lundi 30 juillet 2012

Les agences de notation pousse-au-crime dans la crise de l'euro

Les agences de notation ont aggravé la crise de la dette au sein de la zone euro en se montrant plus sévères dans leurs dégradations qu'elles ne l'étaient avant son déclenchement en 2009, estiment des économistes de l'université de St. Gallen dans une étude.
Manfred Gärtner et Bjorn Griesbach ont examiné les liens entre l'évolution des taux d'intérêt et d'autres variables économiques et celle des notes des émetteurs souverains ainsi que l'impact des changements de ces dernières sur les coûts de financement des pays de la zone euro sur la période 2009-2011.
Selon eux les agences de notation ont manqué de constance dans leurs décisions, devenant de plus en plus sévères au fur et à mesure de l'approfondissement de la crise, réduisant les notes d'un cran de plus en moyenne qu'elles ne le faisaient avant son déclenchement pour un niveau comparable de taux d'intérêt.
Le Portugal, l'Irlande et la Grèce, qui ont dû faire appel à l'aide internationale, ont vu leur note abaissée de 2,3 crans de plus en moyenne qu'elle ne l'aurait été si les critères prévalant avant le déclenchement de la crise avaient continué d'être appliqués.
Il en a été de même pour l'Espagne qui a accepté un plan d'aide de 100 milliards d'euros maximum pour renflouer ses banques mais que la forte hausse de ses coûts de financement pourrait contraindre à solliciter un plan d'aide de plus grande ampleur.
"Un grand nombre de pays de la zone euro (...) ont été traités d'une manière qui diffère de celle qui leur était appliquée avant la crise financière et de la manière dont d'autres pays sont encore traités actuellement", a déclaré Manfred Gärtner, professeur d'économie à l'université de St. Gallen.
EXEMPLE DE L'IRLANDE
Il a cité l'exemple de l'Irlande en disant que ses problèmes de dette et de déficit auraient justifié une dégradation de 1,5 cran en appliquant les critères en vigueur avant la crise.
"En réalité leur note a été abaissée de sept crans et une dégradation de cette ampleur aurait précipité n'importe quel pays dans de profondes difficultés", a-t-il dit.
Standard & Poor's et Moody's ont contesté cette étude tandis qu'un porte-parole de Fitch a dit que l'agence était "totalement confiante dans la qualité, la transparence et la rigueur de la méthodologie et des procédures étayant ses notations et ses recherches analytiques."
Standard & Poor's a estimé que l'étude était "fondamentalement défectueuse" dans sa méthodologie comme dans ses conclusions, ajoutant que ses notes avaient été au fil du temps un excellent indicateur des défauts à venir.
"Comme nous l'avons constaté tout au long de l'histoire de l'euro, les notations ne sont qu'un facteur parmi beaucoup d'autres qui influent sur le comportement des marchés", écrit l'agence de notation dans un communiqué.
Un porte-parole de Moody's a déclaré que "les notations souveraines n'ont pas contribué à la crise", expliquant que "les problèmes économiques et structurels qui en sont la cause ultime sont bien connus".
"Les notations de Moody's, tout au long de la crise, se sont révélés plus stable que les mesures de la qualité de crédit fondées sur les marchés d'actions ou d'obligations", a-t-il ajouté.
Emma Thomasson, Marc Joanny pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

samedi 28 juillet 2012

Astuces...


Servez vous d'une pelle à poussière propre pour remplir d'eau un contenant qui n'entre pas dans l'évier

 

Mettre un élastique autour d'un récipient de peinture afin d'enlever le surplus sur votre pinceau et ainsi éviter de souiller le contour du récipient.



 Servez vous d'un dégrafeur au lieu de vos ongles lorsque vous voulez ajouter une clé à votre trousseau.


Mettre une cuillère en bois sur votre chaudron afin d'empêcher l'eau bouillante de déborder.

 


Votre paille ne sortira plus de la cannette

 


 Vous servir d'un linge microfibre pour prévenir le gel sur votre pare-brise.

 


Servez vous d'un peigne afin que le clou soit stable.

 


Servez vous d'un "post it" pour ramasser les débris lorsque vous percez un trou.

 










          

samedi 14 juillet 2012

Le Sénat vote la loi sur le harcèlement sexuel


Le Sénat a adopté jeudi à l'unanimité un nouveau projet de loi sur le harcèlement sexuel, pour remplacer un précédent texte censuré par le Conseil constitutionnel.
Ce texte définit plus précisément le délit de harcèlement sexuel et alourdit les sanctions.
"Ce nouveau texte comble un vide juridique, pénalisant pour les victimes, et marque le respect des engagements pris par le Président de la République, François Hollande" pendant la campagne de l'élection présidentielle, a déclaré dans la soirée la Garde des sceaux, Christiane Taubira, dans un communiqué.
Le nouveau texte sera examiné à l'Assemblée nationale dans le courant de l'été, selon la procédure accélérée qui limite les travaux du Parlement à une seule lecture par chambre.
Emmanuel Jarry

vendredi 13 juillet 2012

Peugeot s'écroule en Bourse au lendemain du plan social



Le capot d'une Peugeot couvert de glace à Bucarest, le 10 février 2012.

Le constructeur automobile est pénalisé en Bourse à la fois par la forte polémique suscitée par l’annonce jeudi du plan de suppression de 8 000 postes et par les perspectives financières qui restent peu encourageantes.


Preuve que la finance ne fait qu'aggraver les malheurs.
Il faut la combattre au même titre que les parasites!

jeudi 12 juillet 2012

Les banquiers derrière les barreaux


Chers amis, chères amies,Les grandes banques, prises la main dans le sac 
dans une escroquerie internationale des taux d'intérêts, ont floué des 
millions d'entre nous, notamment sur nos emprunts et prêts étudiants! N'importe 
qui irait en prison pour moins que ça, or seule la banque Barclays est poursuivie, 
qui plus est pour une fraction de ses profits! L'indignation est à son comble -- saisissons 
cette chance de mettre une fois pour toutes fin au règne des banques sur nos démocraties. 

Le Commissaire chargé des finances de l'UE, Michel Barnier, affronte le puissant 
lobby des banques et lance des réformes ambitieuses qui mettraient ces banquiers-escrocs 
derrières les barreaux.Si l'UE se lance en premier, cette opération "finances propres" 
pourrait faire des émules partout dans le monde --mais les banques mènent un lobbying 
acharné. Seule une mobilisation massive pourrait lui donner un blanc seing inébranlable pour 
mener à bien ses réformes.

Si 1 million de personnes se mobilisent aux côtés de Barnier en 3 jours, ce dernier 
sera conforté par un mandat citoyen clair dans sa décision d'affronter le lobby bancaire 
et de mener ses réformes. Cliquez ci-dessous pour signer, et nous mènerons une action 
symbolique avec de faux banquiers emprisonnés devant le Parlement de l'UE:

http://www.avaaz.org/fr/la_fin_de_limpunite_des_banquiers_fr/?bojcmbb&v=15970

L'étendue du scandale n'a même pas encore été mise à jour que ce que nous en 
savons déjà nous sidère: "de nombreuses" banques avec pignon sur rue ont été impliquées, 
et la falsification du taux d'intérêt LIBOR, le taux sur lequel se basent de nombreux taux d'intérêts 
mondiaux, a affecté la valeur de littéralement centaines de billions de dollars d'investissements. 
Pour l'heure, seule Barclays a admis avoir commis cette fraude des "centaines" de fois.

