mercredi 22 juin 2011

Le peuple peut reprendre le pouvoir

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Jean-Luc Mélenchon, investi candidat du Front de gauche, estime qu'en prenant une décision exceptionnelle, le PCF est « fidèle aux seuls intérêts du peuple ».
Vous souhaitiez un vote « franc » 
en votre faveur. Avec près de 60 % des voix, êtes-vous satisfait ?
Jean-Luc Mélenchon. Je vis pleinement l'honneur qui m'est fait et le poids de la tâche qui 
est dorénavant la mienne. 
Je mesure surtout l'importance du moment. Les communistes viennent de prendre une décision exceptionnelle. Elle répond à la situation exceptionnelle que nous vivons. À gauche, nous avons le devoir de sortir de nos routines pour ouvrir au plus vite un chemin progressiste dans la catastrophe que répand le capitalisme. 
Les communistes ont su le faire. Cela démontre au passage à tous les sceptiques qu'un parti politique peut être fidèle aux seuls intérêts du peuple.
Comment, avec votre candidature, l'ensemble des partenaires, actuels et à venir, du Front de gauche vont-ils s'inscrire dans la campagne présidentielle et législative ?
Jean-Luc Mélenchon. Comme ils 
le souhaitent ! Nous sommes 
à la fois unis et divers. Dans notre rassemblement, chacun reste lui-même et apporte ce qu'il a de meilleur. Mon modèle est la campagne de 2005 (sur le traité constitutionnel européen – NDLR). Pas seulement parce que nous avons gagné. Mais aussi parce que, cette année-là, nous avons inventé un type de campagne radicalement collectif, fondé sur l'implication du peuple et l'imagination de chacun.
Vous vous référez volontiers 
à votre livre et ses cinq chapitres programmatiques. Le « programme partagé » du Front de gauche, 
qui vient d'être élaboré, sera-t-il celui du candidat que vous êtes devenu ?
Jean-Luc Mélenchon. Je suis le candidat du Front de gauche, de ses militants et de son programme. Ce n'est pas difficile car nous l'avons écrit ensemble ! Je m'y suis personnellement beaucoup impliqué. Mes convictions s'y retrouvent assez largement pour que je ne sois jamais embarrassé et plutôt enthousiaste. Et pour le reste, je suis comme tout le monde, j'ajouterais et je retrancherais volontiers ici ou là.
À la veille des congés d'été, quelle sera votre campagne sur le terrain ?
Jean-Luc Mélenchon. Mon premier déplacement sera dans les Bouches-du-Rhône, auprès de travailleurs de Fralib, qui veulent reprendre en coopérative leur usine menacée de délocalisation. Leur action résume bien ce que porte le Front de gauche. En se mobilisant et en dépassant les limites étroites de la propriété capitaliste, ces salariés défendent l'intérêt général contre les logiques financières. Ensuite, le 29 juin, à Paris, place Stalingrad, ce sera notre premier meeting de campagne et d'appel au rassemblement. Tous ceux qui le souhaitent pourront investir ce soir-là une place publique, comme le font les peuples arabes ou les Indignés en Espagne et en Grèce. C'est un symbole car nous pensons qu'en France aussi il nous faut une révolution citoyenne.
Face à Sarkozy, que porte d'original 
à gauche le Front de gauche ?
Jean-Luc Mélenchon. Il est le seul 
à porter l'ambition de regrouper une majorité pour gouverner la France sur un programme de radicalité concrète, sociale, écologique et républicaine. Il est le seul à appeler à une implication populaire forte à travers des assemblées citoyennes. Et il s'en donne les moyens : le Front de gauche incarne l'unité, comme va le confirmer dans les jours 
à venir son élargissement à plusieurs mouvements politiques.
Le Front de gauche peut-il forcer 
le passage face au vote utile qui 
se profile ?
Jean-Luc Mélenchon. C'est tout l'enjeu de la bataille. Personne ne peut en prédire l'issue. Nos idées sont en phase avec l'exaspération sans précédent que provoque 
la mise en coupe réglée des sociétés par les intérêts financiers. Dans la campagne, notre objectif sera de montrer que le peuple peut reprendre le pouvoir que l'oligarchie lui a confisqué. Si nous y parvenons, tout est possible. Nous sommes le vote utile pour le grand nombre. Les autres votes sont des votes de résignation 
ou d'accompagnement de
la crise en cours.
Le débat est ouvert au sein du Front de gauche pour qu'il trouve sa voie dans son élargissement. 
Quelle est votre opinion ?
Jean-Luc Mélenchon. Cet élargissement est en train de se réaliser avec l'entrée de nouvelles organisations. J'invite maintenant tous ceux qui nous regardaient avec intérêt, mais hésitaient en se demandant si nous étions capables de continuer ensemble 
à franchir le pas, à venir participer à notre campagne. Surtout, j'appelle chaque personne 
qui se sent concernée par notre action à s'y impliquer elle-même 
à son rythme et avec ses méthodes. 
Face aux millions d'euros que 
les autres vont mobiliser pour
faire campagne, notre grande force est celle qui vient du terrain, 
c'est notre nombre, notre 
savoir-faire, notre intimité 
avec notre peuple.
Entretien réalisé par Mina Kaci

          

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