vendredi 9 septembre 2011

Pourquoi écoute-t-on encore les agences de notation ?




Pourquoi écoute-t-on encore les agences de notation ?

On se le demande ! La crise des subprimes a prouvé que leurs analyses sont souvent à côté de la plaque. Pourtant, elles continuent de dicter leur loi sur les marchés. Ainsi, la dégradation de la note de la Grèce de «B» à «CCC», en juin dernier par Standard & Poor's a accéléré les difficultés du pays, tout comme celle du Portugal, passée de «A-» à «BBB-». Même les USA ont perdu le «AAA», devenant un simple «AA+», et tout le monde redoute aujourd'hui que la France connaisse le même sort prochainement. 

Mais si les chefs d'Etat du G20, malgré leur promesse, n'ont rien fait pour limiter leur influence, c'est parce qu'outre un manque de courage manifeste et une oreille un peu trop attentive accordée aux lobbys, la tâche est plus ardue qu'elle en a l'air. « Pour y arriver, il faudrait d'abord détricoter l'ensemble des réglementations financières », explique 
Norbert Gaillard,consultant à la Banque Mondiale et auteur de "Les agences de notation", aux éditions La Découverte. Aux Etats-Unis et en Europe, les régulateurs se sont en effet appuyés sur les notes des trois grandes agences (Moody's, Fitch Ratings et Standard & Poor's) pour définir quels titres les banques et assureurs ont le droit de détenir ou non. Et des milliers de contrats financiers privés en font de même. Ainsi, la plupart des Sicav ou Fonds communs de placement ont uniquement le droit d'acheter des obligations notées au dessus de «BB+». Lorsqu'un pays voit sa note tomber à «BB-», les assureurs sont ainsi contraints de se débarrasser de toutes les obligations qu'ils détiennent, aggravant du même coup les difficultés du pays. 

Pour tenter de limiter les effets pervers de ce système, Obama avait pourtant, dans sa réforme financière adoptée en 2010 (le «Dodd Frank Act»), glissé un chapitre indiquant que désormais, les investisseurs mécontents des notations de l'une des trois grandes agences pouvaient se retourner contre elles et porter plainte. Mais le 21 juillet dernier, tandis que l'Europe adoptait un nouveau plan de sauvetage de la Grèce, les Représentants ont discrètement abrogé cette partie de la loi… 

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