vendredi 30 septembre 2011

La Grèce, le SDF de l’Europe


Les politiques font jouer aujourd’hui à la Grèce un rôle analogue à celui qu’endosse le SDF depuis la fin des années 80, époque à laquelle ce dernier entre avec fracas sur la scène médiatique.
Un français sur deux a peur de devenir SDF. Si le clochard était une figure de l’altérité, le SDF est une figure à laquelle on s’identifie. Comme nous, il est né dans une famille. Comme nous, il avait un emploi. Comme nous, il avait un domicile.  Mais, comme le disait si bien Laurence Parisot, la vie est précaire. Tout peut basculer d’un instant à l’autre. Et tout un chacun peut se retrouver sans emploi, à la rue, et perdre jusqu’au filet de sécurité que représente la famille. La droite néo-libérale n’a eu de cesse d’alimenter cette peur en signifiant à chacun : « le SDF, ce pourrait être vous ». La peur est une passion utile, dont les puissants ont toujours su jouer. 

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La Grèce, le SDF de l’Europe

mardi 27 septembre 2011

M. Sarkozy: révélez les secrets de l'affaire Karachi

Le constat est choquant! Le Président Sarkozy bloque en ce moment l'enquête judiciaire sur l'affaire Karachi -- l'énorme scandale de corruption qui implique deux de ses plus proches amis mis en examen pour des pots-de-vin présumés dans des contrats d'armement avec le Pakistan. Seule une mobilisation citoyenne massive pourrait l'obliger à dévoiler la vérité.

La commission chargée du secret défense vient de recommander la déclassification de documents relatifs à l'affaire et l'étau judiciaire se resserre autour de l'entourage proche de Sarkozy, mais celui-ci fait la sourde oreille, dans l'espoir de voir ce feuilleton nauséabond s'éteindre. Or, à l'approche des élections présidentielles, Sarkozy est plus sensible que jamais à la pression publique -- si nous sommes suffisamment nombreux à réclamer une totale transparence dès maintenant, nous pourrions l'obliger à révéler les secrets de Karachi et mettre en lumière la corruption.

Ce scandale pourrait inclure un financement politique illégal et la mort de 15 personnes, dont 11 ingénieurs français -- il est temps de révéler les faits! Faisons résonner aujourd'hui un gigantesque tollé national et appelons Sarkozy à déclassifier immédiatement les documents nécessaires à l'enquête et à réformer le système. Signez la pétition -- nous la présenterons sur la Place de la Concorde à Paris quand nous aurons atteint 200 000 signatures:

http://www.avaaz.org/fr/france_levee_du_secret_defense/?tta

La semaine dernière, deux hauts responsables de la campagne d'Edouard Balladur pour l'élection présidentielle de 1994 -- des amis proches de Sarkozy -- ont été mis en examen pour complicité et recel d'abus de biens sociaux. Ils sont soupçonnés d'avoir ramené en France des valises de billets issus de pots-de-vins mis en place lors de la vente de sous-marins français au Pakistan, argent sale qui aurait servi au financement de la campagne. Les enquêtes en cours établissent aujourd'hui un lien sérieux avec la mort tragique de 11 ingénieurs français dans un attentat à la bombe à Karachi en 2002, la justice étudiant la piste d'une vengeance pour commissions impayées.

Les familles en deuil et les citoyens attendent désespérément des réponses, mais jusqu'à présent le gouvernement a fait obstacle à cette enquête longue et dérangeante, en se cachant derrière le principe du secret défense. L'année dernière, Sarkozy avait déclaré qu'il déclassifierait les documents portant sur l'Affaire Karachi "en temps et en heure". L'heure est venue: la Commission Consultative du Secret de la Défense Nationale vient de recommander la déclassification d'une série de documents demandés par la justice, et plusieurs députés ont invité Sarkozy à suivre cet avis. Une mobilisation citoyenne massive pourrait obliger le Président à dévoiler ces documents.

Les citoyens sont outrés par l'état de la politique et choqués par les récents scandales, qu'il s'agisse des révélations sur des valises de billets de dictateurs africains qui auraient financé des partis politiques français, ou de l'espionnage par le gouvernement de journalistes enquêtant sur "l'affaire Bettencourt". Mais des juges et des politiciens résistent, et en cette période électorale, un appel public retentissant demandant à Sarkozy de faire le ménage dans notre démocratie pourrait conduire au changement dont nous avons besoin. Signez la pétition et envoyez-la à tous vos contacts -- nous la présenterons au côté d'un réveil géant près de l'Elysée avec le message suivant: "Sarkozy: l'heure est venue de révéler les secrets de Karachi":

http://www.avaaz.org/fr/france_levee_du_secret_defense/?tta

La corruption est comme de l'arsenic dans l'eau de nos démocraties, partout dans le monde. De l'Inde à l'Italie et au Brésil, les membres d'Avaaz agissent avec succès pour extraire ce poison de la politique et remettre nos gouvernements au service des citoyens. Aujourd'hui, à nous de faire en sorte que les responsables politiques français comprennent que nous ne les laisserons plus polluer la politique dans notre pays.

