samedi 13 avril 2013

L’enfer de la croissance

Voici une ébauche de mes réflexions actuelles en fonction de mes lectures
je compléterai très bientôt. 

« Nous n'avons qu'une quantité limitée de forets, d'eau, de terre. Si vous transformez tout en climatiseurs, en pommes frites, en voitures, à un moment vous n'aurez plus rien »  (Arundathy Roy).
Notre société a lié son destin à une organisation fondée sur l'accumulation illimitée. Ce système est condamné à la croissance. Produire plus sans tenir compte de la nature des productions. Une telle société n'est pas soutenable, elle dépasse la capacité et la finitude de notre planète. Tous les arguments et artifices pour y remédier sont insuffisants ou fallacieux.
Dans notre société, dès que la croissance se ralentit ou s'arrête, c'est la crise, la panique. La croissance est un cercle vicieux. L'emploi, le paiement des retraites, le renouvellement des dépenses publiques (éducation, sécurité, transport, santé etc.) oblige à l'augmentation du PIB. L'usage du crédit qui permet de faire consommer ceux dont les revenus ne sont pas suffisants  et d'investir sans disposer du capital requis est un puissant dictateur de croissance, en particulier pour le Sud.
L'obligation de rembourser la dette avec  intérêt et donc de produire plus qu'on a reçu.  Ce remboursement  avec intérêt  introduit la nécessité de croissance et tout un chapelet d'obligations correspondantes. Ce sont ces exigences qui  « obligent » à croître indéfiniment. L'économie est comme un géant déséquilibré qui ne reste debout que grâce à une course  perpétuelle, écrasant tout sur son passage. La dictature du taux de croissance nous force à vivre en surrégime,  à produire et consommer de façon déraisonnable.  Notre mode de vie est insoutenable tant écologiquement que socialement.  Même s'il pouvait perdurer indéfiniment, il serait insupportable. En ce qui concerne les ressources non renouvelables, leur gestion doit être plus que prudente. Or ce qui booste notre économie moderne, c'est l'utilisation massive des sources d'énergie fossile, cadeaux provisoires du passé géologique. En plus notre modèle productiviste est lié à l'échange inégal d'énergie.
On peut mentir tout le temps à quelques uns, on peut mentir un moment à tout le monde, mais on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps.
Changeons ce système.
Il nous sera impossible de vivre dans un autre système sans abandonner les conduites réflexes crées par le système actuel , c'est à dire les schémas mentaux et  attitudes compulsives de la « bête à consommer » que la publicité a ancré au plus profond de notre être. Il faut débarrasser notre imaginaire du fantasme de l'avoir pour mieux être. Les services publics, la protection sociale et la culture doivent être soustraits à l'appétit du capital qui y voit une source de richesse immense avec celle de la marchandisation du monde. La rupture des chaînes de la « drogue » sera d'autant plus difficile qu'il est de l'intérêt des trafiquants ( les firmes transnationales ) de nous maintenir dans l'esclavage. Le progrès, la croissance, la consommation ne sont plus un choix conscient mais une drogueà laquelle nous sommes tous accoutumés  et incapables d'y renoncer volontairement. Seul un échec historique de cette société peut probablement faire découvrir que le bonheur de l'homme n'est pas de vivre beaucoup, mais de vivre bien. Pas de vivre avec toujours plus mais de vivre avec le nécessaire dans un monde plus frugal. Sans quoi, on va dans le mur.
Maintenant l'abondance capitalistique a échoué. Il faut affronter la vie pratique à travers d'autres concepts. Un bouleversement complet des rapports sociaux de production, de répartition et de redistribution, en fonction du changement des valeurs. Ebranlons le caractère systémique des valeurs dominantes.
Le capitalisme et il faut le reconnaitre le socialisme, participent aux mêmes valeurs productivistes. Si le second avait triomphé plutôt que le premier, il y a fort à parier que le résultat serait identique. Ils ont la même vision opérationnelle de la nature, corvéable à merci pour répondre à la demande. L'un et l'autre veulent satisfaire l'exigence de bien être social par l'augmentation indéfinie de la puissance productive pour le marxisme et la dynamique des mécanismes du marché pour le capitalisme en éliminant les obstacles à son fonctionnement. Le pétrole  socialiste n'est pas plus écolo que le pétrole capitaliste. Il faut casser la société productiviste et de consommation. La croissance et le développement fonctionnent par l'exploitation de la force de travail et la destruction sans limite de la nature.
Actuellement, les entreprises, les administrations (Etats inclus),et les ménages sont dans la logique capitalistique, car c'est celle des acteurs dominants de la société moderne et qu'elle a colonisé les esprits. Loin de là l'élimination des capitalistes, l'interdiction de la propriété privée des biens de production. L'élimination du rapport salarial ou de la monnaie amèneraient le chaos. La monnaie en tant qu' unité de valeur et de moyen d'échange est une grande invention seulement le marché capitalistique qui considère la monnaie comme une sorte de fluide qui passe d'un secteur de production à un autre immédiatement simplement par l'appât de plus grands profits est absurde, mais aussi parce que les prix n'ont rien à voir avec les coûts. 
Il faut redistribuer l'ensemble des éléments du système, la terre, les droits de prélèvement sur la nature, l'emploi, les retraites etc. pour les raports de redistribution Nord/Sud qui posent problèmes, il s'agit moins de donner plus que de prélever moins.

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