vendredi 10 mai 2013

Sarkozy rêve de putsch en se rasant


Après Jean-François Copé qui veut un nouveau mai 58, Nicolas Sarkozy se dit prêt à « revenir » si nécessaire. L’idée du putsch ferait-elle son chemin à droite ?


Nicolas Sarkozy à Bruxelles, mars 2013 - Virginia Mayo/AP/SIPA
Nicolas Sarkozy à Bruxelles, mars 2013 - Virginia Mayo/AP/SIPA
Une étrange musique se fait entendre sur les bancs de la droite, une musique martiale qui est aux valeurs républicaines ce que Claude Guéant est à la peinture Hollandaise du XVIIème siècle. 

Passe encore que certains de ses ténors aient instruit à l’encontre de François Hollande un procès en illégitimité. Sans doute est-ce un legs historique de la royauté d’inspiration divine. 

De tout temps, les forces conservatrices ont considéré qu’elles avaient un droit d’ainesse politique leur conférant les rênes du pouvoir pour l’éternité, tel un CDI transmis de génération en génération. 

Il suffit que la gauche soit élue pour qu’elles entrent en transes, et demandent qu’on leur rendre leur sceptre comme un gosse à qui on aurait piqué son jouet pendant la récréation. Sauf qu’en l’occurrence, si la gauche a été mal élue, elle l’a été. 

Tout au long de la jacquerie anti mariage gay, on a senti à droite une volonté de passage en force digne d’une République bananière. 

Qu’un Henri Guaino découvre sur le tard le charme des défilés de rue, on veut bien. Mais cette illumination ne confère pas à l’UMP le droit à l’insurrection incivique. Ensuite, il y a eu l’ineffable Jean-François Copé et son rêve d’un nouveau mai 1958. Bizarrement, la confession n’a guère ému des gazettes plus sensibles aux mises en cause de la démocratie à Caracas qu’à Paris.  

On rappellera que mai 1958, sauf erreur, fut un mini coup d’Etat, consécutif au putsch militaire des généraux factieux dans l’Algérie occupée. C’est ce qui permit à de Gaulle, revenu en sauveur suprême, de faire sauter la IVème République vermoulue, dirigée par les socialistes de l’époque. 

Certes, l’histoire ne repasse pas les plats. Mais comme modèle de cuisine démocratique, il y a mieux. 

Et puis voilà Sarkozy qui s’en mêle. Voilà l’ex président, naufragé des urnes, conférencier de luxe, un jour à Montréal, un autre à Las Vegas (ce qui ne s’invente pas), qui fait savoir que s’il le faut, il est prêt à reprendre du service. Ah bon. En vertu de quoi ? Après quelle élection ? Au nom de qui ?       
         
Selon Le Parisien, juste avant de boucler ses valises pour la Mecque des jeux, Nicolas Sarkozy a laissé entendre que la société française était « très fragile ». C’est vrai, mais il y est peut-être pour quelque chose, non ? On veut bien que l’an I du Hollandisme n’incite guère à faire la fiesta, mais cinq ans de Sarkozysme incitent encore moins à rêver de son come back. 

Le mari de Carla Bruni n’en pousse pas moins une étrange chansonnette : « Je vais peut-être être obligé de revenir ». Mais où se croit-il ? 

Nicolas Sarkozy donne une conférence au Waldorf Astoria Hotel, à New York, octobre 2012 - Waldorf Astoria Hotel
Nicolas Sarkozy donne une conférence au Waldorf Astoria Hotel, à New York, octobre 2012 - Waldorf Astoria Hotel
Jusqu’à preuve du contraire, le Président de la République en titre n’est pas brutalement décédé. Il n’est menacé d’aucune sorte d’empêchement imposant de prendre des mesures d’urgence. 

Et si Nicolas Sarkozy veut « revenir », il peut le faire très aisément en rentrant chez lui, dans les beaux quartiers, pour essayer de régler ses problèmes avec la justice. 

Personne ne lui en demande plus. Cela lui laissera le temps de se préparer à une éventuelle candidature en 2017, s’il gagne sa pace parmi les prétendants UMP et s’il peut patienter jusque là. Au cas où l’échéance serait trop lointaine et qu’il préfèrerait « faire du fric », comme on dit chez ces gens-là, libre à lui. 

Pour le reste, la moindre des choses serait qu’il s’abstienne d’alimenter des rumeurs visant à laisser croire que le pouvoir est par terre et qu’il suffit de se baisser pour le ramasser. 

On attend de lui, par respect de son ancienne fonction, qu’il ne succombe pas aux sirènes factieuses qui séduisent certains de ses amis venus d’une famille politique où l’on considère vite la République comme la « gueuse » honnie. Bref, on attend de lui qu’il s’inspire davantage des préceptes de François Fillon que des coups de menton de Patrick Buisson. 

Interrogé sur les récents propos de son ancien Premier ministre, qui le traitait de « lapin Duracell », Nicolas Sarkozy a eu cette formule : « C’est un loser », autrement dit un perdant. 
Un perdant respectueux des principes républicains, à droite, cela devient une denrée rare.      

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