Avec espoir et détermination,

Congé maladie, accident du travail, maternité... vers une baisse des indemnités journalières


Pour réduire le déficit de l'assurance-maladie, le gouvernement s'attaque aux indemnités journalières. Cette nouvelle mesure d'économie n'est pas du goût des syndicats.

Nouveau coup dur pour le pouvoir d'achat des salariés. A l'occasion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le gouvernement a annoncé l'harmonisation du mode de calcul des indemnités journalières. Et pour éviter un débat à l'Assemblée, le Ministère de la Santé a annoncé une mise en œuvre par décret, avec une entrée en vigueur dès le 1er janvier 2012.
Jusqu'à présent, les indemnités s'élevaient à 50% du salaire brut en cas d'arrêt maladie, 60% en cas d'accident du travail et 100 % du net (moins les cotisations légales et la CSG) durant un congé maternité. A partir de 2012, toutes les indemnités journalières pourraient être calculées à partir du salaire net. Le taux passera alors à 60% du net pour la maladie, 80 % pour les accidents du travail inférieurs à 29 jours, et de 80% à 100% au-delà.
Injuste mesure d'économie
Cette nouvelle assiette de calcul doit surtout permettre à la Sécurité sociale d'économiser 220 millions d'euros par an. En 2010, les arrêts maladie ont progressé de 3,8% après une hausse de 5,1% en 2009. Au total, ils représentent 6,6 milliards d'euros de dépenses chaque année. Pour le ministère du Travail, ce nouveau mode de calcul entraînera une perte de revenu de 75 euros maximum par mois pour un cadre atteignant le plafond de la sécurité sociale (ndlr, 2.946 euros bruts mensuel).
Les syndicats, eux, sont vent debout contre cette mesure qui affectera les plus précaires. Selon la CFTC, ce nouveau calcul engendrerait une diminution de 10% des indemnités journalières. Un sérieux manque-à-gagner pour tous les salariés qui ne bénéficient pas d'un complément de salaire (ceux ayant moins d'un an d'ancienneté ou travaillant dans une petite entreprise, les intérimaires, les demandeurs d'emploi). Pour les autres – les trois-quarts des salariés qui bénéficient d'un complément de salaire -, ce sont les employeurs qui payeront la différence… au risque de voir flamber le coût des contrats de prévoyance.

lundi 26 septembre 2011

Le nouveau Sénat: le changement de majorité est un événement considérable.

L'élection sénatoriale reste la plus baroque des élections dans la cinquième République. Dans une France urbaine les délégués des communes rurales y sont archi majoritaires. Les grands électeurs sont élus selon des dispositions gothiques dont le mode varie selon la taille de la commune dont ils sont issus. A la fin du micmac, selon l'article 24 de la Constitution : « le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales de la République ». Une blague ! Le souverain, c'est-à-dire le peuple, est un et indivisible, en bonne logique républicaine. Un point c'est tout. Comment pourrait-il exprimer deux avis différents sur le même sujet ? La mission du Sénat est donc ailleurs. Il est là pour servir de frein dans la démocratie. Les conservateurs pensent qu'il en faut un. Quitte à se contredire sur la nature du prétexte. Car si le Sénat représente les collectivités comment se fait-il qu'il soit resté à l'UMP si longtemps alors que la majorité des collectivités est sous la direction des  socialistes ? 60 départements sur 101 et 21 régions sur 22 ! Depuis 2008, 60% de la population vit dans une ville dirigée par un maire affilié à gauche. Cette capacité de l'élection sénatoriale à ralentir de façon incroyable la réalité résume bien sa nature. Lionel Jospin disait du Sénat qu'il est "une
 anomalie démocratique", "une survivance des chambres hautes aristocratiques". C'est juste. Mais ce n'est plus ce que disent ses successeurs à l'heure où ils rêvent d'en prendre la présidence. Je le comprends. Cette chambre n'a jamais connu d'alternance depuis 1958.