Trop longtemps, nos gouvernements ont été aux ordres de banquiers puissants qui les 
menaçaient de s'installer ailleurs à la moindre contrariété. Trop longtemps, les banques ont manipulé 
nos économies de marché, imposant des règles du jeu en leur faveur, et prenant des risques 
inconsidérés, encouragées par le fait qu'elles pourraient le cas échéant forcer les gouvernements à les 
renflouer avec l'argent du contribuable si elles se mettaient dans le pétrin.

Ce système est frauduleux, et c'est un crime. Il est temps de mettre les auteurs de ces crimes derrière 
les barreaux. Cela commence en Europe -- provoquons le changement:

http://www.avaaz.org/fr/la_fin_de_limpunite_des_banquiers_fr/?bojcmbb&v=15970

Il est quasiment impossible d'identifier une période de l'époque moderne où les grandes banques n'ont 
pas eu un pouvoir excessif dont elles ont abusé régulièrement. Mais la démocratie est en marche -- nous 
avons vu cette marche faire tomber des tyrans aux quatre coins du monde, et ensemble, nous allons 
également mettre fin au règne des banques.

Avec espoir,

Ricken, Iain, Alex, Antonia, Giulia, Luis et toute l'équipe d'Avaaz

P.S. La semaine dernière, 94 000 personnes ont soutenu la campagne d'un membre d'Avaaz, David R., 
contre les fraudes électorales au Mexique. Il avait créé sa pétition sur le Site de pétitions citoyennes 
d'Avaaz. Trouvez un soutien sur les causes qui vous tiennent à coeur en lançant votre pétition 
lincorrigible-city.php

Scandale du Libor : l'enquête élargie aux banques françaises (Les Echos)
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202162527205-scandale-du

L’Allemagne ne paiera pas – 2 : L’impossible sortie de crise dans le cadre de l’euro de Maastricht


L’échec constant des plans de sauvetage issus de la litanie de « sommet de la dernière chance » a fini par faire admettre jusqu’aux européistes les plus libéraux qu’il fallait sortir du cadre institutionnel actuel. Mais faute de bon diagnostic sur la nature de la crise, leurs propositions de changements sont tout aussi illusoires.
L’euphorie qui a suivi les annonces du « dernier » sommet des 28 et 29 juin s’est totalement dissipée en moins d’une semaine, et les taux auxquels ont pu emprunter les États espagnol et italien remontent, comme à chaque fois pour les pays au cœur de la tempête financière. Le président du Conseil italien Mario Monti peut fustiger les déclarations « nordiques », notamment finlandaises, qui décrédibilisent, selon lui, des accords durement obtenus et dont il réclame la mise en œuvre rapide, si les taux remontent, c’est bien que les marchés ont compris que la mutualisation de la dette des Etats européens, qu’ils réclament depuis toujours, est loin d’être acquise.
Ils l’ont compris comme l’ont compris tous les européistes, de gauche ou de droite, qui reconnaissent enfin que l’UEM et la zone euro sont, sinon dans une impasse, du moins dans une passe difficile. Tous ceux-là partagent désormais une même vision globale de la manière d’en sortir : réformer la gouvernance de la zone pour avancer au moins à quelques-uns et construire cet espace de solidarité dont l’euro devait écarter le besoin. La crise grecque a vite montré qu’il fallait mettre en place des mécanismes d’assistance au sein de la zone euro, mais leur principe allant à l’encontre du mythe fondateur de l’euro selon lequel l’intégration monétaire préserverait les entrants de tout souci monétaire et financier (pourvu qu’ils respectent les critères de Maastricht), ils sont restés implicites, et présentés comme de la solidarité. Ainsi, la BCE est certes intervenue, mais de façon la plus minimale possible, quand il y avait le feu, les dirigeants préférant, selon la logique néo-libérale, prévoir des mécanismes de stabilisation de l’euro (FESF puis MES). Mais tout cela va à l’encontre des traités existants et relève du bricolage institutionnel. Et l’idée s’est imposée que l’on ne réglera réellement les problèmes de la dette qu’après refonte de la gouvernance de la zone.
On en est arrivé à cette remise en cause des traités d’union parce que l’échec à résoudre la crise de la dette dans le cadre institutionnel existant est tellement patent, et le besoin de sauver l’euro si prégnant, que le sujet n’est plus tabou. Depuis deux ans, les plans se succèdent, accompagnés d’innovations institutionnelles, mais cela n’a rien réglé jusqu’ici, seulement gagné du temps, et il n’en sera pas autrement à l’avenir, car cela reste dans la logique néo-libérale de l’euro : la stabilisation de l’économie dépend uniquement de l’austérité salariale, fond idéologique permanent des dirigeants conservateurs de l’économie de marché.
Beaucoup de commentateurs voient dans ces accords une avancée « fédéraliste », avancée que réclame l’Allemagne vers plus d’intégration, à la fois bancaire, budgétaire et donc politique, en échange de son aval à la réforme de l’euro. Mais, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, ce nouveau cadre ne prépare pas un espace de solidarité, dans lequel l’Allemagne accepterait de payer, parce qu’au contraire il s’agit, dans le prolongement de toute l’histoire de l’euro depuis 1992, de mettre en place un cadre institutionnel obligeant à faire payer les peuples. Ce qui exonèrerait l’Allemagne de toute responsabilité et qui relativise les hourras de victoire de la « bande des quatre » (les sudistes) à la sortie dudit sommet.

