C’est une discussion a priori technique qui s’est ouverte cette semaine à Bruxelles entre les 27 pays membres de l’Union européenne. Elle devrait se conclure lors d’un sommet extraordinaire les 22 et 23 novembre, avec un accord sur un budget pluriannuel de l’Europe de 2014 à 2020. Loin des grands discours, nous voici pourtant dans le concret : l’Europe, combien ça coûte, quels moyens financiers sommes-nous prêts à lui accorder et pour faire quoi ?
C’est donc bien le cœur de la politique européenne jusqu’en 2020 qui est en train d’être discuté : une fois de plus à l’abri des opi- nions publiques et en se gardant bien d’en faire un objet de débat. Cela le mériterait pourtant puisqu’à travers ce budget va se jouer une partie de l’avenir du Vieux Continent : d’abord la sortie – ou non – de la crise ; ensuite la poursuite de l’aide – ou non – aux Etats d’Europe centrale, des pays baltes à la Bulgarie, en passant par la Roumanie et la Pologne.
L’Europe de la croissance et de la solidarité ! On connaît le slogan des socialistes, repris par François Hollande. Le chef de l’Etat s’est fait fort de « réorienter l’Europe » en faisant accepter à ses partenaires un pacte de croissance (120 milliards d’euros) accompagnant le carcan du traité budgétaire européen. Voilà pour l’affichage. Car à Bruxelles, c’est un tout autre scénario qui est en train de s’écrire. Rien ne parle de croissance dans les sept années de budget en discussion, et la solidarité est, à ce stade, mise en pièces par les égoïsme nationaux. Ne parlons pas même de la création, demandée par les socialistes européens, d’un impôt européen qui permettrait d’accroître les ressources propres de l’Union : ce n’est pas l’ordre du jour.
Dans un premier temps, la Commission européenne s’est fait retoquer sa proposition d’un budget de 1 033 milliards d’euros sur sept ans (contre 976 milliards pour les six années passées). Trop, trop cher, dispendieux ! ont aussitôt crié les 12 pays contributeurs nets. Chacun à sa façon, les pays les plus riches se sont lancés dans une surenchère de menaces pour revoir à la baisse leur enve- loppe.
Le Premier ministre britannique, bousculé par sa majorité qui demande une baisse globale du budget, menace d’user de son veto. La France promet d’en faire autant « si les crédits de la politique agricole commune sont amputés ». Le Danemark crie très fort, indigné par le poids des dépenses agricoles (premier poste avec 44 % du budget, devant les fonds structurels) : « C’est un budget des années 50 ! » laissant de côté l’emploi et l’innovation. L’Allemagne veut pour sa part conditionner les aides au respect de la discipline budgétaire.
Bref, la valse des égoïsmes occupe tout Bruxelles... La France et l’Allemagne se sont déjà rapprochées pour demander à la Commission un coup de rabot d’une centaine de milliards. Ce serait donc au mieux la stagnation budgétaire : celle qui annonce une austérité prolongée jusqu’à la fin de la décennie et l’accep- tation que la crise est notre horizon.
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