Le changement de majorité au Sénat est un événement considérable. Il change la nature du système institutionnel en faisant sauter un verrou majeur. Le Sénat peut en effet ralentir terriblement le processus législatif face à un gouvernement de gauche. C'est ce qu'il a fait contre la loi sur les 35 heures ou celle sur la CMU. Le gouvernement d'alors dut recourir au "dernier mot" de l'Assemblée qui oblige à deux lectures au Sénat et trois à l'Assemblée Nationale ! On se souviendra aussi qu'en 1999 le Sénat a bloqué la révision constitutionnelle sur la parité avant d'être contraint de céder quand même plus tard sous la honte. C'est lui aussi qui a bloqué toute initiative contre le cumul des mandats et, bien sûr, tout changement du mode de scrutin pour l'élection des sénateurs eux-mêmes. Depuis deux ans il enterre jusqu'à l'idée de voter les lois organiques pour rendre applicables certaines dispositions pourtant prévue par la dernière réforme de la Constitution. Comme celle, par exemple, qui organise le droit à un pouvoir d'initiative populaire pour déclencher des référendums. Mais le plus grave c'est évidemment son pouvoir de blocage des réformes constitutionnelles. Car pour convoquer le Congrès ou un référendum, le projet doit être "adopté dans les mêmes termes" par les deux assemblées. Ainsi est bloquée depuis l'origine l'idée de faire voter les résidents étrangers aux élections locales.

Mais en passant à gauche, le nouveau Sénat pourrait à son tour et pour les mêmes raisons,  bloquer la politique de Nicolas Sarkozy jusqu'à la présidentielle. C'est en quelque sorte une nouvelle forme de cohabitation jusqu'à la fin du quinquennat. Car cela obligera le gouvernement de droite à connaitre ce qu'ont connu les gouvernements de gauche. C'est-à-dire le recours au "dernier mot" de l'assemblée et donc à deux lectures au Sénat et trois à l'Assemblée pour chaque texte. Pour l'instant il lui en suffit d'une seule dans chaque chambre avec la procédure d'urgence actuelle. Compte-tenu du calendrier parlementaire, en fait quasiment toute réforme de droite d'ici mai 
2012 peut être bloquée. En effet  les assemblées cessent leurs travaux en février. Et comme toute la fin de l'année 2011 sera occupée par la discussion du budget et celle des comptes sociaux….. Enfin, et ce n'est pas le moindre délice, comme le Sénat peut bloquer toute révision constitutionnelle, au Congrès, un Sénat de gauche sera certain de bloquer la "règle d'or". Ça c'est bon.

vendredi 23 septembre 2011

L'entretien individuel d'évaluation, une source de stress bien inutile



L'entretien individuel d'évaluation, une source de stress bien inutile
© REA
Ce tête-à-tête annuel avec son manager est de plus en plus critiqué par les salariés, qui y voient une source de stress. Pour éviter des contentieux de plus en plus fréquents, le Centre d'analyse stratégique (CAS) formule cinq pistes d'amélioration.


La fin de l'année approche, et avec elle, la fameuse date de votre entretien d'évaluation. Plus de la moitié des salariés (54%), et même 76% des cadres, n'y échappent pas. Selon la dernière note du Centre d'analyse stratégique, l'entretien d'évaluation est devenu l'outil préféré des DRH européens pour définir les rémunérations individuelles et les progressions de carrière.
Un succès donc. Sauf que ce tête-à-tête avec les managers est de plus en plus mal vécu par les salariés. Ils se disent d'ailleurs plus stressés (7% de plus) que leurs collègues épargnés par ce rituel. Parmi les principaux griefs : la subjectivité de l'évaluation et l'opacité des critères. Les représentants du personnel dénoncent les effets négatifs d'une mauvaise évaluation sur une carrière, certaines entreprises allant jusqu'à noter et classer les salariés en fonction de leur performance. Pour les psychologues, ces entretiens favoriseraient la mise en concurrence en interne.
Pas assez objectif
Souvent bâclé, trop subjectif, l'entretien annuel génère de plus en plus de contentieux. La Cour d'appel de Toulouse a par exemple décidé, le 21 septembre, de "suspendre" le système d'évaluation des cadres d'Airbus France. Motif invoqué : il intègre des "critères comportementaux non conformes aux exigences légales". Déjà en 2007, la Cour de Cassation a reconnu la pression psychologique engendrée par les entretiens annuels.
Dans sa note, le CAS enfonce le clou et invite les employeurs à bannir de leur grille d'évaluation les critères tels "la passion pour atteindre les objectifs fixés", "la capacité à transmettre sa passion au client", "la chaleur dans les relations"… pour se cantonner à ceux en lien avec la seule activité professionnelle. Autres pistes évoquées : créer une certification pour valider la conformité des entretiens et former les managers.
Pour limiter les contentieux, les experts du CAS invitent aussi les DRH à consulter le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) lors de la mise en place d'un système d'évaluation. Ils préconisent enfin d'offrir aux salariés la possibilité de faire appel en passant un autre entretien avec le n+2 ou le DRH. Un bon garde-fou contre la subjectivité.

jeudi 22 septembre 2011

DSK au 20h de TF1, Mélenchon à minuit chez Ruquier : tout est dit.