L’impasse du cadre austéritaire existant

Dans le cadre institutionnel existant, rien ne peut se faire sans l’aval de l’Allemagne, qui seule peut payer et qui n’a aucune raison de le faire, au contraire. Les pays relativement solides ne sont pas prêts à lui confier les rênes de l’UE en échange de sa solidarité, car un transfert explicite de souveraineté est, pour l’instant du moins, politiquement inenvisageable.
Devant l’incapacité des États premiers touchés à rétablir leurs finances et le danger subséquent de voir l’euro imploser, les dirigeants européens ont défini des plans d’aide successifs, visant, dans l’immédiat, à sauver le système bancaire, et, à plus longue vue, à en assurer la stabilité.
Sous la pression du FMI se faisant le porte parole de la « communauté » mondiale (en fait les É-U, mais aussi la Grande Bretagne, la Chine, le Brésil, eux-mêmes en crise et faisant fonctionner leur planche à billets), qui craint le chaos généralisé, l’UE a d’abord mis en place le FESF, qui passe maintenant le relais au MES, et collaboré au sein de la Troïka pour gérer les plans de restructuration (on ne dit pas « d’ajustement structurel ») des pays en difficulté. Cela n’a guère résolu les problèmes, dans la mesure où, la crise n’étant pas passagère, mais structurelle, cela revenait à endetter durablement les uns pour désendetter les autres, c’est-à-dire à remplir un nouveau tonneau des Danaïdes.
Les dirigeants de la zone sont alors convenus qu’il fallait restaurer la compétitivité des faibles en réimposant la discipline salariale que les critères de Maastricht ont échoué à maintenir. Divers accords intergouvernementaux ont construit des institutions à côté de celles prévues par les traités communautaires, et souvent en contravention desdits traités, à l’instar, par exemple, de l’article 125, dit de la clause de « no bail out », qui prévoit que l’Union ne renfloue pas un État en difficulté, qui doit assumer ses actes (problème de l’aléa moral). Parmi ces accords, le plus important aujourd’hui est le TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’UEM, prévu lors du sommet du 9 décembre 2011et désigné couramment par « Pacte budgétaire ». Important car il institue la règle d’or(en gros, obligation de l’équilibre des finances publiques avec sanctions automatiques) et compétence de la Commission européenne, qui reçoit donc une partie de la compétence budgétaire nationale. Mais cela est long à mettre en place et la crise s’aggrave de jour en jour, la hausse des taux touchant l’Espagne et l’Italie, nouveaux pions menacés.
Devant l’urgence, des voix se sont alors élevées pour réclamer que la BCE intervienne, à l’image des autres banques centrales. Mais ceux qui s’étonnaient du refus de la BCE d’acheter des obligations d’État sur le marché primaire, c’est-à-dire de prêter directement aux États de l’UE, comme la FED ou la Banque d’Angleterre prêtent aux leurs, faisaient semblant de croire que la BCE refusait seulement d’imprimer des euros par crainte des effets inflationnistes, si ce n’est par simple respect de ses statuts. En réalité, la BCE n’agit pas comme les autres banques centrales parce qu’elle ne le peut pas, parce qu’elle n’est pas véritablement une banque centrale. Demander le financement direct par la BCE, c’est demander à l’Allemagne de porter sur son dos toute la misère de l’UE.
En effet, la BCE est bien la composante centrale du SEBC (système européen de banques centrales), mais elle n’est pas la banque d’un État, encore moins d’une nation. Or, une banque centrale tient sa capacité d’agir de la souveraineté d’un peuple qui accepte, en tant que contribuable, de garantir les prêts, c’est-à-dire la création monétaire, de ladite banque centrale. En effet, une banque centrale est une entreprise comme une autre, dotée d’un actif et redevable d’un passif. Ses prêts s’inscrivent à l’actif de son bilan comme créance sur l’emprunteur et au passif comme engagement de payer. Si l’emprunteur fait défaut, soit la banque est mise en faillite, mais l’économie du pays ne fonctionne plus, et ce peut être la révolution ou la guerre, soit elle est recapitalisée par les actionnaires, c’est-à-dire la nation, concrètement les contribuables, en tant que citoyens-peuple, qui se serrent la ceinture, par l’impôt, l’inflation ou le chômage, selon le rapport de forces politique au sein du pays.
Dans le cas de la BCE, les actionnaires sont les pays de la zone, au prorata de leur part dans le PIB global. Il s’agit principalement, en gros, de l’Allemagne, pour 28 %, et de la France, pour 20 %. Mais l’engagement réel est bien plus important pour les contribuables allemands, pratiquement les seuls que l’on puisse croire capables de payer : les petits pays nordiques sont tout aussi crédibles, mais leur poids est marginal, sauf bien sûr en termes de vote quand l’unanimité est requise. Quant aux pays à secourir, ils auront du mal à fournir leur quote-part du financement des secours. On comprend donc qu’il soit politiquement difficile à l’Allemagne d’accepter que la BCE n’aille « trop » loin dans ses actions de sauvetage.
Condamnés à l’austérité, certains ont alors imaginé, pour le pas suivant, de mutualiser la dette sous la forme de l’émission d’euro-obligations (« eurobonds »). Mais cette forme de solidarité, plus explicite, était encore moins acceptable que la précédente : comment l’Allemagne pourrait-elle accepter qu’un pays emprunte au nom de l’UE, c’est-à-dire principalement en son nom, engageant ainsi la responsabilité de ses contribuables, sans avoir son mot à dire. Sans compter que les modalités juridiques ne pas évidentes dans le cadre des traités, de Maastricht à Lisbonne.
Au total, l’euro de Maastricht est sinon mort, du moins en soins palliatifs, définitivement condamné. Les critères de Maastricht ont sauté dès 2003, quand la France et l’Allemagne les ont écartés, la surveillance de la Troïka n’a pas empêché que la Grèce s’enfonce toujours plus, ni que l’Espagne et l’Italie soient les prochains dominos renversés. La BCE sans grands moyens, les fonds de secours (FESF puis MES) guère mieux lotis, les eurobonds repoussés à l’après-Merkel, l’euro enfin reconnu comme étant génétiquement monstrueux, le temps est venu de réformer l’UEM, ses institutions et sa gouvernance, afin de s’engager vers plus de cohérence. Mais, fondé sur une mauvaise analyse de la nature de la crise, le choix du « fédéralisme économique » des européens n’est pas plus viable.

