mercredi 19 février 2014

Ukraine: le massacre des innocents


De DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

Ce sont des scènes, celles qui viennent de se dérouler à Kiev, que nous pensions impossibles à voir encore aujourd'hui, par leur sanguinaire violence.


Sergei Chuzavkov/AP/SIPA
Sergei Chuzavkov/AP/SIPA
Ce sont des scènes, celles qui viennent de se dérouler à Kiev, que nous pensions impossibles à voir encore aujourd'hui, par leur sanguinaire violence, en Europe : des dizaines de morts et des centaines de blessés sur la désormais célèbre place Maïden, foyer de résistance et haut lieu de la contestation, en Ukraine, à ce pouvoir néo-stalinien, dictatorial et archaïque tout à la fois, qu'incarne, de sinistre mémoire, le président Viktor Ianoukovitch. 
  
Dire que le monde démocratique en est profondément choqué, aussi révulsé que révolté, s'avère, bien sûr, un euphémisme ! Mais, face à l'ampleur comme à l'horreur de pareil drame humain, semblable condamnation morale et politique, pour certes nécessaire qu'elle soit, ne suffit cependant plus, sinon à blanchir hypocritement, par d'inefficaces et trop commodes mots, notre propre et seule conscience. 
  
Non, il faut oser le dire aujourd'hui haut et fort, comme je le clame, pour ma modeste part, depuis maintenant presque trois ans (depuis que Ioulia Tilochenko, ancienne Première Ministre de ce pays et égérie pro-occidentale de l’historique mais éphémère « révolution orange » de 2004, fut arrêtée arbitrairement, le 5 août 2011, et emmenée « manu militari » en prison) : l'actuel président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, est un criminel, qu'on le qualifie pudiquement « de guerre » ou pas !  
  
D'où ce pénible mais légitime constat que l'Union Européenne devrait également faire sien, plus courageusement et surtout plus dignement que d'habitude, si elle veut enfin arrêter cet intolérable bain de sang : avec les criminels, on ne discute pas ; on rompt tout dialogue (comme viennent de le faire effectivement les chefs de l'opposition, dont Vitali Klitschko, à ce régime d'un autre âge) au lieu de s'en faire les involontaires complices à force de palabres aussi vides que vaines (pour ne pas parler de ces tout aussi inopérantes et mêmes contre-productives sanctions économiques) ne ressemblant finalement plus qu'à autant de coupables alibis ; enfin, ces criminels – les vrais et lâches criminels, ceux-là -, on les envoie tout droit en prison, moyennant certes un procès en tout point équitable, une fois leur abominable pouvoir renversé par de véritables, authentiques et pacifiques, élections démocratiques. C'est probablement là, d'ailleurs, ce qui attend, hélas pour lui, ce barbare à col blanc qu'est Ianoukovitch !  

*Philosophe, porte-parole du Comité International contre la Peine de Mort et la Lapidation (« One Law For All »), dont le siège est à Londres.



          

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