Ou comment la société du spectacle hiérarchise l'information et le droit à la parole médiatique.
Dans nos sociétés si modernes et si démocratiques, nous n'avons plus de censure, mais tout le monde n'a pas la même voix au chapitre. Il s'agit dans un flot d'informations continu et multicanal de hiérarchiser et de créer les conditions pour que certains puissent être entendus par le plus grand nombre et dans les meilleures conditions, surtout s'ils n'ont rien à dire.
Prenons l'exemple de deux interventions médiatiques qui ont eu lieu ce week-end et qui illustrent parfaitement cette thèse.
La première, est celle de Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle pour le Front de Gauche, invité sur le plateau de l'émission « On n'est pas couché » de Ruquier. Si ce talk-show n'est pas ce qui se fait de pire en la matière, notamment parce que Ruquier case en général un invité politique à qui il laisse du temps même, il faut quand même se coltiner 45 minutes de mauvaises blagues, puis la promo de tous les invités de la soirée, avant que l'interview démarre. Donc vers minuit, Mélenchon a pu s'exprimer devant un peu moins de 2 millions de téléspectateurs. Mais même avec un temps de parole important, il n'est pas facile de poursuivre un raisonnement jusqu'à son terme : les deux remplaçantes de Naulleau et Zemmour, Audrey Pulvar et Natacha Polony doivent se mettre en avant et malmener l'invité ; les autres invités ne sont pas en reste pour donner leur avis avec en prime ce soir-là, l'inusable laudateur du capitalisme, François de Closets. Malgré ces tirs croisés, Mélenchon s'en est bien tiré, réussissant même à expliquer de manière très pédagogique le système de financement des États et le rôle parasitaire que jouent les banques privées dans ce circuit. Reste que le ton de cette émission n'est pas à la hauteur des enjeux politiques de la période et qui si cela permet tout de même de toucher un public important, on peut difficilement faire avancer ses idées et y convaincre les téléspectateurs.
La deuxième émission du week-end est à l'exact opposé : DSK a été invité à s'exprimer pendant 25 minutes au journal de 20h de TF1. C'est donc 13 millions de spectateurs qui n'auront rien appris de nouveau, à part que DSK est encore traité, par les journalistes, quasi comme un Président de la Ve République : questions connues à l'avance, pas de relance de la part de Claire Chazal malgré les réponses évasives, aucune contestation quand DSK, à de nombreuses reprises a fait valoir la plaidoirie du Pocureur comme une preuve qu'il n'y avait rien fait de condamnable, pas de demande de précisions quand il évoque u possible piège, et pour couronner le tout et tenter de démontrer que tout cela est derrière lui, Claire Chazal passe du coq à l'âne en l'interrogeant sur la crise financière ! Bref, une complaisance comme seuls les puissants savent l'organiser entre eux.
Ces deux émissions sont le symptôme d'un système médiatique qui continue, malgré les apparences de pluralité, de tenter de modeler l'opinion. C'est à l'aune du traitement médiatique que l'on voit comment le système crée et sélectionne les candidats « crédibles et ayant une stature d'homme d'État », et comment il relègue en arrière-plan ceux qui contestent l'ordre établi.
Mais ce système médiatique est lui aussi en difficulté : DSK n'aura convaincu pratiquement personne et les grands médias télévisuels sont concurrencés par des sites internet d'informations de qualité qui redonnent toutes leurs places aux enquêtes journalistiques…
Faisons un rêve : un jour, nous aurons peut-être un week-end médiatique qui verra DSK subir les blagues de Ruquier sur ses affaires de moeurs, pendant que Mélenchon fera un 20h pour évoquer la crise financière et les solutions de gauche qu'on peut lui apporter.
Ce jour-là, les médias seront au service du débat citoyen.

Bons baisers de Tanger

   

mercredi 21 septembre 2011

Retraite : se faire rembourser les rachats de trimestres à la Sécu peut rapporter gros


Retraite : se faire rembourser les rachats de trimestres à la Sécu peut rapporter gros
©REA
La réforme des retraites de 2010 a davantage augmenté l'âge légal de départ à la retraite que le nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein. Conséquence : certains assurés qui avaient racheté des trimestres se retrouvent une fois l'âge légal atteint avec plus de trimestres que nécessaire.

Heureusement, le gouvernement permet aux assurés nés à partir de juillet 1951 de se faire rembourser tous les trimestres (en trop ou non) rachetés avant le 13 juillet 2010, à condition qu'aucune pension de retraite de base, ou complémentaire, n'ait été liquidée. Cette possibilité est ouverte jusqu'au 11 novembre 2013. A noter que la loi n'interdit pas à un assuré qui s'est fait rembourser des trimestres de faire ultérieurement une nouvelle demande de rachat.
Dès lors, on peut avoir intérêt à demander aujourd'hui le remboursement de trimestres, quitte à en racheter plus tard. C'est notamment vrai pour les assurés qui partiront à la retraite plus tard que prévu en raison du report de l'âge légal. L'explication financière : avec la réforme des retraites, le coût du rachat de trimestres a baisse.

Prenons l'exemple d'un salarié né en janvier 1956. Un rachat de trimestres effectué début 2010 lui a coûté 3 840 euros par trimestre, hors économie d'impôt (cette opération est entièrement déductible des revenus imposables). Ce même rachat réalisé aujourd'hui lui coûterait 112 euros de moins par trimestre. Soit une économie de 1.344 euros s'il rachète 12 trimestres (le nombre maximum autorisé). Bref, ce salarié y gagnera à se faire rembourser les trimestres acquis début 2010, puis à les racheter.

On peut aussi avoir intérêt à demander le remboursement des trimestres rachetés uniquement pour des raisons fiscales, autrement dit dès lors que sa tranche marginale d'imposition a baissé. Là, on gagne de l'argent puisque les trimestres rachetés ont permis de faire des économies d'impôts plus importantes que l'augmentation d'impôts consécutive au remboursement des trimestres (il faut en effet intégrer ces remboursements dans ses revenus).
Ainsi, si le salarié de l'exemple précédent avait une tranche marginale d'imposition à 40 % en 2010, il aurait déboursé 3.840 euros pour chaque trimestre. Sur cette somme, il aurait donc bénéficié d'une économie d'impôts de 1.382,40 euros, et chaque trimestre lui aurait coûté 2.457,60 euros. Admettons que sa tranche marginale tombe à 30% en 2011 et qu'il demande le remboursement : il touchera 3.840 euros par trimestre, sur lesquels il devra payer 1.036,80 euros d'impôt. Il lui restera donc 2.803,20 euros.

Au final, cette opération lui aura fait gagner 345,60 euros (2.803,20 – 2.457,60) par trimestre racheté, soit 4.147 euros pour 12 trimestres…

Et encore, ces chiffres s'entendent à euros constants, la somme réellement remboursée sera plus importante car elle tiendra compte de la revalorisation appliquée chaque année aux retraites.

mardi 20 septembre 2011

L'Europe s'en prend à l'aide alimentaire

Les Restos du coeur prévoient une chute de 25% de leurs ressources.

La promesse de Bruxelles de réduire son Programme d'aide aux démunis (PEAD), en faisant passer son budget de 500 millions d'euros en 2011 à 113 millions en 2012, a mis les associations françaises en charge de l'aide alimentaire en émoi.
Les Restos du cœur, la Croix-Rouge, le Secours populaire, les Banques alimentaires, qui reçoivent toutes des fonds communautaires, se réunissent ce lundi 19 septembre pour protester contre ce projet d'abaissement de l'aide alimentaire.
Car sauf rebondissement, mardi lors du conseil des ministres de l'agriculture à Bruxelles, il sera décidé d'abaisser l'aide de 78 millions en 2011 à 15,9 millions pour l'an prochain, réduisant la capacité d'accueil des associations de 11 millions de repas.

Inquiétude des associations
Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, pour qui l'aide européenne représente 55 % des denrées, déclare :  "la demande d'aide des personnes en difficulté explose".
"Nous avons secouru 2 millions de personnes en 2009, 2,4 millions en 2010, et nous avons déjà dépassé ces chiffres cette année alors que nous ne sommes qu'en septembre", ajoute-t-il.
C'est la même inquiétude aux Restos du cœur et à la Croix-Rouge, qui ont déjà prévu une chute de 25 % de leurs ressources.
Maurice Lony, le directeur de la Fédération française des banques alimentaires, va plus loin en affirmant que cela aurait des conséquences dramatiques sur l'équilibre nutritionnel des repas.
En ce qui concerne le ministère de l'agriculture français qui a été joint par La Croix, il s'agit de "travailler à trouver une solution", en sachant qu'une compensation nationale n'est pas envisagée.
A l'heure où le monde est en crise, où l'on trouve des milliards pour une Grèce en péril, il est tout de même scandaleux de voir l'Europe laisser tomber les principales victimes d'un modèle qu'elle a organisée.
          

mardi 13 septembre 2011

Retraite : ces sénateurs qui touchent plus de 10.000 euros de pension



Retraite : ces sénateurs qui touchent plus de 10.000 euros de pension
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A quelques jours des élections sénatoriales, Mediapart a publié un document sur la retraite dorée des sénateurs.