L’illusion d’un fédéralisme bureaucratique

Le problème urgent de ceux qui veulent sauver l’euro est de trouver les moyens de sauver les banques sans endetter les États. Avec les instruments développés pour sauver l’Irlande, le Portugal et la Grèce, il s’agissait en effet de sauver les États pour sauver les banques (notamment allemandes et françaises) qui avaient financé ces États. Mais les plans d’austérité qui ont conditionné le sauvetage ont plombé l’activité et les recettes fiscales, obligeant les États endettés à s’endetter ! Pour éviter le désastre qui suivrait la faillite d’un pays, fût-ce la petite Grèce, quand son accès aux marchés financiers est devenu trop coûteux, ses partenaires n’ont pas d’autre choix que d’effacer une partie de sa dette, en obligeant leurs banques à abandonner l’essentiel de leurs créances (environ 80 % dans le cas de la Grèce). Et il ne leur restait plus qu’à s’endetter pour les recapitaliser.
Le système est au bout du chemin, car ce scénario est intenable dans le cas de l’Espagne ou de l’Italie, qui sont de bien trop gros morceaux à avaler. L’austérité commence à enfoncer l’UE dans la récession (- 0,1 % actuellement) et les pays déjà secourus commencent à demander des délais de mise en œuvre des plans qu’ils ont acceptés contre les aides reçues ou à recevoir.
D’où la pression sur le énième « sommet de la dernière chance », des 28 et 29 juin derniers. Le débat y opposait le nord et le sud, les tenants de l’austérité pure et dure et les partisans d’une initiative de croissance associée à la solidarité financière. Alors que l’Allemagne refusait sans appel les euro-obligations (A. Merkel : « moi vivante, jamais !»), elle acceptait de discuter toute solution « non gratuite », c’est-à-dire qui n’impliquerait pas un centime d’assistance sans, en contrepartie, un engagement bien assuré à une rigueur accrue, par l’acceptation de constitutionnaliser la règle d’or, c’est-à-dire la ratification du TSCG. Pas de « solidarité » sans règle d’or gravée dans le marbre. C’est ainsi qu’elle acceptait, seul résultat concret du sommet, que le FESF/MES puisse financer directement les banques en difficulté, sans passer par l’intermédiaire de leur État, ce qui évite d’accroître les dettes publiques, mais avec la contrepartie d’une « union bancaire », c’est-à-dire la mise en place d’une supervision directe des banques de la zone par la BCE.
Problème, comme ce système ne sera pas mis en place avant la fin de l’année et celui-ci devant donner son aval préalablement à toute intervention du MES, les décisions du sommet ne seront guère opérantes avant plusieurs mois. Or il y a urgence. Et ce n’est pas la maigre centaine de milliards du pseudo pacte de croissance qui va soutenir l’activité. Par ailleurs, quelles seront les garanties ? Ce n’est pas davantage réglé. Déjà la Finlande réclame un collatéral (des actifs en garantie) pour se protéger du risque de contagion à toute la zone et préserver son triple A : selon Mme Urpilainen, ministre des finances, « la responsabilité collective pour les dettes (…) et les risques d’autres pays n’est pas ce à quoi nous devons nous préparer ».
Au-delà des auto-congratulations des auto-proclamés « vainqueurs » du sommet, les pays du sud, il est rapidement apparu que rien n’est réellement fait. D’ailleurs, la BCE a dû intervenir dès les jours suivants en abaissant son taux d’un misérable quart de point (à 0,75 %), mais comme en marchant sur des charbons ardents, en refusant toute nouvelle injection de liquidités. En conséquence, les marchés ne sont pas convaincus que cette intervention minimaliste contienne la récession déjà là jusqu’à la mise en œuvre des mesures décidées. Mario Monti en est bien conscient, qui a déjà appelé, dès le 7 de ce mois, à agir vite, reprochant au passage aux pays du nord, Finlande et Pays-Bas en l’occurrence, des déclarations « inappropriées » car destructrices de confiance.
Les fédéralistes se consoleront en expliquant que cela exprime la volonté d’adosser l’euro à une union politique, tellement nécessaire pour stabiliser l’UEM. La solidarité prépare l’intégration. Mais il s’agit d’une intégration et d’un fédéralisme purement économiques et monétaires, qui visent à écarter les peuples des décisions politiques pour écarter toute velléité de redistribution. Le fédéralisme dont on nous parle est anti-social et par là anti-républicain.
En effet, les transferts de souveraineté envisagés, quant à la supervision bancaire et budgétaire, ne sont pas des transferts d’une instance politique nationale vers une instance politique supranationale, mais vers une bureaucratie sans légitimité électorale : le principe du cri de ralliement des Insurgents des années 1770, « pas d’impôt sans représentativité », est ici violé. Une instance européenne à définir, non étatique, contrôlerait les dépenses des États ? Le principe en paraît inouï, mais quid de la faisabilité ? On a déjà vu comment, en 2003-2004, rien n’a pu s’opposer à ce que la France et l’Allemagne « oublient » les critères de Maastricht. Quelle pourrait être la force de loi d’une telle instance ? Un traité ? Dans combien d’années sera-t-il ratifié ? Et qui fera la police (la guerre) au(x) récalcitrant(s) ?
Un vrai fédéralisme suppose un Trésor public européen, une fiscalité européenne, un État-nation européen. Tandis que la Troïka aux commandes, ou la BCE seule, ce serait le gouvernement des peuples par les techno-bureaucraties financières : après les « gnomes de Zurich », voici ceux de Bruxelles. Historiquement, la bureaucratie a émergé pour gérer l’État pour le compte de la classe dominante, puisque, si l’État est toujours celui de la classe dominante, celle-ci peut déléguer son pouvoir quand son exercice devient technique. Mais ici, dans le cas de figure que nous préparent les élites européistes, le pouvoir irait à une bureaucratie sans État, c’est-à-dire une bureaucratie gouvernant une société sans classes. Encore une monstruosité.
À supposer que cela tienne, le résultat est inéluctable, une dépression générale, car casser les salaires ne restaure pas la compétitivité, mais déprime l’activité. La leçon de l’histoire de l’entre-deux-guerres est là : après 1929, il y a eu chômage et déflation jusqu’à ce qu’après 1939-1945 l’économie mondiale ne redémarre. Cependant, aujourd’hui le maintien des normes sociales de consommation et la résistance du modèle social font tampon, alors que la logique capitaliste est de les détruire ! Là est tout le dilemme du capitalisme : soutenir la consommation pour avoir des débouchés, mais tenir les salaires pour faire du profit. Avec l’approfondissement de la récession, les troubles politiques et sociaux seront à craindre, et les peuples dépouillés de leur représentativité politique, se retourneront alors contre ceux qui les en auront privés, ouvrant un boulevard au populisme, c’est-à-dire l’extrême droite.
Au total, les dirigeants européens nous vendent la « solidarité » et le « fédéralisme », mais ce n’est qu’un masque : en réalité il s’agit d’assister les États faibles pour éviter l’implosion immédiate du système, tout en leur imposant d’organiser la casse sociale pour tenter de le stabiliser dans la durée. Ils ne peuvent que chercher à gagner du temps pour accompagner la marche vers LA solution capitaliste : casser les salaires (d’abord la sécu, puis les fonctionnaires, etc). Et l’histoire nous a appris que cela résout rien : l’austérité crée l’austérité et le crash est inéluctable. Dès lors, le problème n’est pas, ou plus, de savoir s’il faut sortir la Grèce de l’UEM, ou si les nordistes vont la quitter (ils peuvent y avoir intérêt), mais comprendre que l’UEM est dans une impasse. Quand la crise sera trop aigüe, le repli nationaliste, déjà engagé, risque fort d’être le recours « naturel » des peuples. Avec tous ses dangers. L’autre branche de l’alternative sera la République sociale. Aux peuples de choisir.

Ce qu'il ne faut surtout pas boire ou manger dans les fast-foods

Nuggets, poulet grillé, boissons fraîches… D'anciens employés de fast-foods ont partagé leurs (mauvaises) expériences sur le site Reddit.
"Employés de fast-food, quel menu déconseilleriez-vous vivement de manger dans le restaurant où vous travaillez ?" La question, postée sur le site communautaire de partage de liens Reddit (article en anglais) jeudi 5 juillet, a déjà suscité plus de 6 000 commentaires et fait le tour des médias internationaux. Il faut dire que les confessions d'anciens employés font froid dans le dos. Voici ce qu'il ne faut surtout pas, d'après eux, consommer dans les fast-foods. 
• Les nuggets au poulet
Ils vous font peut-être de l'œil avec leur panure dorée, mais sachez que ces restes de poulet haché et comprimé, arrosés d'huile, devraient vous faire fuir. Un internaute surnommé Dfunkatron note : "Quand je travaillais dans [une chaîne de fast-food américaine], j'ai oublié un paquet de 100 nuggets sur un comptoir pendant très longtemps. Ils ont complètement fondu. Je n'ai jamais compris pourquoi mais ils étaient devenus méconnaissables." Pour nous rassurer, L'Express Saveurs rappelle que les nuggets vendus aux Etats-Unis sont fabriqués à base de carcasses de poulets… ce qui est interdit en France. On pousserait presque un "ouf" de soulagement. 
• Des escalopes de dinde
Evitez de commander du poulet grillé, de toute manière. La viande, déjà cuite , est ensuite congelée. Un ancien employé raconte ainsi comment il enduisait le poulet de margarine pour "donner un aspect juteux" à l'escalope et "l'empêcher de coller à la grille".
Un autre décrit le processus original de décongélation : "On les laisse dans l'eau chaude TOUTE LA JOURNEE. Après, tu dois les sortir et presser la viande pour que l'eau en sorte". Et ça recommence le lendemain…
•  N'importe quelle boisson avec des glaçons
Vous pensiez pouvoir vous désaltérer tranquillement après avoir avalé un énorme hamburger ? Et bien, oubliez ! L'internaute LordKira raconte avoir travaillé pendant quatre ans dans une chaîne de fast-foods. "J'ai complètement arrêté de prendre des glaçons dans mes boissons le jour où j'ai trouvé un énorme morceau de moisi une semaine après avoir nettoyé la machine", écrit-il dans son commentaire, repris par le Huffington Post français.
• Si tu es végétarien, passe aussi ton chemin
Si vous y croyiez vraiment, sachez que les salades estampillées "végétariennes" sont également à éviter. Comme l'explique un ancien employé, cité par le blog santé américain Fit Perez.com"on faisait cuire les steaks des Gardenburgers [un burger végétarien] dans la même huile que celle qui avait été utilisée pour faire frire le bacon".
• Une hygiène limite en général
Les aliments sont également manipulés sans aucune précaution, raconte Cherrysodasummer, qui faisait la plonge dans un restaurant : "Une fois, une serveuse est venue prendre une assiette où était posé un steak. Elle s'en est saisie trop rapidement et le steak a glissé, tombant tout près de mon pied. Elle l'a ramassé, l'a retourné dans l'assiette pour le rendre plus attrayant et est partie le servir."
Bon appétit !

samedi 7 juillet 2012

LE SCANDALE DES AUTOROUTES : COMMENT ILS VOLENT DES MILLIARDS À LA FRANCE

Depuis la privatisation du réseau en 2005, des milliards filent dans les poches de concessionnaires privés. Une manne qui enfle à rythme constant, mais dont ni l'Etat, qui en aurait bien besoin, ni les usagers ne profitent.

