de résorber les grands déséquilibres internationaux. Et, à nouveau, vous reprenez une idée de Keynes, qui avait été rejetée par les Etats-Unis lors de la conférence de Bretton Woods en 1944, à savoir : un mécanisme qui n’impose pas l’effort d’ajustement aux seuls pays enregistrant un déficit commercial, mais aussi à ceux qui sont en surplus. Mais ne pourrions-nous envisager de mettre cela en œuvre en Europe dès maintenant, au lieu d’exiger des seuls pays de la périphérie de la zone euro qu’ils « mettent leurs maisons en ordre » ?
Absolument. Cela, c’est la vraie formule de sortie de la crise de l’euro, dans laquelle on se précipite en ce moment.
Parlons de la France, vous soulignez que le Parti de gauche, de Jean-Luc Mélenchon, est le seul à avoir diagnostiqué la surpuissance de la finance libéralisée et mis en évidence les conséquences délétères de la valeur actionnariale. Pensez-vous pouvoir être entendu au PS ?
Fondamentalement, la question centrale est de savoir s’il suffit simplement d’imaginer des règles qui limitent les dégâts que provoque le fonctionnement de la sphère financière (à l’image de ce qui a été fait lors des quatre dernières réunions du G20) ; ou bien s’il faut rompre avec cette logique et – osons l’expression – chercher la confrontation avec la sphère financière. Car ce qui est véritablement en jeu aujourd’hui, c’est la maîtrise par les gouvernements du financement à long terme de l’économie.

Une réflexion de ma part:
Il est admis par tous que ce qui devient cher, attire moins les acquéreurs. Dans la  spéculation actuelle, c'est l'inverse qui se produit. plus ça prend de la valeur et plus ils en veulent. Où est le cercle vicieux?

vendredi 17 juin 2011

Quand Besson quitte le plateau de "Capital"

Le ministre de l'Industrie semble ne pas supporter la contradiction
La suite n'est pas mal non plus
On peut dire que les politiques rivalisent dans le médiatique

La mauvaise Grèce!

Revoilà la mauvaise Grèce. La Grèce des tricheurs, des fraudeurs, des fainéants, telle que la dépeignent les médias français et européens, quasi-unanimes, terrifiés par "la descente aux enfers" de la Grèce. Mais reporter sur les Grecs toute la responsabilité de la crise actuelle est pour le moins exagéré. C'est oublier l'étrange tolérance de l'Union Européenne, des années durant, envers les fameux "tricheurs" grecs. Oublier que tous les pays maquillent le montant de leur déficit, à des degrés différents, certes. Et c'est enfin oublier que l'Europe aurait pu consentir à la Grèce des conditions de prêts moins draconiennes. Pour que vous ne soyez pas dupes de ceux qui vont tenter de faire de la Grèce le bouc émissaire de la tempête sur l'euro, nous avons souhaité y revenir en détail. L' article est ici.



Les billets humoristiques


Un peu d'humour: 


Le billet de François Morel du 17 juin 2011


Le billet de Sophia Aram du 15 juin 2011

jeudi 16 juin 2011

Alimentation: la bourse ou la vie?


la bourse ou la vie

 
Voici l'émission qu j'ai regardé hier soir. C'est un sujet grave!

Pain, farines, huiles, pâtes, biscuits et même viande… les prix ne cessent de grimper. Après l'envolée des cours du pétrole et de l'énergie, c'est au tour des denrées alimentaires de battre des records.
Depuis 2007 et la crise des subprimes, on spécule sur le blé, le maïs, le riz, le colza, l'orge et le soja. Toute la base de notre alimentation est devenue un produit financier comme un autre.
Mais ce n'est pas tout, désormais l'alimentation mondiale est aux seules mains de quelques multinationales. Elles imposent un modèle d'agriculture industriel, où les fermiers sont devenus les ouvriers de l'agro-business. Elles aussi participent à la flambée des prix et à la disparition d'une agriculture locale.
Près d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim, et pourtant toutes les denrées alimentaires ne sont pas forcément destinées à remplir des estomacs.
Une bonne partie des récoltes — blé, maïs, colza, soja, sucre — finissent dans le réservoir de nos voitures. Le meilleur exemple : 40 % du maïs nord-américain sert à fabriquer des agro-carburants !
Les investisseurs et les géants de l'agroalimentaire se sont lancés dans une course effrénée pour cultiver les millions d'hectares à travers le monde, afin de faire main basse sur les meilleures terres arables, en Afrique ou en Amérique du Sud.
Les équipes de "'Pièces à conviction" ont enquêté en France, en Afrique et en Amérique du Sud sur les vraies raisons de la crise alimentaire.

L'affaire Luc Ferry !



Non au remboursement par Matignon des salaires de L.Ferry





Matignon a décidé sans consulter le Parlement, de rembourser des salaires indûment perçus par Monsieur Luc Ferry. 
Quel citoyen ordinaire pourrait bénéficier d'une telle mansuétude? Il faut que cessent ces discriminations, ces avantages, ces passe-droits!
Nous refusons que les impôts servent à rembourser les salaires de Monsieur Luc Ferry.

mercredi 15 juin 2011

Le bar où les Belges s'aiment encore

Dans ce petit café de Bruxelles, on boit, on fume et on chante sans modération. Ici les habitués sont flamands, wallons et bruxellois, belges comme le chanteur Arno ou venus du monde entier. Pendant que la Belgique se disloque, Chez Martine est un petit coin d'Europe solidaire.