Si les Français s'inquiètent du montant des pensions de leur future retraite, les sénateurs, sont, eux, à l'abri. Non seulement ils profitent d'un régime spécial encore avantageux, mais, selon le site Mediapart, de nombreux parlementaires siégeant ou ayant siégé au Palais du Luxembourg bénéficient en plus d'un bonus, leur permettant de toucher d'importants suppléments de retraite.
Pour en profiter, il suffit d'avoir occupé pendant au moins trois ans un poste de "dignitaire", c'est-à-dire une fonction telle que questeur ou président de groupe, explique Mediapart. Pour ce labeur, ces sénateurs (actuellement une quarantaine) reçoivent des bonus, sur lesquels ils peuvent cotiser pour la retraite, ce qui leur permet de doper un peu plus le montant de leur pension.
Certains de ces "dignitaires" vont jusqu'à recevoir 5.170 euros supplémentaires. Mediapart cite l'exemple de Michel Charasse, un ex-sénateur PS, actuellement au Conseil constitutionnel, qui touche 4.470 euros, en plus de sa pension de 8.740 euros. Soit, au total, 13.210 euros brut, ce qui représente 2,4 fois l'indemnité parlementaire de base. Deux autres élus, au moins, touchent plus de 10.000 euros au titre de leur retraite, affirme le site, qui s'est procuré un document interne daté de 2008.
Le Sénat, qui avait porté plainte pour "vol de documents" suite aux révélations de Mediapart sur le train de vie de certains de ses membres cet été, n'a pas fait de commentaires.
          

lundi 12 septembre 2011

Un "porteur de valises" accuse Chirac et Villepin

Un "porteur de valises" accuse Chirac et Villepin

L'avocat Robert Bourgi met en cause dans une interview accordée au Journal du Dimanche l'ancien président Jacques Chirac et son ancien Premier ministre Dominique de Villepin dans une affaire de financements occultes en provenance d'Afrique.

Robert Bourgi dit avoir été chargé de transferts de fonds entre les chefs d'Etat africains et l'Elysée sous la présidence de Jacques Chirac. Il évoque des sommes de plusieurs dizaines de millions, ayant notamment servi à financer la campagne de Jacques Chirac pour la présidentielle de 2002.
"J'étais le porteur de valises de Chirac puis Villepin," dit Robert Bourgi, qui affirme avoir "vu Chirac et Villepin compter les billets."
Interrogé par le JDD, Dominique de Villepin a formellement démenti les accusations de Robert Bourgi.
"Tout cela n'est que fariboles et écrans de fumée", dit-il. "Je n'ai jamais cessé, depuis 1993, de me mobiliser contre les réseaux de quelque nature que ce soit, en vue d'une moralisation de la vie politique dans le cadre fixé par Jacques Chirac."
François Hollande, favori de la primaire socialiste pour la présidentielle de l'an prochain, a réagi en demandant dimanche l'ouverture d'une enquête judiciaire.
"Moi, ce que je demande, c'est que le garde des Sceaux puisse demander au parquet d'ouvrir immédiatement une procédure judiciaire parce qu'on doit savoir ce qui s'est passé pendant toutes ces années, parce que ce sont de graves infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales, et peut-être même davantage", a dit François Hollande sur Canal+.
Les accusations de Robert Bourgi interviennent quelques jours après la publication du livre de Pierre Péan, "La République des mallettes", qui affirme que Dominique de Villepin aurait reçu une vingtaine de millions de dollars de chefs d'Etat africains entre 1992 et 2005.
L'ancien Premier ministre a dénoncé "un livre de fantasmes".
Patrick Vignal

vendredi 9 septembre 2011

la concurrence financière est souvent déstabilisante et conduit à des évolutions de prix excessives et irrationnelles, les bulles financières.

Extrait du Manifeste d'économistes atterrés
...
L'erreur majeure de la théorie de l'efficience des marchés financiers consiste à transposer aux produits financiers la théorie habituelle des marchés de biens ordinaires. Sur ces derniers, la concurrence est pour partie autorégulatrice en vertu de ce qu'on nomme la « loi » de l'offre et de la demande : lorsque le prix d'un bien augmente, alors les producteurs vont augmenter leur offre et les acheteurs réduire leur demande ; le prix va donc baisser et revenir près de son niveau d'équilibre. Autrement dit, quand le prix d'un bien augmente, des forces de rappel tendent à freiner puis inverser cette hausse. La concurrence produit ce qu'on appelle des « feedbacks négatifs », des forces de rappel qui vont dans le sens contraire du choc initial. L'idée d'efficience naît d'une transposition directe de ce mécanisme à la finance de marché.
Or, pour cette dernière, la situation est très différente. Quand le prix augmente, il est fréquent d'observer, non pas une baisse mais une hausse de la demande ! En effet la hausse du prix signifie un rendement accru pour ceux qui possèdent le titre, du fait de la plus-value réalisée. La hausse du prix attire donc de nouveaux acheteurs, ce qui renforce encore la hausse initiale. Les promesses de bonus poussent les traders à amplifier encore le mouvement. Jusqu'à l'incident, imprévisible mais inévitable, qui provoque l'inversion des anticipations et le krach. Ce phénomène digne des moutons de Panurge est un processus à « feedbacks positifs », qui aggrave les déséquilibres. C'est la bulle spéculative : une hausse cumulative des prix qui se nourrit elle-même. Ce type de processus ne produit pas des prix justes, mais au contraire des prix inadéquats.
...
Regardez le "
Manifeste d'économistes atterrés":  Économistes Atterrés 

Les pays avancés sont passés sous la barre des 50% de la production mondiale



La part de marché des pays avancés dans la production mondiale est passé sous la barre des 50%. Source : Euler Hermès Sfac.


C'est fait. Le rattrapage des pays émergents, longtemps annoncé, parfois réfuté, s'est bel et bien produit fin 2009 : la part de marché des pays avancés dans la production mondiale est, pour la première fois de l'histoire, passée sous la barre des 50%. A l'inverse, celle de l'Asie, de l'Europe Centrale, de l'Amérique Latine et de l'Afrique/Moyen-Orient, atteint désormais les 52%. 


Le graphique ci-dessus l'illustre : la crise déclenchée par le choc des subprimes a accéléré le processus. 
Alors qu'entre le deuxième trimestre 2008 et le dernière trimestre 2009, en pleine tourmente économique, l'Asie a augmenté sa part de marché mondiale de 5,2%, celle de la zone euro a reculé de 1,8%, et même, de 4,6% pour l'ensemble des pays avancés. Le niveau de production aux Etats-Unis et au Japon est retombé à son niveau de 2002, et celui de la zone euro, à son niveau de 1999. 
L'ère de rigueur dans laquelle l'ensemble des pays européens s'apprêtent à plonger ne risque probablement pas d'améliorer les choses. On peut s'attendre à ce que ce décrochage s'accentue encore ces prochains mois. 

Pourquoi écoute-t-on encore les agences de notation ?




Pourquoi écoute-t-on encore les agences de notation ?

On se le demande ! La crise des subprimes a prouvé que leurs analyses sont souvent à côté de la plaque. Pourtant, elles continuent de dicter leur loi sur les marchés. Ainsi, la dégradation de la note de la Grèce de «B» à «CCC», en juin dernier par Standard & Poor's a accéléré les difficultés du pays, tout comme celle du Portugal, passée de «A-» à «BBB-». Même les USA ont perdu le «AAA», devenant un simple «AA+», et tout le monde redoute aujourd'hui que la France connaisse le même sort prochainement. 

Mais si les chefs d'Etat du G20, malgré leur promesse, n'ont rien fait pour limiter leur influence, c'est parce qu'outre un manque de courage manifeste et une oreille un peu trop attentive accordée aux lobbys, la tâche est plus ardue qu'elle en a l'air. « Pour y arriver, il faudrait d'abord détricoter l'ensemble des réglementations financières », explique 
Norbert Gaillard,consultant à la Banque Mondiale et auteur de "Les agences de notation", aux éditions La Découverte. Aux Etats-Unis et en Europe, les régulateurs se sont en effet appuyés sur les notes des trois grandes agences (Moody's, Fitch Ratings et Standard & Poor's) pour définir quels titres les banques et assureurs ont le droit de détenir ou non. Et des milliers de contrats financiers privés en font de même. Ainsi, la plupart des Sicav ou Fonds communs de placement ont uniquement le droit d'acheter des obligations notées au dessus de «BB+». Lorsqu'un pays voit sa note tomber à «BB-», les assureurs sont ainsi contraints de se débarrasser de toutes les obligations qu'ils détiennent, aggravant du même coup les difficultés du pays. 

