Après le krach boursier et financier de cet été, c'est au tour de l'économie réelle d'être touchée. Les mauvaises nouvelles se multiplient dans l'industrie, y compris dans les grands groupes. Retour sur les principaux symboles de la crise.
Depuis plusieurs semaines, les signaux négatifs se multiplient dans l'industrie française. Suppressions de postes, restructurations, fermetures de raffineries, séquestrations de dirigeants... Tous ces exemples rappellent la crise de 2008 et montrent que la France n'est pas à l'abri d'une rechute. De fait, dans sa dernière enquête de conjoncture, l'Insee constate non seulement que la demande en produits manufacturés adressée à l'industrie française est en net repli mais qu'elle devrait se dégrader davantage au quatrième trimestre. Ce qui devrait pousser le gouvernement à revoir en forte baisse sa prévision de croissance pour 2012. Certains économistes envisagent même la possibilité d'une récession. Quoi qu'il en soit, après la crise boursière de l'été, la crise de l'économie réelle semble bel et bien déjà là comme le prouve ce petit récapitualtif.
PSA veut supprimer 5 à 6.000 postes en Europe
Après avoir annoncé des mesures de chômage partiel sur les sites d'Aulnay, Poissy ou Mulhouse, PSA Peugeot Citroën est passé ce mercredi à des mesures plus définitives. Confronté à un ralentissement de l'activité, source d'un avertissement sur ses résultats, le groupe automobile français a annoncé un plan visant à économiser 800 millions d'euros en 2012. Plan qui passe par la suppression de 800 postes d'intérimaires en France d'ici la fin de l'année, de 1.000 postes en production en Europe en 2012 sous la forme de plans de départs volontaires et de 5.000 postes hors production. Ces derniers représentent 10% des effectifs employés dans des services tertiaires comme la comptabilité, la recherche et développement etc. Des projets aussitôt jugés "scandaleux" par la CGT et qui valent à Philippe Varin d'être convoqué par le ministre de l'industrie Eric Besson.
Renault met des usines en chômage technique
Renault a annoncé ce lundi le recours à des mesures de chômage partiel en novembre pour réguler ses stocks. L'usine de Douai, où sont produits les monospace Scenic et la Mégane coupé cabriolet et qui emploie environ 4.800 salariés, sera fermée du 26 octobre au 1er novembre inclus. Selon Fabien Gâche du syndicat CGT, même si "on ne devrait pas avoir plus de journées de chômage partiel d'ici la fin de l'année", les syndicats protestent contre "une certaine opacité de la direction sur les raisons qui motivent les décisions de journées chômées".
Areva découvre les restructurations
Pour améliorer sa rentabilité, le groupe nucléaire va tailler dans ses effectifs. Production d'uranium, fabrication des réacteurs ou retraitement du combustible sont les secteurs concernés par cette restructuration qui devrait se traduire notamment par la suppression de 800 postes en Allemagne et la fermeture l'usine de Dessel, en Belgique. Dévoilés par L'Expansion.com la semaine dernière, ces projets doivent être examinés par les instances représentatives du personnel le 26 et le 27 octobre. Au menu la "présentation des évolutions des activités de fabrication de combustible du groupe Areva Europe".
ArcelorMittal ferme le haut fourneau de Florange
Le dernier haut-fourneau de Lorraine s'est éteint le 3 octobre à Florange, en Moselle. La direction assure que c'est une mesure temporaire motivée par une baisse saisonnière de l'activité. Mais ce discours peine à convaincre les salariés. Ils ont tous en mémoire le précédent de Gandrange en 2008, lorsque ArcelorMittal avait divisé par deux l'effectif en délocalisant une partie de sa production. S'y ajoute la fermeture définitive le 14 octobre de deux hauts fourneaux sur le site de Liège. Même si la direction comme le gouvernement se montrent rassurants, les salariés et leurs élus ne cachent pas leur inquiétude sur l'avenir du site. Les ministres de l'Industrie, Eric Besson et du Travail, Xavier Bertrand, affirment que le groupe exclut "tout recours à des licenciements ".
Les séquestrations de dirigeants reprennent
En conflit avec leur direction, les salariés n'hésitent plus à passer par la manière forte. Au début de l'été, les employés de Sodimédical dans l'Aube sont privés de salaires à deux reprises par leur maison-mère qui veut délocaliser en Chine. En représaille, ils séquestrent leur cogérant. Il sera libéré le lendemain par les forces de l'ordre. A la mi-septembre, les salariés de Constellium, dans la Somme, opposés au plan social qui prévoit la suppression de 127 postes sur 200, retiennent quatre cadres dirigeants du groupe. Ceux-ci parviennent à s'échapper dans la nuit qui suit leur séquestration. Et puis, le 22 septembre, dans l'Oise, les salariés d'une usine du groupe allemand Still menacée de fermeture retiennent pendant 6 heures deux des dirigeants de l'entreprise. Il y a enfin ce conflit à la Fonderie du Poitou qui s'envenime. En grève depuis le 2 septembre pour protester contre des baisses de salaires de 15 à 23%, les salariés de l'entreprise détenue par le groupe Montupet, radicalisent leur mouvement lorsqu'ils découvrent début octobre que les fours de leur usine ont été démontés. Ils décident de bloquer les accès au site. Tous ces conflits rappellent les blocages de Continental, Michelin, ou encore Molex qui ont fait la Une de l'actualité en 2009.
L'hécatombe se poursuit dans le raffinage. Après Total à Dunkerque l'an passé et Petroplus dans le Bas-Rhin en juin dernier, c'est au tour de l'américain LyondellBasell d'envisager la condamnation d'un site de raffinage. Le groupe pétrochimique a annoncé, le 27 septembre, la fermeture de sa raffinerie de Berre l'Etang, dans les Bouches-du-Rhône, qui emploie 370 salariés perdrait. Elle perdrait 120 millions d'euros par an. Mise en vente, elle n'a fait l'objet d'aucune offre d'achat. En grève pendant plusieurs jours, les salariés voit dans la fermeture de la raffinerie le signe avant-coureur du démantèlement complet du site. Mais les syndicats ont réussi à négocier un accord de répit le 10 octobre après quinze jours de grève. Le texte prévoit qu'aucune suppression de poste ne sera décidée avant le 31 mars 2012, et qu'un acquéreur potentiel aura jusqu'au 31 décembre 2013 pour se manifester.
L'avenir du raffinage apparaît de toute façon très sombre car menacé par la surproduction. Les économies d'énergie et les crises économiques sont notamment responsables de la baisse de la consommation de produits pétroliers. A ces difficultés, il convient d'ajouter les carences en termes d'investissement. Les groupes pétroliers ont maintenu en l'état les structures de production des sites français. Aussi, les fermetures ou cessions de raffineries, semblent inévitables.
Novartis licencie malgré des profits en hausse
La décision ne Novartis ne concerne pas la France mais elle pourrait relancer la polémique sur les licenciements boursiers. Malgré un bénéfice net en hausse de 12% au troisième trimestre à 3,5 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) et un chiffre d'affaires en progression de 18%, le laboratoire suisse va supprimer 2.000 postes en Suisse et aux Etats-Unis sur un effectif total de 121.000. Novartis justifie ces coupes en affirmant vouloir rester compétitif. En plus de supprimer des emplois, l'entreprise va délocaliser 700 postes dans des usines à bas coût situés en Chine, et "d'autres pays".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire