En plein sur le crâne qui crânait ! La Sarkozie redressait une tête de revanche, quand s’est abattu sur elle le sondage météorite de BVA-Itélé : 62 % des Français ne souhaitent pas le retour de Nicolas Sarkozy. Rude choc pas chic pour ses thuriféraires qui se réjouissaient déjà. Car les médias s’amollissaient à nouveau de complaisance aveugle, et ronronnaient de concert l’inéluctable retour de l’ancien Président, qui en avait tellement « envie » que rien ni personne ne pourrait lui résister. Vaines illusions…
Ce rappel sondagier du rejet populaire plus fort aujourd’hui qu’hier souligne le dérisoire de toutes les spéculations sottes ou intéressées. Le lobbying sarkophile virulent a en effet réalisé un impressionnant travail d’influence. Ils ont fait passer, y compris dans les cerveaux réputés les meilleurs, le retour du perdant comme une évidence. « Sarkozy demain, tel serait notre destin… » Une confidence à l’un, un battement de cil à l’autre, un jugement assassin sur ses serviteurs d’hier, et il n’en manque pas, un commentaire tueur contre ses successeurs, et il ne les retient pas… et la rumeur Sarkozy enflamme de nouveau Paris. Comme la capitale se croit la France, le pays médiatique s’embrase à son tour. Sans considérer un instant que lorsque les Français ont tourné la page, ils n’ont pas le désir de la réécrire. Plus encore : la défaite du Président sortant en 2009 signait au minimum une coupure nette entre le peuple et lui. Quand le verdict du suffrage universel tombe, on l’a vu autrefois avec Valéry Giscard d’Estaing, il s’abat tel le couperet de la guillotine. Louis XVI ne s’en est jamais remis, et pour cause ! Mais Giscard pas davantage…
Le retour en grâce populaire de l’ex-chef de l’État n’est donc absolument pas d’actualité, en dépit des récits enluminés d’artifices qui se sont multipliés où l’on apprend que des spectateurs au concert se lèvent pour l’ovationner ou que des passants en foule l’encouragent chaleureusement à revenir, et que le populo enfin le regretterait ardemment. Billevesées ! Alors même que son successeur déçoit, cela non plus, il ne faut pas le nier, et que la crise ne cesse de s’aggraver, Nicolas Sarkozy n’en tire aucun profit. Et pourtant…
Pourtant s’il avait laissé un aussi bon souvenir, quasi divin, que le prétendent ses thuriféraires, l’ancien président devrait être regretté. On attend encore les processions de suppliants ! Sa fameuse « énergie », son « hyper-activisme » qui contrastent tant censément avec « la mollesse louvoyante » de François Hollande, tout son capital identitaire censément intact et exceptionnel auraient dû lui valoir une propulsion montgolfière dans le firmament de la popularité. Or il ne bénéficie en rien des difficultés ou des échecs de son successeur. Comme si l’histoire, ses heurs, ses malheurs se faisaient en lui. On pourra la trouver garce, mais point volage !
On dira qu’à droite personne d’autre n’engrange et que Sarkozy s’impose loin devant tous ses servants d’hier qui n’ont pas réussi à le remplacer dans le cœur de l’électorat de droite. François Fillon n’est pas trop loin, mais les autres sont largués, en particulier Jean-François Copé, qui se prétend tellement sarkozyste qu’il aurait aimé déjà le remplacer. Las… L’UMP demeure sarko-sarkozyste. Il est toujours le Boss pour les militants de ce parti imprégné de la culture du chef. Les chamailleries et disputes récentes entre les prétendants ne leur ont pas permis de s’imposer. Et comme elles ne peuvent que se poursuivre, ses affaires de ce côté-là ne sont pas si mauvaises. Plus ils s’affronteront, plus il pourra conserver cette apparence de recours, cette aura nostalgique qui amène des larmes dans les yeux des militants sincères, et il y en a. Mais la coupure n’en demeurera pas moins profonde entre cette droite de la nostalgie et cette France qui est entrée dans une autre histoire. Y compris à droite ! Sans parler du centre. Car ce que confirme aussi cette enquête d’opinion, c’est que les électeurs centristes dont l’apport avait été si important pour la victoire de François Hollande, ceux-là qui ont pu faire le succès des conservateurs dans tant d’élections ne veulent surtout pas revoir ce fantôme d’un passé qu’ils ont détesté. Que celui-là ait envie ou pas, peu leur chaud. Eux n’ont pas envie, mais alors pas du tout. Et pour que le désir revienne, il faudrait par exemple que ce bavard se taise, — Ah…. , qu’il change, — Oh…, qu’il dise par exemple « voilà pourquoi j’ai été battu, et par ma faute d’abord » – ouhlalalala !...
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