Pour tenter de limiter les effets pervers de ce système, Obama avait pourtant, dans sa réforme financière adoptée en 2010 (le «Dodd Frank Act»), glissé un chapitre indiquant que désormais, les investisseurs mécontents des notations de l'une des trois grandes agences pouvaient se retourner contre elles et porter plainte. Mais le 21 juillet dernier, tandis que l'Europe adoptait un nouveau plan de sauvetage de la Grèce, les Représentants ont discrètement abrogé cette partie de la loi… 

jeudi 8 septembre 2011

Tripatouillages autour des chiffres du chômage

Nicolas Sarkozy s'est permis une belle pirouette en commentant le 2 septembre les mauvais chiffres du chômage, le mois de juillet étant le troisième mois consécutif a enregistrer une hausse du nombre de demandeurs d'emploi. Le président des riches a insisté sur la vigueur des créations d'emploi et établit un lien entre chômage et démographie. En clair, les mauvaises statistiques seraient dues à la vitalité démographique française.
Les grands médias ont repris à leur compte les déclarations de Sarkozy et du gouvernement. Et ont asséné les statistiques publiées par le ministère de l'Emploi : ainsi le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (ceux n'ayant exercé aucune activité au cours du mois) en France métropolitaine a augmenté de 36 100 (+1,3 %) le mois dernier pour s'établir à 2 756 500. Et on n'en saura pas plus.
Pourtant, le collectif « Autres chiffres du chômage » (ACDC) a livré récemment d'autres informations sur le chômage. Au deuxième trimestre 2011, les besoins d'emploi non satisfaits concernaient 5 millions de personnes en France. Ainsi, chômeurs et personnes en sous-emploi représentent au total 14,2 % de la population active (deuxième trimestre 2011). Le taux de chômage s'élève pour la France à 9,6 %, en baisse de 0,1 point sur une année. Mais les inscriptions à Pôle emploi concernent plus de 5,1 millions de personnes au deuxième trimestre 2011.
Sur un an, cette population a augmenté de 1,8 %, souligne le collectif avec ce commentaire : « En raison de ces larges différences de champ entre les personnes inscrites à Pôle Emploi, d'une part, et les personnes définies comme étant au chômage ou en sous-emploi par l'INSEE, d'autre part, l'analyse conjoncturelle qui s'appuie sur les statistiques mensuelles de Pôle Emploi ne délivre pas le même diagnostic que celui issu des enquêtes Emploi de l'INSEE. Ce constat se vérifie même si l'on se limite à la seule catégorie A, dont la définition est conceptuellement la plus proche de celle du chômage BIT. Sur la dernière année, le nombre de ces demandeurs a très légèrement augmenté (+0,4%), tandis qu'on observait un reflux du nombre de chômeurs ».
Lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait fixé un objectif de plein emploi à moins de 5 % de taux de chômage, alors qu'un certain nombre d'économistes annonçaient une crise financière.

mercredi 7 septembre 2011

Il n’y aura pas de procès Tchernobyl en France

 La cour d'appel de Paris a accordé mercredi un non-lieu à l'unique prévenu.
Le professeur Pierre Pellerin était poursuivi pour "tromperie aggravée"
Le professeur Pierre Pellerin était poursuivi pour "tromperie aggravée" © REUTERS
Il était le seul mis en examen. Le professeur Pierre Pellerin, 88 ans, était soupçonné d'avoir dissimulé au public l'ampleur de la radioactivité due au passage du nuage de Tchernobyl, en 1986. Poursuivi pour « tromperie aggravée », il a bénéficié d'un non-lieu prononcé mercredi par la cour d'appel de Paris, ce qui met fin à l'enquête ouverte en 2001 sur l'affaire.
L'abandon de l'enquête, déploré par les parties civiles, n'est pas une surprise : la cour d'appel a suivi les recommandations du parquet général , qui estimait en mars que les analyses scientifiques ne permettaient pas d'établir un lien entre le passage du nuage radioactif et des maladies de la thyroïde.

Pourvoi en cassation

D'après un rapport d'experts publié en août, la proportion de troubles de la thyroïde a pourtant connu une forte augmentation après 1986 en Corse, région particulièrement touchée. Me Bernard Fau, avocat des parties civiles, a affirmé que l'association regroupant les victimes entendait se pourvoir en cassation.
"C'est une décision qui va laisser un goût amer du point de vue des victimes", a-t-il réagi, affirmant qu'elle laisserait aussi un goût amer "chez tous ceux qui, dans la société civile, ont attaché un intérêt à l'impact que peut avoir un nuage radioactif survolant un pays après une catastrophe nucléaire".
En 1986, Pierre Pellerin, spécialiste du nucléaire, était à la tête du Service central de protection contre les rayons ionisants. L'organisme avait émis des avis rassurants sur l'impact de la catastrophe en France. L'un des communiqués affirmait notamment que "l'élévation relative de la radioactivité" en France était "très largement inférieure aux limites réglementaires".