C'est une exception française. L'une de ces exceptions dont on n'a malheureusement pas envie de se vanter .
Notre réseau autoroutier, le deuxième en Europe avec ses 9 000 km – derrière l'Allemagne qui en possède près de 13 000 –, rapporte des fortunes. Mais, alors que l'Allemagne n'en retire que 4,5 milliards d'euros hors taxes (chiffres 2010), les autoroutes françaises génèrent 8,11 milliards d'euros par an. Le hic ? Depuis la privatisation du réseau en 2005, ce grassouillet pactole financé en partie par les impôts des citoyens, cette cagnotte qui enfle au rythme de 3 % chaque année, file dans la poche des concessionnaires.

« Vous allez encore nous accuser de faire trop de bénéfices. Ce n'est pas nous qui avons décidé de la privatisation des autoroutes. Des enchères ont eu lieu. Et un prix a émergé ! » A l'Association des sociétés françaises d'autoroutes et d'ouvrages à péage (Asfa), le discours est rodé. Dans cet antre du lobby des sociétés d'autoroutes concédées aux géants du BTP, Vinci (ASF, Cofiroute, Escota, Vinci), Eiffage (APRR) et l'espagnol Albertis (Sanef), on se sait mal-aimé. Et l'on voudrait bien pouvoir se défausser sur les politiques qui ont pris la décision de vendre les bijoux de famille. Sur Dominique de Villepin en particulier qui, en 2005, parachevait la privatisation timidement engagée par la gauche sous Lionel Jospin en 2002. Marianne, à l'époque, avait dénoncé la double erreur de l'opération qui consistait à céder pour vingt-sept ans ces machines à cash pour un prix ridicule de 14,8 milliards d'euros.

Il n'aura pas fallu longtemps aux citoyens automobilistes pour prendre la mesure de l'arnaque. Passées au privé, les autoroutes se sont en effet révélées des poules aux œufs d'or. Et la crise n'y change rien, l'or gris du bitume continue de couler à flots. Même quand le trafic baisse de 0,9 %, comme ce fut le cas au deuxième trimestre 2011 sur les routes de Vinci, le chiffre d'affaires progresse imperturbablement : + 2,7 %, alors même que le gouvernement avait accordé des augmentations de tarifs moyennes de 0,5 %.

De 2005 (dernière année avant la privatisation) à 2010, le prix moyen du kilomètre s'est envolé de 16,4 %, soit deux fois plus vite que l'inflation ! (voir schéma à la fin de l'article). Ce chiffre stupéfiant, que l'Asfa se garde bien de calculer, Marianne l'a reconstitué à partir de données pourtant fournies par l'association.

L'opération est simple : elle consiste à diviser le chiffre d'affaires issu de la perception de l'ensemble des péages de tous les réseaux par le nombre total de kilomètres parcourus par les usagers. On découvre ainsi qu'en 2005, les autoroutes rapportent 8,28 centimes par kilomètre parcouru… et 9,64 centimes du kilomètre hors taxe cinq ans plus tard .

Multipliez par des dizaines de millions d'usagers chaque année, qui sillonnent des centaines de kilomètres : entendez-vous le joli bruit du tiroir-caisse ? Comment les concessionnaires ont-ils pu faire ainsi tourner la roue de la fortune ? Comment ont-ils pu s'affranchir du contrat de plan signé avec le gouvernement au lendemain de la privatisation qui leur accordait des augmentations de tarifs dans des proportions « très légèrement supérieures à l'inflation », de manière à couvrir leurs investissements ?
En aucun cas ce « légèrement » ne signifiait « doubler » le taux d'inflation ! En réalité, les sociétés d'autoroutes trichent depuis de nombreuses années, depuis bien avant la privatisation, et le plus légalement du monde, puisque l'Etat propriétaire siégeait à leurs conseils d'administration et qu'il n'a pas pipé mot. Comment ? En pratiquant le « foisonnement ».

La manip est élémentaire : elle consiste à négocier avec le gouvernement une augmentation globale moyenne valable sur l'ensemble d'un réseau, puis à ajuster les variations de tarifs en fonction de la fréquentation des tronçons. Les plus fréquentés (donc potentiellement les plus juteux) voyant leurs péages grimper plus vite que les moins fréquentés. Les concessionnaires ont profité d'une faille, ouverte par l'impossibilité de discuter les hausses de prix kilomètre par kilomètre avec les services de l'Etat. Dénoncée quelques mois avant la privatisation parMarianne, qui avait découvert la supercherie en effectuant des relevés de tarifs précis et condamnée par la Cour des comptes l'année suivante, la pratique a été progressivement abandonnée. Mais on n'est pas revenu sur les acquis et les tronçons les plus chers sont restés hors de prix, offrant un formidable effet de levier pour les recettes des années suivantes .

DES PROFITS À FOND LA CAISSE

Tandis que les tickets de péages grossissaient, les effectifs fondaient. Depuis la privatisation, les sociétés d'autoroutes ont massivement dégraissé leur personnel, de – 14 %, pour se situer en deçà des 15 000 salariés. Diminution du nombre de salariés, donc diminution des coûts, pour des investissements qui stagnent à 2 milliards d'euros annuels : les bénéfices ont explosé. Depuis leur privatisation, les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) ont versé plus de 1,5 milliard d'euros à leur nouveau propriétaire, le consortium associant le français Eiffage et Macquarie, un fonds d'investissement australien. En moins de cinq ans, les deux compères ont déjà récupéré un tiers de la somme payée à l'Etat pour leur acquisition, 4,84 milliards d'euros .
Et la concession de ses 2 240 km court encore pour vingt et un ans… Même topo dans la crémerie d'en face, Vinci, qui règne en seigneur sur 3 350 km de bitume .

Les Etats manquent d'argent ? Les entreprises autoroutières, elles, en regorgent ! Cinq milliards de cash dormaient dans les caisses de Vinci à la fin 2010. De quoi lui donner envie de lorgner vers la Grèce qui, exsangue, poussée à toujours plus de sacrifices, songe à son tour à solder ses autoroutes pour une poignée d'euros. Les géants du BTP seraient également disposés à prendre en charge les autoroutes urbaines hexagonales gratuites dont l'état de délabrement traduit la disette budgétaire qui s'est abattue sur les services publics. A preuve ce tronçon de l'A6 dont le revêtement est en mauvais état sur les quelques dizaines de kilomètres qui le séparent de la partie payante. Idem en région, où les collectivités peinent à assumer la charge du transfert des routes nationales…

Entre 2005 et 2010, le bénéfice réalisé sur chaque kilomètre facturé à un automobiliste s'est amélioré de 30 %, pour atteindre 1,8 centime, ainsi que nous avons pu le calculer. Et, comme le trafic a continué d'augmenter durant cette période, le bénéfice total des sociétés d'autoroutes a fait un bond de… 65 % ! Prolixes sur ce type d'informations lors leur road showpour séduire les investisseurs, les géants du bitume les taisent au grand public. Depuis trois ans, l'Asfa ne publie plus qu'un seul tableau permettant de comprendre la façon dont un ticket de péage est constitué .

