vendredi 9 mars 2012

Les petits secrets de la famille Dassault


© REUn père qui adoube son fils aîné, puis se rétracte, deux frères qui se détestent : c'est «Dallas» chez le géant de l'aéronautique. Et l'annonce de la vente de 126 Rafale à l'Inde n'a pas apaisé les tensions.
C'est la meilleure série du moment dans le monde du business. Si vous avez aimé «La Bataille des Bettencourt», puis applaudi «La Vie amoureuse d'Arnaud Lagardère», ne ratez pas «Dassault père et fils». Résumé des épisodes précédents : le 21 novembre, Serge Dassault, patron du groupe aéronautique depuis la disparition de son père en 1986, annonce dans l'émission de Mireille Dumas sur France 3 que son fils Olivier est «le plus adapté» pour lui succéder. Le 13 décembre, il le nomme même président du conseil de surveillance de cet empire évalué à 7,5 milliards d'euros. Rebondissement : l'entourage du patriarche affirme aujourd'hui partout que sa succession n'est pas ouverte et que ce poste est fantoche. Serge devrait rester aux commandes jusqu'à sa mort, à charge ensuite pour son épouse, Nicole, et ses quatre enfants de s'entendre sur l'un d'entre eux. Pas gagné : aucun n'est opérationnel dans le groupe. Surtout, les deux favoris naturels, Olivier et Laurent, se détestent cordialement. Le groupe Dassault se passerait bien de ces bisbilles. Si l'Inde vient de soulager le constructeur en commandant 126 Rafale – la première vente à l'étranger pour cet avion – son chiffre d'affaire a chuté de 21% en 2011.
Leur jeunesse au fond de la classe. Diplômé de Sup aéro, comme son père, Marcel, et polytechnicien de surcroît, Serge Dassault n'a pas réussi à transmettre le goût des études à tous ses enfants. Thierry n'a pas son bac, Marie-Hélène s'est consacrée à l'éducation de ses cinq enfants, et Laurent n'a qu'une licence de droit et une petite école de commerce à faire valoir. Certes, Olivier sauve l'honneur grâce à son DEA de maths, son doctorat en informatique et son Ecole de l'air. «Mais il n'a pas fait Polytechnique», continue de railler son père.
Leur syndrome de l'enfant battu. Comme son père, qui le méprisait, Serge ne manque pas une occasion de dénigrer ses enfants, voire de les humilier. «Un jour, alors que je venais voir Serge au Rond-Point des Champs-­Elysées, Laurent attendait sagement son tour, raconte un proche de la famille. Je lui ai dit "votre fils d'abord" ; il m'a répondu "il peut bien attendre encore".» Olivier n'a pas droit à plus d'égards : au printemps 2004, alors qu'il était en charge du pôle presse du groupe (notamment de «Valeurs actuelles»), il fut convoqué par Serge pour une annonce surprise : «Nous avons racheté "Le Figaro" !» Les murs du siège tremblent encore de l'altercation qui s'en est suivie.
Compilation des oeuvres d'Olivier Dassault

Les joujoux high-tech de Serge. A 86 ans, le patriarche n'est pas près de lâcher le manche. Au bureau à 8 heures du lundi au samedi, il enchaîne les rendez-vous et les dîners politiques ou d'affaires jusqu'à 23 heures. «Le dimanche et en vacances, il s'ennuie, sourit un de ses collaborateurs. Alors, il nous passe des coups de fil sans arrêt.» Quand ce ne sont pas des SMS ou des e-mails : passionné de techno, il s'est précipité sur l'iPad dès sa sortie. Fin décembre, il n'a pas oublié d'emporter son ordinateur portable à l'hôtel Paradis de l'île Maurice, où il passe chaque année ses vacances d'hiver. C'est là qu'il a rédigé ses vœux parus dans «Le Figaro» du 2 janvier, dont celui-ci : «Il faut travailler plus.»
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© Capital

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