Et pour cause. Comme le montrent les calculs de Marianne, qui a reconstitué ce ticket type(voir schéma à la fin de l'article), les profits se sont envolés. Sur 100 €, 12 € net allaient dans les poches des actionnaires en 2005. Cinq ans plus tard, ce sont 16,30 € qui filent directement dans leur escarcelle .
Des chiffres qui risquent de faire crisser les pneus des automobilistes.

L'ARNAQUE DE LA CESSION

Ils sont déjà nombreux à ne plus accepter de faire patiemment la queue aux péages. Selon l'étude d'impact du projet de loi Grenelle 2, « la fraude est estimée aujourd'hui à 0,5 % du chiffre d'affaires. Ce taux de fraude est susceptible de représenter, d'après les estimations des concessionnaires, 5 % du chiffre d'affaires en cas de généralisation du péage sans arrêt. »L'Asfa le confirme en d'autres mots : « Il existe un risque de rejet social. » Quand l'aigreur du consommateur s'ajoute à celle du contribuable… Aigri, on le serait à moins, au vu du scandale.
Revenons à l'origine de l'affaire : le prix de cession du réseau autoroutier .

Convaincu à l'époque par les crânes d'oeuf de Bercy qui essaient depuis des années de vendre le projet, Dominique de Villepin envisage la privatisation dès son discours de politique générale. Alors que Marianne fait plusieurs fois la une sur ce scandale en devenir, les socialistes, qui les premiers ont initié le processus en 2002, restent muets .

Seul François Bayrou, en embuscade pour la présidentielle, se saisit du sujet et affiche clairement son opposition à la tribune de l'Assemblée. En vain. Dans la majorité, Gilles Carrez, le député-maire UMP du Perreux (94), s'agite avec retard. Le rapporteur général du budget voit d'un mauvais oeil cette braderie pour 11 milliards d'euros .
La somme est pourtant confirmée dès 2005 par un rapport parlementaire signé du député UMP Hervé Mariton. L'intitulé choisi, « Les autoroutes pour l'emploi », sonne étrangement au regard de la fonte des effectifs, mais l'estimation qu'il fournit se fonde sur une étude très sérieuse de la banque Ixis. Deuxième scandale ! Que diriez-vous, en effet, si l'agence immobilière à qui vous demandez une estimation de votre bien était de mèche avec votre futur acheteur ? Eh bien, c'était le cas d'Ixis ! Cette ancienne filiale de la Caisse des dépôts, associée à Lazard, était en effet le conseil d'un des acquéreurs, en l'occurrence Eiffage, le groupe de BTP qui, avec son partenaire australien Macquarie, s'est offert les 2 240 km de la société APRR. Vous avez dit conflit d'intérêts ? Résultat des maigres oppositions, à quelques jours de la fin des enchères, la somme fait un minibond à 14,8 milliards d'euros .

Une paille, comme nous le confiait cyniquement à l'époque un des patrons d'Ixis : « Mon client était alors prêt à payer 40 % de plus. » Soit 22 milliards d'euros au moins pour la totalité des lots. Autre signe de l'incroyable braderie à l'oeuvre : l'énorme bonus de 8 millions d'euros demandé à ses actionnaires par Antoine Zacharias, le patron de Vinci à l'époque, pour avoir permis à son groupe de mettre la main sur ASF et ses fabuleux bénéfices .

LA TRUANDERIE ÉCOLO

La République abusée continue pourtant d'être bonne mère avec les concessionnaires.
Fin 2009, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Ecologie et des Transports, fait discrètement un joli cadeau aux sociétés d'autoroutes : la prolongation d'un an de leur concession. Sous le double parrainage de l'écologie et de la lutte contre la crise, le programme « verdissement des autoroutes » engage en contrepartie les sociétés à investir 1 milliard d'euros dans des opérations et travaux à caractère écologique.

Un an de plus, c'est la garantie d'encaisser 2 milliards d'euros supplémentaires. Emballé, c'est pesé, le deal léonin passe comme une lettre à la poste devant les parlementaires.
« On n'a rien vu », explique un député socialiste de la commission des Finances.
Pourtant l'examen des dépenses de ce « paquet vert » a de quoi faire pâlir les moins extrémistes des écolos. Moins de 3 % des sommes engagées sont en réalité destinées à la biodiversité.

Exemple de la supercherie ? Au prétexte de la réduction des bouchons aux péages, désignés comme source d'émission de gaz à effet de serre, 800 millions sont investis dans… des portiques automatiques ! De qui se moque-t-on ? L'effet d'aubaine joue à plein, comme le confirma à demi-mot un autoroutier : « Il est vrai que le paquet vert a accéléré un déploiement qui était déjà programmé. » Vinci Autoroutes prévoit de créer 172 caisses de péage automatiques.

Cette automatisation, rendue possible grâce au télépéage, permet surtout de réduire les emplois et d'augmenter le rendement des autoroutes. « On a demandé à l'Etat de subventionner des pertes d'emplois. Pis, le personnel remplacé par les portiques est parti en préretraite, à moitié pris en charge par l'Etat ! » s'emporte Bernard Jean, coordinateur CGT de la branche. Essayons à présent de « positiver » la situation : après tout, à l'instar du fumeur, les malheurs de l'automobiliste pourraient faire le bonheur du contribuable. Et une partie de la manne pourrait retourner dans les caisses de l'Etat. Ces formidables bénéfices produisent en effet 34,3 % d'impôt sur les sociétés, soit un impôt théorique de 800 millions d'euros auquel il faut ajouter un gros paquet de TVA, 1,6 milliard, mais aussi différentes taxes, dont la fameuse redevance domaniale qui est prélevée pour l'occupation du domaine public.
Or, là aussi, il convient de s'interroger, car les rentrées fiscales sont loin d'être au rendez-vous.

Pour se refaire, l'Etat a un temps envisagé de tripler la redevance domaniale, pour la porter de 125 millions d'euros annuels à 250 millions puis à 375 millions. Peine perdue. Inscrite dans le budget 2009, elle a disparu des documents budgétaires : « Vous n'avez pas idée du lobbying qu'ont fait les concessionnaires », explique Hervé Mariton, qui comptait sur cette taxe pour « corriger » les effets de la vente à vil prix des autoroutes.

Réponse approximative de Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat chargé des Transports, à une question de ce député : « S'agissant de la redevance domaniale, monsieur Mariton, l'augmentation prévue en 2009 n'a pas été appliquée en raison de la crise, mais également de la baisse du trafic sur les autoroutes. 
Néanmoins, elle demeure d'actualité et nous envisageons son éventuelle application en 2010. » Même topo pour le projet de loi de 2011.

La hausse de 100 millions par an pour les deux ans à venir est bien présente… puis disparaît au milieu du gué. Côté impôt sur les sociétés, ce n'est pas non plus le Pérou.

CERISE FISCALE

Le rachat des concessions par les entreprises du BTP a généré un immense manque à gagner fiscal.
L'ensemble de ces emplettes s'étant fait par endettement, les acquéreurs ont eu le droit de déduire de leurs bénéfices le coût de leur emprunt… à condition de disposer de plus de 95 % de la société. Suivant l'exemple de Vinci qui s'est empressé de retirer ASF de la Bourse pour profiter de cette superniche fiscale (une économie de 150 millions d'impôt en 2009), Eiffage tente depuis de faire de même avec APRR .

S'il réussit, les intérêts payés sur la dette d'acquisition – 3,8 milliards d'euros – pourront être déduits de l'assiette fiscale d'APRR. Mieux, les intérêts payés sur cette dette entre 2006 et 2010 grèveront les impôts d'APRR. Jean-François Roverato, le patron d'Eiffage, estime ainsi l'économie à plus de 300 millions d'euros. Dans ces conditions, il est fort probable qu'APRR ne paierait pas un fifrelin d'impôt ! Reste un petit caillou dans le pied du BTpiste : Arnaud Montebourg. Comme président du conseil général de Saône-et- Loire, le député PS est un mini-actionnaire d'APPR et s'oppose ainsi au retrait d'APRR de la Bourse. En réalité, l'ex-candidat à la primaire socialiste profite de cette position pour lutter contre un projet de grande envergure dans son département : la transformation de 160 km de route nationale en concession autoroutière à APRR .

Multiplication des tronçons, prolongation des durées de concession, optimisation fiscale, réduction du personnel… les émirs du bitume ont joué sur tous les tableaux pour rentabiliser leurs achats. Et l'Etat leur a fait un dernier cadeau. A partir de 2013, la taxe sur les poids lourds utilisant les routes nationales va transférer une partie importante de ce trafic vers les autoroutes .

Confort, vitesse et péage d'un côté, inconfort, lenteur et taxe poids lourds de l'autre : le choix est vite fait pour les patrons routiers. Selon leur syndicat, 10 % du trafic se reportera à terme des routes nationales vers les autoroutes. L'avenir s'annonce sans bouchons pour les gagnants des privatisations.

Autoroutes : la rente de Vinci sera-t-elle prolongée ?

Et si on renationalisait le réseau ?


«Il est des décisions irréversibles », constate, amer, François Bayrou, président du MoDem. A l'été 2005, il s'est trouvé bien seul parmi les responsables politiques à se battre contre la privatisation. « Je ne m'explique toujours pas le silence des socialistes à l'époque », souligne-t-il, un brin perfide. Il se souvient être allé plaider sa cause devant le Conseil d'Etat auprès duquel il avait déposé un recours, expliquant en quoi cette mesure était « juridiquement illégale, financièrement ruineuse et socialement irresponsable ». Peine perdue.

Aujourd'hui encore, au vu de l'exploit financier réalisé par les concessionnaires – qui ont récupéré en cinq ans près du tiers de leur investissement de départ, tant la machine autoroutière crache du cash –, le leader centriste persiste et signe : « Nous sommes en face d'un cas typique de spoliation du bien public suivi de bénéfices sans cause. » Porteur d'une telle analyse, on pourrait imaginer que François Bayrou inscrive à son programme le retour à la situation antérieure, une renationalisation des autoroutes concédées en 2005, en quelque sorte.
« Malheureusement, on ne peut pas revenir en arrière », estime-t-il.
Principalement parce que cela impliquerait une indemnisation dont l'Etat aujourd'hui n'a plus les moyens, compte tenu de la valeur désormais acquise par ces sociétés.

Arnaud Montebourg, député de Saône-et- Loire, pense au contraire que la renationalisation est possible.
« Mais pas à n'importe quel prix ! » s'empresse-t-il d'ajouter, conscient de la charge de l'indemnisation. Le « Monsieur 17 % » de la primaire socialiste a une idée, juridiquement délicate à manier, mais politiquement efficace : mettre tout en oeuvre pour réduire la valeur des concessions.
« Il faut utiliser la voie réglementaire pour contraindre à des embauches importantes, imposer une taxe spécifique sur les profits au titre du financement des routes, et augmenter la redevance que les concessionnaires paient à l'Etat propriétaire des terrains, la taxe domaniale. » Reste une troisième voie, que ni le leader centriste ni le socialiste n'envisagent : organiser une redistribution équitable des profits des sociétés d'autoroutes, non seulement entre l'Etat et les salariés, mais aussi vers les usagers.

Car ces derniers – surtout chez les usagers quotidiens – sont de plus en plus nombreux à se détourner de ces voies rapides, pourtant sept fois plus sûres que les routes traditionnelles, en raison de leur prix. Que devient alors la mission d'intérêt général des concessionnaires ? A l'Etat, garant des tarifs, de jouer son rôle. Arnaud Montebourg, qui dispose d'un siège au conseil d'administration d'APRR en tant que président du conseil général de son département, n'est guère optimiste sur la volonté publique : « Dans les réunions, je n'ai jamais vu le commissaire du gouvernement s'opposer à une hausse des tarifs. C'est le muet du sérail. » Il le restera, sauf s'il devient porteur de consignes strictes, que, jusqu'à présent, le gouvernement ne lui a pas données.

mercredi 4 juillet 2012

Plus d'un quart de la population a connu un épisode de pauvreté entre 2004 et 2008



Plus d'un quart de la population a connu un épisode de pauvreté entre 2004 et 2008
(Boursier.com) -- La pauvreté n'est pas toujours visible... Pour preuve, entre 2004 et 2008, 36% de la population française, soit 16 millions de personnes, y a été confrontée à un moment donné, montre une enquête publiée ce mercredi par l'INSEE. "Cette pauvreté peut être monétaire (faible niveau de vie) ou s'exprimer par des privations matérielles (cumul d'au moins 8 difficultés). Même si ces deux formes de pauvreté ne se recouvrent que partiellement, plus d'une personne sur dix a été confrontée aux deux pendant au moins un an", précise l'institut.
Parmi ces "pauvres", l'INSEE a observé qu'un quart d'entre eux le sont durablement, c'est à dire pendant quatre ou cinq ans. A mesure que la pauvreté dure, le risque de cumuler pauvreté monétaire et matérielle s'accroît, souligne l'enquête. Ils sont en effet confrontés à plus de difficultés matérielles avec 10,7 privations en moyenne durant la période. De même l'intensité de la pauvreté monétaire - l'écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté monétaire - est de 20,4% contre 11,1% pour la pauvreté dite "transitoire".
Quels sont alors les éléments pouvant faire basculer un individu dans la pauvreté ? L'INSEE en recense principalement trois : La sortie précoce du système scolaire d'abord. L'étude montre que "terminer ses études après 21 ans plutôt qu'avant 16 ans réduit de 6 à 8 points le risque de connaître un épisode de pauvreté persistante". Etre à la tête d'une famille monoparentale et vivre une séparation, ensuite. "La vie en commun génère des économies d'échelle, notamment en matière de dépenses de logement", rappelle l'Insee. "Quant aux séparations, elles augmentent le risque de tomber durablement dans la pauvreté", ajoute l'institut...

Comme quoi, on nous prend vraiment pour des Cons.



Pas surprenant, n'importe quel "con" sait que la température d'un véhicule fermé au soleil est à 50°c !... Bravo la fiabilité ! Complément sur les éthylotests...
Pour info : Savoir que les éthylotests restent « consommables » très peu de temps dans la chaleur d’une voiture. Ainsi, même si vous n’avez pas bu une goutte d’alcool, il risque d’indiquer un taux d’alcool irréel et vous ne pourrez pas vous fier à cet instrument.
Voilà un scandale qui, s'il était connu d'un grand nombre de Français, ferait sans doute une onde de choc à travers tout le pays...
Vous savez sans doute que l'ancien gouvernement a publié un décret qui oblige chaque automobiliste à détenir dans sa voiture un éthylotest – enfin deux, l'un pour se tester en cas de doute, et l'autre à présenter aux gendarmes en cas de contrôle. Officiellement, le but est de lutter contre l'alcoolisme au volant. Tout le monde aimerait voir moins de drames sur la route liés à l'alcool, c'est incontestable. Mais je vais vous montrer qu'il s'agit de bien autre chose ici...
L'affaire est tellement scandaleuse qu'il fallait absolument que je vous envoie un mail pour vous informer ! Alors, voilà ce qui se passe :
En juillet, une association, "I-Test" se crée pour militer en faveur d'éthylotests obligatoires dans toutes les voitures.
 Ils interpellent le Ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et hop quelques mois plus tard le décret sort. La nouvelle infraction est créée, avec une amende de 17 euros à la clef.Quand on sait qu'il faut des années d'habitude pour obtenir quoi que ce soit quand on est une association, nous avons été saisis par cette rapidité ! Vous le savez, ici à la Ligue de Défense des Conducteurs, nous enquêtons depuis plus de trois ans sur la répression routière il ne nous a pas fallu longtemps pour découvrir le pot aux roses !
Qui sont les membres de cette "association I-Test" ? S'agit-il, comme on aurait pu le croire, d'un collectif de familles qui ont perdu un proche sur la route à cause d'un chauffard qui avait trop bu ? Pas du tout :
ce sont tout simplement... des fabricants d'éthylotests ! Le Président de "l'association" est chargé de mission chez Contralco, le plus grand fabricant d'éthylotests chimiques (les fameux "ballons"). Et là, il vient de réussir un coup de maître : assurer à sa boîte un marché 100 % garanti sur 38 millions de voitures ! Le calcul est vite fait : 38 millions de voitures x 2 éthylotests à 1€ pièce = 76 millions d'euros garantis dès l'application du décret en juillet prochain.
Mieux : le décret comporte une obligation de norme NF pour les éthylotests... norme que cette entreprise est la seule à avoir !
Voilà : un marché juteux, 100 % garanti, qui va rapporter des millions à une grosse entreprise...
... Et nous, on vient nous dire que c'est pour notre sécurité ? Et que si l'éthylotest venait à manquer dans notre boîte à gants, ce serait tellement grave qu'on devrait payer une amende ? Franchement, de qui se moque-t-on ? M'aider à faire connaître ce scandale au plus grand nombre de Français possible, en transférant ce message à tous vos amis, vos proches, ou vos collègues. Ne les laissez pas tomber dans le piège de la propagande des pouvoirs publics qui utilisent la sécurité routière comme un alibi pour engraisser un business juteux.

Christiane Bayard
Secrétaire Générale

LIGUE DE DÉFENSE DES CONDUCTEURS
116, rue de Charenton 75012 PARIS

Des perquisitions chez Sarkozy, dernier coup d'éclat de l'affaire Bettencourt


Photo AFPPhoto AFP

Des perquisitions ont été menées mardi au domicile, au bureau et à l'ancien cabinet d'avocat de Nicolas Sarkozy par le juge Jean-Michel Gentil, qui montre ainsi sa détermination à faire toute la lumière sur les dossiers Bettencourt.
Ces perquisitions chez l'ancien Président de la République ont relégué au second plan un autre coup d'éclat dans cette affaire, la mise en examen de la juge Isabelle Prévost-Desprez.
Accompagné d'une dizaine de policiers de la brigade financière, le juge bordelais a perquisitionné à toutes ces adresses, notamment l'appartement familial appartenant à Carla Bruni dans le XVIème arrondissement. Le bâtonnier de Paris Christiane Féral-Schuhl a assisté à une perquisition et a été représentée aux deux autres. Le juge n'aurait rien saisi, mais, selon Europe 1, l'agenda de M. Sarkozy a été récupéré chez l'huissier où il avait été récemment déposé.
M. Sarkozy n'était pas là, étant parti la veille "en famille au Canada", selon un communiqué de son avocat, Me Thierry Herzog.
Le juge, qui instruit avec deux collègues à Bordeaux la nébuleuse des dossiers Bettencourt depuis décembre 2010, n'a donc guère tardé après la fin de l'immunité de président de M. Sarkozy, à la mi-juin, pour essayer de tirer directement au clair un éventuel financement politique illicite, par l'argent des Bettencourt, de la campagne présidentielle de l'ancien président en 2007.
Le juge a déjà fait saisir les comptes de campagne de M. Sarkozy, il a entendu des fournisseurs, et il a dans le dossier les déclarations troublantes de différents employés de maison des Bettencourt évoquant un ballet d'hommes politiques au domicile des milliardaires, à Neuilly (Hauts-de-Seine), venus, selon les rumeurs qui circulaient dans la maison, pour y recevoir de l'argent liquide.
M. Sarkozy aurait fait partie des visiteurs de Neuilly, selon plusieurs témoignages.
Il n'y a toutefois aucun témoin direct de telles remises. L'ex-comptable des Bettencourt Claire Thibout a cependant décrit comment l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, mis en examen à de multiples reprises dans ces dossiers, lui aurait demandé en janvier 2007 de se procurer 150.000 euros en liquide sur les comptes des Bettencourt, en disant vouloir les donner à Eric Woerth, ancien ministre et ancien trésorier de campagne de M. Sarkozy.
Il y a aussi l'annotation du 26 avril 2007 dans le carnet du photographe François-Marie Banier, ami de Mme Bettencourt. Ce jour-là, elle aurait déclaré : "De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent, j'ai dit oui".
L'ancien président avait vivement démenti le 3 avril sur Canal+ tout comportement délictueux, tout en admettant avoir pu se rendre chez les Bettencourt, puisqu'il avait été maire de Neuilly, et qu'il partageait les idées politiques d'André Bettencourt, l'ancien ministre encore vivant début 2007.
"La question c'est +est-ce que vous auriez pu rencontrer André Bettencourt+ ? Bien sûr. Quel est le problème, quelle est l'histoire, quelle est l'information ?", avait-il lancé.
M. Sarkozy avait pris les devants mi-juin en faisant communiquer au juge une copie certifiée conforme de son agenda 2007 et sept pages d'observations.
Me Herzog, se fondant sur les témoignages publiés dans la presse, les avait réfutés en se basant notamment sur l'agenda très chargé de M. Sarkozy à cette époque. Il avait reconnu néanmoins "une unique visite" de celui-ci chez les Bettencourt le 24 février à 12h00, "pendant environ 20 à 25 minutes".
Me Herzog, dans un communiqué mardi, a considéré que les perquisitions "se révèleront être ce qu'on peut en attendre, des actes inutiles".
Il a expliqué avoir de nouveau écrit à M. Gentil mardi pour lui donner l'identité des policiers qui accompagnaient nuit et jour M. Sarkozy, ministre de l'Intérieur début 2007, "afin qu'ils puissent certifier qu'il n'y a eu qu'un seul rendez-vous le 24 février 2007, à son domicile, avec M. André Bettencourt".
L'affaire n'a provoqué que peu de réactions, le député UMP Eric Ciotti estimant que l'ancien président n'avait "rien à craindre" dans cette affaire, tandis que le député du Front national et avocat Gilbert Collard a qualifié de "médiatiques" les perquisitions.
Le raid de l'intrépide juge bordelais aura eu pour conséquence d'occulter un autre évènement dans cette affaire : l'annonce d'une nouvelle mise en examen, celle de la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez pour "violation du secret de l'instruction" par un autre juge bordelais, Philippe Darphin, lundi soir.
Cette décision fait suite à une plainte de Mme Bettencourt, irritée qu'une perquisition menée le 1er septembre 2010 à son domicile à la demande de Mme Prévost-Desprez ait été relatée en détail dans le numéro du Monde publié en début d'après-midi le même jour.
Le parquet de Nanterre, initialement chargé de l'enquête, avait d'abord fait rechercher la source des journalistes à l'aide de leurs factures de téléphone portable, une infraction au secret des sources qui a valu au procureur de Nanterre Philippe Courroye et à son adjointe d'être mis en examen, avant une annulation de cette mesure pour vice de forme.
On a appris aussi que M. Courroye était convoqué mardi par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dans le cadre de la plainte du Monde dans cette affaire.